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"Les conditions en maison d'arrêt sont difficiles", déclare Valérie Mousseeff, directrice du centre pénitentiaire de Baie-Mahault

"Les conditions en maison d'arrêt sont difficiles", déclare Valérie Mousseeff, directrice du centre pénitentiaire de Baie-Mahault

Un article rédigé par Mélanie Niemiec - RCF, le 2 décembre 2025 - Modifié le 2 décembre 2025

"Quelle prison pour faire société ?" C'était le thème des Journées Nationales Prison qui ont eu lieu du 24 au 30 novembre partout en France. Valérie Mousseeff est directrice du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, la plus grande prison de Guadeloupe. Elle est l’auteure du livre La Prison comme Horizon. Elle évoque les conditions de vie des personnes qui y sont détenues.

Valérie Mousseeff © Mélanie NiemiecValérie Mousseeff © Mélanie Niemiec

Une semaine marquée par des évasions : celle d'un détenu en sortie au planétarium à Rennes ou celle encore de deux prisonniers qui ont scié les barreaux de leur cellule à Dijon. Deux événements qui mettent en lumière les problèmes structurels des prisons en France. La surpopulation carcérale comme les sous-effectifs du personnel pénitentiaire, les conditions de vie en détention sont régulièrement ciblées par la Cour européenne des droits de l'homme. Aujourd'hui, et c'est un record, 85 000 personnes sont détenues en France pour 60 000 places.

Des conditions d’incarcération difficiles

Le centre pénitentiaire de Baie-Mahault est occupé à 250%. Cette surpopulation extrême est une des plus sévères en France métropolitaine et outre-mer. En comparaison, la densité carcérale moyenne dans les prisons françaises est autour de 136%. "Quand on a 160 matelas au sol, il est difficile d’appliquer les textes sur la dignité des personnes", déplore Valérie Mousseeff. Dans les cellules de 9 m2, conçues initialement pour une seule personne, les détenus se trouvent souvent à trois, voire quatre. "Il y a deux lits par cellule et on ajoute des matelas au sol. Ce métrage comprend aussi les meubles", explique-t-elle. Cette promiscuité provoque "des échauffourées quotidiennes" même si ces violences sont "plus ou moins graves". Valérie Mousseeff ajoute que l’augmentation d’homicides qui sont perpétrés est "un phénomène inquiétant". "Auparavant, ces faits étaient très rares. On constate aujourd’hui qu’il y en a de plus en plus", précise-t-elle.

Ne pas oublier la dimension humaine

"Quelle place veut-on faire jouer à la prison aujourd'hui ?" C'est la question que pose Valérie Mousseeff, tout en affirmant qu’il n’est pas souhaitable "de faire de la prison une réponse à tous les délits". Selon la directrice de prison, lorsque "la problématique des violences intrafamiliales a été prise à bras-le-corps par la justice", cela a provoqué l’incarcération "de nombreuses personnes pour cette cause-là". De même pour les personnes qui commettent des délits routiers.

Nous voyons des vagues de nouveaux détenus liées aux politiques pénales qui sont mises en place dans la société. 

Elle insiste sur le fait que malgré "les faits graves et atroces qui ont été commis", les personnes incarcérées "restent des êtres humains". Dans son livre, elle sensibilise au fait que "la déshumanisation guette tous les huis clos, parce que l'enfermement est une décision extrêmement grave et compliquée à vivre". C'est pour cela que le rôle des aumôniers de prison est primordial. Toutes les religions sont représentées. "Leur présence permet aux détenus de continuer à vivre leur foi", déclare Valérie Mousseeff. Durand la période de Noël, des messes sont notamment célébrées. 
 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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