L’Église protestante unie de France et l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine interpellent sur le conflit israélo-palestinien
L’Église protestante unie de France, réunie en synode national lors du week-end de l’Ascension 2025, a publié deux textes officiels concernant le conflit israélo-palestinien. Rédigés avec l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, ces documents appellent à l’arrêt des opérations militaires à Gaza et à la recherche d’une solution politique. Ils répondent à l’appel du mouvement chrétien Kairos Palestine et visent à interpeller les autorités françaises et européennes.
Vue satellite google mapsUne déclaration commune sur le conflit
Pour la première fois, l’Église protestante unie de France (EPUdF) et l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (Uepal) se sont exprimées de manière ferme et coordonnée sur le conflit entre Israël et Gaza. À l’occasion du Synode national de l’Ascension, deux textes ont été adoptés : une déclaration commune avec l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, suivie d’une motion plus directe, portée par les membres du synode.
Un des éléments qui a marqué ce synode, c’est le fait que nous nous soyons prononcés sur la situation au Moyen-Orient, plus précisément sur le conflit d’Israël contre Gaza.
La déclaration appelle à la paix et à des solutions politiques, rejetant l’usage des armes pour résoudre la crise. La motion, votée à 76 voix pour et 2 contre, va plus loin et exprime un refus clair de la stratégie militaire israélienne, ainsi qu’un appel à des actions concrètes.
Une prise de position fondée sur le droit et la foi
Le second texte, qualifié de "vœu", prend une tonalité plus incisive. Il désigne clairement les responsabilités israéliennes dans la destruction de Gaza et les atteintes au droit international. Marc-Frédéric Muller, à l’origine de la rédaction, déclare : « Nous avions un sentiment de honte, du fait du silence des autorités de notre pays. »
Il dénonce les pertes humaines massives chez les civils des deux côtés du conflit, et affirme que « prétendre qu’on se bat contre le Hamas à Gaza, c’est un mensonge ». La position théologique est également réaffirmée : « L’État n’est pas un pouvoir absolu. Il y a des limites à ses prérogatives. » L’Église rappelle que son engagement dans la sphère politique n’est pas partisan, mais s’appuie sur une tradition remontant à la Réforme. Il s’agit de rappeler aux gouvernants leur devoir fondamental : « servir l’intérêt général, servir la communauté qui leur est confiée. »
Une interpellation des autorités et des fidèles
Ces deux textes s’inscrivent dans une démarche de plaidoyer engagée en réponse à un appel de Kairos Palestine, un mouvement de chrétiens palestiniens. Ce dernier demande aux Églises occidentales de prendre position face à la violence sur place et au non respect des droits humains. La motion demande explicitement à l’EPUdF de relayer ce message :
Le synode demande au Conseil national de fournir aux paroisses et aux églises locales un argumentaire et des moyens pour exprimer leur solidarité envers la population palestinienne.
Parmi les revendications, figurent la demande de retrait des forces militaires israéliennes des territoires occupés, l’arrêt des livraisons d’armes, et l’ouverture d’un accès humanitaire à Gaza. L’objectif est aussi d’interpeller les élus locaux, les institutions nationales et européennes, et d’ouvrir la voie à une mobilisation citoyenne. « Il nous paraissait important de faire entendre auprès de nos autorités que cette situation n’était plus tolérable. » réagit l'Inspecteur Ecclésiastique.
Une alerte sur les dérives démocratiques mondiales
Au-delà du conflit israélo-palestinien, ces textes lancent un signal plus large sur l’état du monde et les dérives autoritaires. Marc Frédérique Muller observe un affaiblissement global du droit au profit de la force :
« On voit bien que c’est la loi du plus fort, c’est la force qui prime sur tout. » Il évoque d'autres contextes similaires : l’Ukraine, Taïwan, ou encore les ambitions territoriales du Venezuela. Le lien est clair : « Ce qui est en cause, c’est ce que prétend être l’Occident : un monde soucieux des droits de l’homme, du droit international. On fait exactement l’inverse. » Marc Frédérique Muller appelle à la lucidité et à la responsabilité collective, y compris pour les Églises : « Nous avons une responsabilité aujourd’hui. Il faut l’assumer. »
La prise de position n’est pas sans risques, mais elle est considérée comme nécessaire.
Même si d’autres voudraient qu’on n’en parle pas […] continuer à en parler pour que la discussion soit présente.
Les deux textes sont disponibles sur le site de l’Église protestante unie de France, rubrique “Synode national” :
https://epudf.org/


Décryptage et réflexions par un pasteur autour de sujets de société à travers le prisme de la foi chrétienne et des valeurs protestantes.
