
Une église catholique et une baptiste se sont retrouvées sur le site de vente entre particuliers à Lens (Pas-de-Calais). L’information a ému paroissiens et riverains. Des églises qui se sont retrouvé à la propriété du diocèse d’Arras après la fermeture des mines de charbon.
« Ça a toujours été une église, je ne vois pas pourquoi ça changerait », s’émeut Nelly. L’Église de son quartier de Lens devrait être vendue prochainement par le diocèse d’Arras. Et Nelly n’est pas la seule à s’émouvoir de la vente prochaine de l’église de son quartier. Des riverains ont lancé une cagnotte Leetchi pour racheter l’église Saint-Édouard de Lens, qui s’est retrouvée en vente sur LeBonCoin il y a deux semaines.
Pourtant, le diocèse, propriétaire de l’église, avait pris le temps d’annoncer aux fidèles et aux habitants du quartier la mise en vente de l’église où plus aucune messe n’était célébré. « Quand on était 15 à la messe le dimanche, il y avait du monde », explique l’Abbé Jean-Marie Rowell, curé de la paroisse. Ces dernières années, seuls quelques paroissiens s’y rendaient pour les enterrements des habitants du quartier.
Pour le diocèse d’Arras, cette église, et d’autres, étaient devenues des charges qui n’étaient plus utilisées pour des offices. « La baisse de la pratique religieuse s’accompagne d’augmentation des frais et des coût et de maintenance de ces bâtiments », explique Bernard Lebun, l’économe diocésain.
Pour autant, le curé n’y voit pas là un signe du déclin de l’Église. Lors de la messe du mercredi des cendres, les églises étaient pleines. Et dans les assemblées, on trouvait beaucoup de jeunes. Le diocèse à simplement restructuré les paroisses autour d’églises plus vivantes.
« Dans le Pas-de-Calais, nous avons 1 100 églises », détaille Bernard Lebrun. Une concentration d’église un peu plus haute que dans la moyenne dans l'Hexagone. Mais surtout, contrairement à 90 % des églises en France, une grande partie des églises du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais appartiennent au clergé.
Elles ont été construites par les compagnies minières privées. À la fin du XIXe siècle, ces compagnies sortent de terre des petites villes à côtés des fosses où les mineurs allaient travailler.
Dans ces cités minières, on construisait des commerces, des écoles, des bars… et des églises. Déjà, parce qu’une grande partie des travailleurs étaient des catholiques. Mais c’est aussi un vestige du paternalisme des grands patrons de cette époque qui prenait soin de la santé physique et spirituelle de leurs employés.
Quand les mines ont fermé petit à petit, les compagnies minières cèdent une grande partie des églises, pour un franc symbolique, au diocèse d’Arras. Résultat des courses, le clergé se retrouve avec beaucoup d’églises sur les bras et une pratique religieuse qui, sur le long terme, a baissé.
Aujourd’hui, l’objectif du diocèse est de vendre les églises qui ne sont plus fréquentées pour concentrer les pratiquants dans d’autres églises. Celle de Saint-Édouard est estimée à 365 000 € par le diocèse. Mais ce dernier ne peut pas les vendre à n’importe qui pour faire n’importe quoi. Le maire de Lens a déjà fait savoir qu’il surveillerait de près la future affectation de l’église vendue sur LeBonCoin. Il a fait par de son intérêt pour la racheter pour un euro symbolique.
Mais surtout, ces églises sont souvent classées monument historique. Le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est même inscrit sur la liste du patrimoine mondiale de l’Unesco. À ce titre, la mission Bassin minier est chargée de la gestion de ce patrimoine. L’organisme a participé à la réaffectation de la chapelle Sainte-Barbe qui va devenir un lieu culturel prochainement.
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