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Le pontificat de François, entre ruptures et fidélités

Le pontificat de François, entre ruptures et fidélités

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 24 avril 2025 - Modifié le 24 avril 2025
Le Grand TémoinFrédéric Le Moal : le pape François et ses prédécesseurs, rupture ou continuité

Pendant ses douze années de pontificat, le pape François a imprimé sa marque, écrivant son histoire sur les pages blanches du grand livre de l’histoire de l’Église. On aime comparer les souverains pontifes pour mieux cerner l’action qui a été la leur. De Pie XII au pape François, sept papes se sont succédé. Quelles lignes de rupture ? Quelles continuités ? Éclairage avec Frédéric Le Moal, historien, professeur au lycée militaire de Saint-Cyr, auteur notamment de Pie XII, un pape face au mal.

Le Pape François et Benoît XVI © Vatican NewsLe Pape François et Benoît XVI © Vatican News

Ici, il n’y a pas de programme, pas de parti, pas de campagne. Et surtout, le poste doit revenir à une personne qui ne l’aura pas désiré. Puisque le pouvoir vient de Dieu, et que Dieu ne peut qu’être servi, le pape est une sorte d’exécutant de l’Évangile, le seul programme qui vaille d’être appliqué. Mais l’homme reste doté d’une personnalité, d’un discernement, de priorités. Et le monde impose, au fil des époques, d’affronter des situations toujours nouvelles.

Une interprétation différente de Vatican II

Le pontificat du pape François s’inscrit dans les secousses qui agitent l’Église depuis le concile Vatican II. Frédéric Le Moal distingue trois grands courants apparus depuis :

  • ceux qui critiquent le concile,
  • ceux qui souhaitent l’appliquer de manière stricte,
  • celui auquel appartient François, qui voit dans Vatican II un point de départ, appelant à approfondir sans cesse le dialogue entre l’Église et le monde moderne.

Le pape argentin se place ainsi en rupture avec la ligne de son prédécesseur, Benoît XVI. « Pour Benoît XVI, le concile Vatican II avait permis une mise à jour nécessaire, mais il ne fallait pas aller plus loin. » Il distinguait le « vrai concile » du « concile médiatique », ce dernier étant attribué aux courants les plus progressistes de l’Église, qui, à ses yeux, allaient trop loin dans l’adaptation au monde moderne. « Avec François, on a eu l’impression de rouvrir des débats qu’on pensait clos depuis Jean-Paul II, comme celui sur le mariage des prêtres », analyse Frédéric Le Moal.

L’impossible compromis

Sur le plan du dogme, le pape François n’a pas opéré de changement fondamental. « Le peut-il ? » s’interroge Frédéric Le Moal. L’historien rappelle que le pape reçoit le dépôt de la foi et doit le transmettre en tant que serviteur des serviteurs. Le dogme ne lui appartient pas, il appartient au Christ. « Ce pontificat a donné une vraie primauté à l’accueil et à la miséricorde. Mais certains, au sein de l’Église, ont aussi pointé les limites de cet accueil. » Frédéric Le Moal interroge : faut-il aller jusqu’au relativisme ? Ce qu’il constate, c’est que les conservateurs ont été vent debout pendant douze ans, tandis que les progressistes sortent eux aussi déçus, estimant que le pontificat n’est pas allé aussi loin qu’ils l’auraient souhaité.

Cela rend aussi plus complexe l’élection d’un futur pape, car il faudra désormais quelqu’un qui incarne cette extrême diversité du catholicisme.

François reste une figure ecclésiastique qui, selon l’historien, « n’a jamais pris de position clairement tranchée ». « Il y a même eu chez lui des aspects très traditionnels. Sa défense de la piété populaire, par exemple. Et puis, ces déclarations à l’emporte-pièce, souvent dans l’avion face aux journalistes, qui ont troublé bien des théologiens… et qui ont parfois nécessité des mises au point de la part du Vatican. » S’il n’a pas changé le dogme, François a toutefois transformé la structure de l’Église, notamment par son internationalisation. Cela se voit dans la composition du Collège des cardinaux : les Européens y sont désormais minoritaires, au profit d’une ouverture aux continents africain et asiatique. « Cela rend aussi plus complexe l’élection d’un futur pape, car il faudra désormais quelqu’un qui incarne cette extrême diversité du catholicisme. »

Des traits communs avec ses prédécesseurs

Malgré tout, le pape François a repris certains traits de ses prédécesseurs. De Pie XII, il a conservé une extrême prudence dans ses mots et dans la condamnation de certains mouvements, pour éviter les amalgames. « Pie XII n’a jamais considéré que tous les Allemands étaient des nazis, comme François a toujours insisté sur le fait que tous les musulmans ne sont pas des islamistes », compare l’historien. Il établit également un parallèle dans leur prudence diplomatique face à certaines guerres. D’un point de vue géopolitique, il y a bien, selon Frédéric Le Moal, une forme de continuité entre les pontificats.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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