42 % des catholiques ont voté à l'extrême droite lors des européennes

RCF, le 12 juin 2024 - Modifié le 24 juin 2024
L'Invité de la Matinale"C'est un phénomène relativement nouveau" Philippe Portier explique l'extrémisation du vote des catholiques

Le Rassemblement national a obtenu dimanche un score historique. Les résultats des Européennes montrent une percée inédite de l'extrême droite chez les catholiques pratiquants. Mais une part importante d’entre eux accordent leurs suffrages aussi à la gauche mélenchoniste.

Dimanche 9 juin dans un bureau de vote au Puy en Velay en Haute-Loire.Crédit photo : Marie Julliard/Hans Lucas.Dimanche 9 juin dans un bureau de vote au Puy en Velay en Haute-Loire.Crédit photo : Marie Julliard/Hans Lucas.

Le vote des catholiques, est-il en train d’évoluer ? Avant les élections législatives anticipées, un sondage Ifop/La Croix publié lundi analyse le vote des Européennes selon la pratique religieuse. Il en ressort que 42 % des catholiques ont voté à l'extrême droite lors des européennes, brisant un tabou électoral. "C'est un phénomène relativement nouveau dont on peut dater l'origine d'environ une dizaine d'années et qui n'a fait que s'accélérer au cours des derniers scrutins" explique Philippe Portier, sociologue, spécialiste des laïcités, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, invité de la matinale RCF.

C'est un phénomène relativement nouveau

Sécurité et identité

Cet électorat se fixe, après être passé du côté de la droite classique, vers l'extrême droite autour de deux types de préoccupations estime ce sociologue. "La première préoccupation, c'est la sécurité, cette idée précisément que notre société pose problème parce qu'elle connaîtrait une délinquance non contrôlée" souligne Philippe Portier. "Mais il y a aussi un autre facteur identitaire, l'idée que la France est en train de perdre son âme, qu'elle a besoin de retrouver des racines" souligne Philippe Portier.

Un quart de catholiques pratiquants très à gauche

Mais selon le même sondage de l’autre côté du spectre politique, plus les électeurs vont à la messe plus ils ont tendance à voter à gauche. "En gros, 25 % des catholiques pratiquants réguliers se situent du côté de la gauche mélenchoniste" indique Philippe Portier.
Pour l’universitaire : une part vient d’une génération marquée par l'Action catholique dans les années 1960-1970 et qui ont reconduit leurs adhésions. L’autre émerge du côté des mouvements écologistes et d'un certain nombre de mouvements de solidarité. "Toute une génération se retrouve dans les idéaux tout à la fois, différentialistes et solidaristes portés par le mouvement de de Jean-Luc Mélenchon. C'est un trait aussi de la culture chrétienne l'importance accordée à l'altérité" estime Phillipe Portier.

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