« Les dames dans le folklore fossois » : quelle place pour les femmes dans nos folklores ?
L’année dernière, à travers une exposition documentée, ReGare metait à l’honneur celles qui, dans l’ombre ou en pleine lumière, font vivre le folklore fossois. Une plongée dans l’histoire, les combats et les passions des femmes qui incarnent l’âme de la ville. Une réflexion toujours d’actualité !
©ReGareÀ Fosses-la-Ville, le folklore n’est pas qu’une affaire d’hommes. Si les Marches folkloriques et le carnaval de la Laetare restent marqués par des traditions séculaires souvent masculines, une exposition organisée par l’équipe de ReGare venait rappeler que les femmes y jouent, depuis longtemps, un rôle central… quoique parfois invisible.
Loin des polémiques récentes, l’exposition proposait un voyage sensible à travers le temps et les contributions féminines au patrimoine vivant de Fosses. Dames Chinelles, cantinières, musiciennes, couturières, cavalières… toutes y trouvent leur place, racontées à travers des témoignages inédits, des photos, des objets et des costumes.
Deux événements déclencheurs
C’est à la suite de deux moments clés que cette initiative a vu le jour. En 2019, une femme endosse pour la première fois le rôle de tambour-major à la marche Saint-Feuillen : une première qui suscite débats et interrogations. En 2023, le retour remarqué des Dames Chinelles dans le cortège du Laetare relance la discussion sur la place des femmes dans ces rites collectifs.
Ces événements ont révélé des tensions, mais surtout une question essentielle : les femmes ont-elles leur place dans le folklore fossois ? La réponse, limpide pour les commissaires de l’exposition, est un grand oui.
Mais cette affirmation dépasse le cadre local. Car partout où le folklore vit, se perpétue et se transforme, la présence féminine interroge : est-elle tolérée, acceptée, intégrée… ou simplement oubliée ? Entre traditions figées et réalités d’aujourd’hui, la place des femmes dans le folklore met en lumière les tensions entre transmission et exclusion, entre traditions et évolutions sociales.
Ce que l’exposition rappelait avec justesse, c’est que les femmes n’attendent pas qu’on leur donne une place : elles l’occupent depuis très longtemps, parfois en silence, souvent sans reconnaissance. Le folklore n’est pas un musée : il est vivant. Et s’il veut continuer à vibrer, il doit pouvoir refléter toute la richesse de celles et ceux qui le font vivre.
Des rôles anciens, des présences essentielles
La participation féminine ne date pas d’hier. Depuis le siècle dernier, les cantinières et vivandières accompagnent les Marches, tout comme les femmes présentes dans le cortège carnavalesque du Laetare. Sans parler de toutes celles qui œuvrent « en coulisses » : les couturières qui confectionnent les costumes, les musiciennes qui rythment les défilés, les organisatrices de comités.
Sans ces femmes, il n’y aurait tout simplement pas de folklore à Fosses, affirment les organisateurs. Leur contribution est à la fois discrète et indispensable.
Ouvrir le débat, sans l’imposer
Loin d’un discours militant ou accusateur, l’exposition se voulait une invitation à la réflexion. Elle n’imposait pas de réponse mais ouvrait des pistes : pourquoi certaines figures féminines suscitent-elles encore la controverse ? Est-ce le port du costume masculin, l’intégration dans des pelotons traditionnellement masculins ? Où s’arrête la tradition, où commence l’évolution ?
En posant ces questions, ReGare rappelait que le folklore n’est pas figé. Il évolue avec son temps et avec celles et ceux qui le font vivre. Et à Fosses-la-Ville, les femmes en sont et en ont toujours été des piliers silencieux.


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