Les centres éducatifs fermés se réinventent
Le Ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce mercredi 26 novembre, la transformation des 19 centres éducatifs fermés (CEF) du secteur public en foyers « à priorité éducative ». Une décision justifiée par le gouvernement en raison d’un déficit d’efficacité.
© Wikimedia Commons / Edouard Hue
À leur création en 2002, les centres éducatifs fermés (CEF) étaient présentés comme la dernière alternative à l’incarcération pour les mineurs multirécidivistes. Ils avaient pour mission de prendre en charge des adolescents ayant généralement commis des actes graves, pour lesquels d’autres dispositifs éducatifs avaient échoué.
Chaque centre, conçu pour accueillir une douzaine de jeunes âgés de 13 à 18 ans, proposait un encadrement strict et permanent, assuré par seize éducateurs, et offrait peu ou pas de possibilités de sorties. L’objectif affiché était de créer un cadre sécurisant mais contraignant, favorisant la réinsertion par la discipline et le suivi individualisé.
Un modèle dépassé
Deux décennies plus tard, ce modèle fait l’objet de vives critiques. Gérald Darmanin a ainsi déclaré, lors des Rencontres de la justice des mineurs à Paris, que :
Le modèle des centres éducatifs fermés s’est épuisé et ne tient pas ses promesses
L’Inspection générale de la Justice avait elle-même souligné, dans un rapport publié en mars dernier, le faible nombre d’activités éducatives proposées dans ces structures. Elles étaient en effet limitées à une moyenne de huit heures de cours par semaine, révélant un décalage important entre les ambitions initiales et la réalité quotidienne des jeunes.
Entre manque d’encadrement et professionnels volontaires
À ces difficultés s’ajoutent des conditions professionnelles particulièrement exigeantes, marquées par une présence de la violence omniprésente au sein des centres. De nombreux éducateurs titulaires désertent ainsi leurs postes, remplacés par des contractuels souvent peu formés à l’encadrement de ces jeunes.
Une situation aux conséquences concrètes : le taux de fugue reste élevé, comparable à celui observé dans les foyers classiques, alors même que le coût de fonctionnement des CEF dépasse de 25 % celui des structures alternatives. Cette différence s’explique notamment par le fait que, dans les foyers, les jeunes peuvent quitter la structure durant la journée pour se rendre à l’école ou suivre une formation, ce qui permet de mieux réguler les besoins en personnel au sein de chaque établissement.
Une réforme en vigueur dès 2026
Face à cet échec, les CEF publics seront transformés, dès 2026, en unités judiciaires à priorité éducative (UJPE), offrant aux pensionnaires davantage de libertés. Le personnel sera réparti dans les différentes unités et renforcé d’une quarantaine de professionnels techniques.
Pour l’heure, la réforme épargne les 39 CEF associatifs, dont la gestion quotidienne reste autonome. Les deux centres alsaciens, situés à Saverne et Mulhouse, continueront ainsi de fonctionner selon les règles en vigueur.


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