
En 2030, la France, et la Savoie en particulier, s'apprêtent à accueillir le monde à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver. Remporté il y a huit mois faute d'autres candidats, le projet questionne par son déséquilibre économique et son empreinte carbone importante. Décryptage avec Antoine Pin, directeur des opérations de Protect our winters, association qui défend des Jeux durables et participatifs.
Nommé il y a un mois, le skieur Edgar Grospiron est chargé d'organiser ces Jeux Olympiques d'hiver. L’évènement sera sans aucun doute "durable" selon les responsables politiques. Les membres de l’association Protect our winters militent pour que ces engagements pris soient réellement respectés et que la voix des citoyens soit entendue.
Antoine Pin s’inquiète fortement de l'impact des mobilités fortement carbonées, avions et voitures, qui reste une grande problématique dans l'événementiel. Décarboner les mobilités à destination de la montagne est un objectif à long terme et ces Jeux Olympiques sont une occasion de commencer les chantiers.
En montagne, l'avenir, ce ne sera pas faire venir de plus en plus de gens
en avion ou en voiture
Antoine Pin présente déjà de nombreuses idées concrètes pour limiter l’empreinte carbone. Avec son association, il souhaite que les transports continentaux qui peuvent se faire en train soient privilégiés, que des fan zones à l'échelle internationale se mettent en place et que la billetterie favorise la population locale. Le but est de permettre aux gens de vivre la fête olympique sans à avoir à prendre l'avion pour venir en France.
Certains citoyens se sont alors demandés si vivre l’événement sur place ne faisait pas partie intrinsèquement de l’expérience des Jeux Olympiques. Ce à quoi Antoine Pin répond : "C’est l'ensemble des citoyens et des citoyennes qui doivent répondre".
Ce qui est clair pour lui, c’est que cet événement devra propulser organisateurs et citoyens vers l'avenir. Il assure qu’en 2030, "en montagne, l'avenir, ce ne sera pas faire venir de plus en plus de gens en avion ou en voiture". Des chantiers seront donc nécessaires pour ces territoires en 2030 mais surtout pour les siècles à venir.
Pour Antoine Pin, il est indispensable d’impliquer les citoyens au niveau local. Or, il explique que les programmes des présidents de région qui portent le projet ne se présentaient pas a priori comme des grands défenseurs d’un olympisme au sens d’un projet commun. Dans le cadre des élections régionales, les plateformes électorales ne mettaient même pas en avant de manière claire le projet des Jeux Olympiques.
Ces grands sujets de société doivent être mis dans les mains des citoyens
Bien que le projet ait été décidé par les plus hautes sphères de l'État, Protect our winters souhaite impliquer les citoyens et citoyennes pour rendre ensemble l’évènement le plus responsable possible. Pas de dynamique ou de programme officiel dans ce cadre-là mais l’association d’Antoine porte des projets de son côté et espère qu'ils verront le jour très prochainement.
Par exemple, "on aimerait nous faire advenir un projet de convention citoyenne olympique". C’est le même principe que la convention citoyenne sur le climat que la convention sur la fin de vie. Pour Antoine, "ces grands sujets de société doivent être mis dans les mains des citoyens".
Ensuite, l’enjeu est d’adopter les mesures demandées, ce qui pour des raisons politiques et économiques n’est pas toujours garanti. Antoine Pin explique que la voix des citoyens n'a pas été entendue dans deux cas mais il envisage de créer un troisième pour se faire entendre à nouveau.
Tout est politique avec des Jeux Olympiques d'hiver qui coûtent plus cher que des Jeux Olympiques d'été pour la collectivité. En effet, ils sont souvent plus déficitaires, étonnamment, même si au global l'organisation coûte moins cher.
Pourquoi on devrait attendre des JO pour avoir des hôpitaux dans ces endroits-là ?
Sur la question de ce financement, la direction de l’association se dit que peu importe la somme d’argent "si les citoyens et les citoyennes ont pu être mis en accord avec ces coûts-là, et si cet argent-là devait servir à autre chose, qu'il ait pu être expliqué pourquoi il doit servir à titre personnel".
Pour illustrer son propos, Antoine Pin raconte que sur l'extrait d'acte de naissance de son fils, il y a des anneaux olympiques par ce qu'il est né à l'hôpital d'Albertville. "Pourquoi on devrait attendre des JO pour avoir des hôpitaux dans ces endroits-là ?", se demande-t-il alors. Ces symboles doivent être réellement nourris par les aspirations des habitants pour pouvoir refléter les besoins, à l'heure actuelle, pour le directeur des opérations.
Aujourd'hui, lors du conseil municipal de Nice, sera proposé la vente d'un terrain pour la réalisation du village olympique et paralympique et le lancement d'une procédure de construction d'une nouvelle piscine. Un projet extrêmement couteux que le groupe écologique désapprouve. "Je souhaite que les citoyens et citoyennes de Nice aient la capacité de prendre une décision informée sur le sujet", affirme le directeur.
Pour lui, l’objectif général de ces Jeux Olympiques est clair : faire avancer la cause de la transition dans les territoires de montagne en 2030 et au delà.
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