Léon XIV : deux mois après son élection, quel bilan ?

La lettre P n'est pas seulement l'initial de "pape". Elle est aussi liée à deux autres mots-clés, comme les clés de Saint-Pierre : "paix" et "ponts". Ce second élément fut prononcé trois fois dans les premiers discours du nouveau pape, le premier nord-américain dans l'Histoire.

Laurent Landete a également retenu le mot "dialogue". "Les premiers mots d'un pape veulent vraiment nous dire quelque chose", affirme-t-il. "Personnellement, j'ai été un témoin de différents pontificats et de ces différentes élections, et ce qui est très étonnant, c'est que beaucoup de choses sont dans le début".

Des discours en faveur de la paix

Les premiers gestes de Léon XIV, sont marqués entre autres par des messages de paix. Il a appelé à plusieurs reprises à la fin de la guerre à Gaza, en Ukraine et dans d'autres parties du monde "où les gens souffrent de la guerre". Au sujet de l'Ukraine, le nouveau souverain pontife a déjà eu des échanges dans ce sens avec Mgr Sviatoslav Schevschuk, archevêque majeur de Kiev, et le président russe Vladimir Poutine.

Son prédécesseur évoquait lui une "Troisième Guerre Mondiale par morceaux".

"Si le pape, dont la mission est précisément de proclamer la paix, avec d'ailleurs sa première déclaration, "la paix soit avec vous", c'est une parole performative", affirme Laurent Landete, par ailleurs directeur général du Collège des Bernardins.

Un pape distingué par le style et ses engagements

Réputé proche du pape François, l'auteur remarque quand même une rupture de style avec son prédécesseur. Certains experts du Vatican observent chez Léon XIV une attitude "sobre" et "tout en retenue". Bien que cela, une continuité dans la parole.

Cette continuité s'exprime par la proclamation que le concile Vatican II soit une "boussole" pour notre temps, comme le disait le pape Jean-Paul II. "Ce pape actuel nous donne une grammaire pour bien comprendre ce qu'est ce Concile Vatican II dans sa totalité", d'après Laurent Landete. "Parce qu'en fait, on a tendance à mettre beaucoup de choses en question parce qu'on est dans une époque de débat, de contradictions, etc. Mais je crois qu'il est important de rappeler cette sagesse".

L'autre fait marquant est la lettre de Léon XIV à l'Eglise de France, à l'occasion du centenaire de la canonisation de saint Jean Eudes, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de Lisieux, par le pape Pie XI. Dans cette lettre, il appelle à un "nouvel élan missionnaire" face aux "vents contraires et parfois hostiles de l’indifférentisme, du matérialisme et de l’individualisme", tout en rappelant "l'héritage chrétien" de la France. Sur ce point, il se distingue du pape François par des paroles davantage tournées vers la consolation. "On a besoin d'être bousculé. C'est nécessaire. Il faut sans cesse se remettre en question", souligne Laurent Landete.

Né aux Etats-Unis et ayant évolué au Pérou, les racines profondes du souverain pontife actuel sont françaises, du côté paternel. Son nom de pape fait référence à Léon XIII, pape de la fin du XIXe siècle ayant défini la "doctrine sociale de l'Eglise catholique".

Hormis les conflits géopolitiques, il a abordé la question de l'intelligence artificielle, en disant qu'il ne s'agit pas d'une intelligence. Selon l'auteur du livre "Esquisses d'un pontificat", "ça prend les choses à rebousse au poil, parce qu'en fait, on a besoin d'une parole sur ce qui est peut-être en train de nous dépasser. (...) et dans ce monde où cette question commence à émerger, il faut une parole construite. Moi, j'ai l'impression qu'on va avoir une encyclique sur le sujet. C'est une impression".