Le Tour de France, un événement culturel

Le Tour de France, c'est bien sûr l'épreuve sportive organisée tous les étés à travers la France et parfois dans d'autres pays, la Grande Boucle où s'affrontent ceux qu'Albert Londres appelait "les forçats du vélo", mais c'est aussi un grand moment culturel. Chaque année, les commentateurs de l'épreuve s'attardent, en plus de la compétition, sur les régions, les villages, les lieux de culture à proximité de l'itinéraire des cyclistes. Depuis 2017 c'est l'historien Franck Ferrand qui en a la charge sur l'antenne du service public. 

Le Tour de la France 

Le Tour de France c'est aussi le Tour de la France ! Franck Ferrand, commentateur "patrimoine" du toura pour mission de commenter les paysages et les bâtiments qui sont donnés à voir aux téléspectateurs. Loin parfois des sentiers les plus connus, le coup de pédale des cyclistes emméne parfois dans des lieux plutôt méconnus du grand public. Franck Ferrand cite par exemple le village de Richelieu, entre Chinon et Châteauroux. "Nous allons passer tout près du village de Richelieu, fondé par le cardinal de Richelieu au XVIIe siècle. Et il y a là une chapelle, la chapelle de Champigny-sur-Veude, qui est entièrement illuminée de grandes verrières de la Renaissance. Ces verrières sont parmi les plus belles choses qui sont en France et elles sont totalement méconnues. Grâce au Tour de France, nous allons d'un seul coup, par une sorte de coup de baguette magique, en faire des trésors archiconnus." Les explications en détail seront toutefois évidemment soumises à l'action de l'étape. "Pour que je puisse entrer dans le détail de ce que nous croisons, il faut que les coureurs lèvent un peu le pied. Il est évident que quand la course est à son maximum, j'ai un peu moins de place pour parler."

Au-delà de simplement présenter le patrimoine français dans sa diversité, le Tour de France permet aussi de sensibiliser à sa protection. Pour Franck Ferrand "il y a, c'est vrai, à travers le Tour de France, la possibilité de sensibiliser tout le monde à la défense du patrimoine, à l'esthétique des villages, à un certain nombre de combats, notamment pour sauver toutes nos églises. J'essaie de faire passer ça entre deux coups de pédale, entre deux faits de courses." Le patrimoine est souvent, au sens commun, bâti, mais Franck Ferrand insiste aussi sur la nature, qui fait elle aussi partie intégrante d'un patrimoine à protéger. "On passe d'un village à l'autre, distant de cinq kilomètres, et on voit que l'on passe de maisons de briques et de tuiles à des maisons de pierres et d'ardoises. Et ça, ça dépend du sous-sol, ça dépend du sol, ça dépend de la terre, c'est très passionnant. Ce paysage lui aussi est menacé."

La France, pays au 36 000 clochers

Le Tour de France permet aussi de mettre en avant les églises françaises. Si l'on surnomme la France le pays "au 36 000 clochers", qu'en réalité il y en ait un peu moins, ceux-ci sont tout de même très présents sur les images de la Grande Boucle. Franck Ferrand commente même le fait qu'un village n'ait pas d'église. "On n'imagine pas le paysage français sans cette constellation d'églises. Vous avez vu le nombre invraisemblable de petits villages que nous traversons. Il est rarissime qu'il n'y ait pas d'églises. D'ailleurs, c'est bien simple. Quand un village n'a pas d'églises, je le signale. C'est vous dire si c'est rare. " Les églises assurent un maillage du territoire, avec les abbatiales, les collégiales, les chapelles castrales... "C'est ce que Raoul Glaber appelait "le blanc manteau d'église"". 

Pour autant pas question pour Franck Ferrand de flâner dans chaque village. L'organisation du tour nécessite une logistique dantesque, y compris pour le personnel d'antenne."L'organisation du Tour de France c'est un tambour de machine à laver. Je suis levé déjà depuis deux heures. Nous partons dans 20 minutes pour repérer le parcours de la journée. Ensuite, nous avons les interviews, les préparations. Nous sommes en direct à midi qu'à 18h30, 19h même, et ensuite nous reprenons la route pour aller nous installer à Saint-Brieuc dans la prcochaine ville où il va falloir faire un débriefing et reprendre, après une courte nuit, le même genre de journée." Finalement sur le Tour, la fatigue physique n'épargne pas le monde de la culture.