L'école française en crise : L'Appel au « Virage Républicain » de Joachim Le Floch-Imad
L'école française subit une crise profonde marquée par la chute des niveaux, un climat scolaire dégradé et un manque criant d'enseignants. Dans son ouvrage choc, Main basse sur l'éducation nationale, publié aux éditions du Cerf, Joachim Le Floch-Imad, enseignant, essayiste et directeur de la fondation Res Publica, dénonce un « suicide assisté » du système éducatif. Une enquête qu'il a présentée au public de l'Espace Ada lors d'une conférence qui s'est tenue le jeudi 25 septembre 2025 au Domaine de l'Asnée.
Main basse sur l'éducation nationale
Malaise et Dégringolade
L'éducation nationale va mal. Parmi les nombreux indicateurs de cette crise profonde : le malaise des professeurs, aujourd'hui structurel, qui se manifeste par une crise vocationnelle où près d'un enseignant sur deux envisage de quitter l'Éducation nationale ! Une tendance alarmante illustrée par une augmentation des démissions de 567 % en dix ans. Si le facteur salarial joue un rôle, le problème principal réside dans la perte de statut social et de respect des professeurs, réduits à des « animateurs multitâches », ce qui a mené à une « désintellectualisation » du corps enseignant. Cette perte d'autorité se traduit par des agressions, l'auteur de Main basse sur l'éducation nationale rappelant que 100 000 professeurs sont menacés ou agressés chaque année. Simultanément, les résultats des élèves s'effondrent de manière dramatique, plaçant la France au dernier rang en mathématiques en Europe en CM1. Peut-on expliquer cette chute vertigineuse par un manque de moyens ? D'après Joachim Le Floch-Imad, la cause est à chercher ailleurs. L'auteur critique vertement un « mal d'État » symbolisé par une bureaucratie pléthorique et le gaspillage de sommes considérables loin du primaire, « la mère de toutes les batailles ».
La vacance du pouvoir, accentuée par une instabilité ministérielle, a permis à une technostructure d’imposer une idéologie qui mêle managérialisme et pédagogisme, une doctrine qui minore l'importance de la transmission des savoirs et qui, selon l'auteur, crée toujours plus de « déshérités sur le plan culturel ».

Le Virage Impératif
Afin d'éviter la « tiers-mondisation » qui menace le pays, Joachim Le Floch-Imad estime qu'un virage à 180° est indispensable, exigeant un courage politique pour affronter la technostructure. Ce changement doit être un « virage républicain », au sens de l'idéal de Jean Zay, et doit articuler une série de politiques ambitieuses. Il faut un retour à l'exigence intellectuelle en recentrant l'école sur les fondamentaux et une restauration des examens pour reconstruire leur valeur certificative, notamment en réhabilitant le redoublement et les notes. L'auteur préconise également une orientation plus précoce, suggérant de passer du collège unique à un collège modulaire avec des enseignements différenciés possibles dès la 4e. Par ailleurs, une réforme de l'Éducation prioritaire s'impose pour mieux flécher les moyens et placer les professeurs expérimentés là où le climat est le plus dégradé. Enfin, l'auteur insiste sur un « choc de l'autorité », mettant en œuvre une « impunité zéro » face à la violence scolaire, aux parents démissionnaires, et au prosélytisme au sein de l'institution.


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