Chemise blanche, pantalon en velours côtelé, Max de Guibert apparaît combatif pour cette deuxième journée d’audience. Il reste droit, sur sa ligne de défense, revendique des principes éducatifs maladroit mais efficace. Le curé s’emporte contre le procureur dénonçant l’enquête menée à charge selon lui : « On lance une fake news dans les médias pour fabriquer des faux témoignages ». Il s’agace quand la cour parle de « relation de nudité imposé a quelqu’un qui n’a rien demandé ». Lui affirme que les parents des victimes étaient consentants et conscients de ses méthodes disciplinaires.
Quand la Présidente reproche son manque d’empathie et de bienveillance envers les victimes, le prêtre esquisse des excuses pour la première et seule fois de l’audience. Les quatre pères de famille se redressent dans la salle, espèrent enfin entendre des regrets mais non…
Max de Guibert revient quelques secondes plus tard à l’exagération des faits commis selon lui.
Viennent ensuite ceux que l’on appelle les témoins de moralités. Deux hommes et deux femmes venus présenter à la cour le visage d’un homme dévoué, attentif aux besoins des autres, dont « la porte était toujours ouvertes ». Son avocat ira même jusqu’à comparer Max de Guibert à un Saint-Bernard « qui déteste la souffrance et qui se mêle de tout pour venir en aide aux gens quitte à ne pas rester à sa place ». Ils décrivent tous un caractère directif, parfois autoritaire mais plein d’empathie avec beaucoup de joie de vivre.
Une image qui tranche avec le manque de compassion dont fait preuve le prêtre depuis le début de l’audience.
Trois expertises ont été réalisé au cour de l’instruction. Toutes s’accordent à dire que Max de Guibert pensait, et pense encore, agir pour le bien des enfants. L’une d’entre elle est implacable avec l’accusé. Menée par une experte judiciaire, elle dépeint une personnalité narcissique avec une intelligence développée qui laisse peu voir d’affect sauf je cite envers « sa personne et son Dieu ». Cet engagement religieux lui donnerait d’ailleurs une sensation de toute puissance qui l’amène à confondre le rôle de père et celui de l’éducateur. Selon l’expert « il existe une pédophilie ignorée qui se traduit par la violence pour obtenir la satisfaction ».
Max de Guibert nie cette analyse pour lui l’expert lui a « donné un cours » sur ce qu’est une personne pédophile mais ce n’est pas lui. Le curé reconnaît toute la mise en place d’une ligne de prudence, pour ne pas se retrouver dans des situations ambiguë, qui doit être travailler au long court.
Le parquet requiert 4 ans de prison et 10 ans d'obligation de soin pour agressions sexuelles sur mineurs. La relaxe est demandée pour deux des faits. Pour rappel, Max de Guibert est poursuivi pour avoir commis des attouchements en savonnant des scouts sous la douche, pour avoir donné des fessées « culs nus » à d’autres, pour avoir touché les parties intimes d’un autre ou encore pris des photos de jeunes garçons nus. Le jugement sera rendu le 18 janvier.
L’affaire est délicate et la tension est telle que l’avocat de la défense, Me Squillaci, se permet même de monter dans la tribune de presse pour invectiver les journalistes présents je cite « je vous haie tous, vous êtes des salopards et je vais vous dégommer » en mimant les tirs d’un pistolet.
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