Cher
L'explosion des prix de l'énergie et des matières premières a déjà entraîné la fermeture de certaines enseignes dans le département, et d'autres pourraient suivre. Les professionnels s'inquiètent. Le Préfet du Cher était en visite dans une boulangerie de Savigny-en-Septaine, à côté de Bourges, pour rappeler les aides auxquelles ont droit les artisans.
Particuliers, collectivités, professionnels, tout le monde subit les conséquences de l'inflation. Mais s'il y a bien un secteur où l'augmentation des prix fait des dégâts, c'est bien dans l'artisanat, notamment chez les boulangers. Installée depuis 2013 à Savigny-en-Septaine, « Aux saveurs de Savigny » ne manque pas de clients avec ses produits 100 % maison. Depuis quelques mois, la situation est devenue très compliquée : « En ce moment, je suis à +25 % pour l'électricité par rapport à d'habitude » se désole Emmanuel Redouin, le patron de la boulangerie pâtisserie. Son établissement prend l'inflation de plein fouet : « Les matières premières ont doublé, voire triplé. Si on voulait que ce soit comme avant, il faudrait qu'on mette la baguette à 2 euros 40 et les gâteaux à 7 euros ! C'est impossible... »
La crise économique a déjà fait mal aux boulangers du département, et cela pourrait encore s'aggraver dans les prochains mois : « On redoute aujourd'hui le deuxième trimestre et la fin du premier semestre pour savoir quelle sera l'étendue des dégâts » s'inquiète Marie Teyssou, Présidente de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat du Cher. « On avait noté en 2022, entre 10 et 15 fermetures sur le Cher dans le secteur de la boulangerie. Certains se disent très fragiles, découragés et ne savent pas s'ils continueront, au prix de sacrifier leurs salariés ou non. »
Les boulangers doivent faire face à un cruel dilemme. Pour Emmanuel Redouin, pas question de se séparer de l'un de ses 5 employés : « C'est inconcevable pour moi, on est une équipe soudée, une famille ». Alors, il n'a d'autres choix que de s'adapter. Par exemple, la baguette tradition est passée de 1 euro à 1 euro 20. Le patron de la boulangerie réalise des économies, là où il peut : « On rogne nos marges, on change de matières premières, tout en gardant la qualité. On a supprimé la cuisson de 16 h. On fait la dernière cuisson à 13 h, de façon à ne pas rallumer le four l'après-midi et on a tout passé en éclairage led ». Des sacrifices personnels aussi : « J'ai été 6 mois sans me payer de salaire de juin à décembre, j'ai débloqué mon assurance-vie ». Emmanuel Redouin essaye de rester positif : « On n'est pas à l'abri, mais j'ai quand même les reins solides parce que j'ai pratiquement fini de payer mon fonds de commerce. Mais pour les petits jeunes qui arrivent aujourd'hui, ça va être très dur. »
Pour aider ses artisans en difficulté, l'État a mis en place des mesures pour les aider à faire face à la hausse des prix de l'énergie : « Ils peuvent prétendre à des aides qui sont directes sur le financement, qui sont parfois cumulables et rétroactives » explique le Préfet du Cher, Maurice Barate, qui encourage les TPE/PME à les solliciter : « Qu'ils n'hésitent pas à faire les démarches. On est là pour le rappeler et les aider ». Plus de détails sur les sites de la Préfecture et de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat.
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