François et l'œcuménisme : un pape qui surpassait les clivages confessionnels ?
Le pape François, qui s'est éteint lundi 21 avril à 88 ans, aura aussi été le pape de l'œcuménisme. Le souverain pontife a développé les liens de l'Église catholique avec les autres religions, même entre toute la communauté chrétienne. Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, revient sur le travail d'union de François au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France. © RCFDepuis lundi 21 avril, le monde entier rend hommage au pape François, figure universelle respectée au-delà de l'Église catholique et reconnue comme le pape du dialogue, ardent défenseur d'une véritable fraternité humaine, multipliant les gestes à destination des croyants d'autres confessions.
Pour Christian Krieger, le président de la Fédération protestante de France (FPF), "le pape François a contribué à renouveler l'éthique chrétienne à l'échelle mondiale et à interpeller les consciences au-delà des clivages confessionnels." C'était une référence morale et spirituelle y compris pour les protestants. Le président de la FPF a eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises le saint Père. Il témoigne au micro d'Etienne Pépin.
Son ministère d'unité dépassait largement le cercle du catholicisme
Le pape François n'a cessé de dialoguer avec les différentes églises
Tout au long de son pontificat, le pape François n'a cessé de dialoguer avec les différentes églises. On le qualifie alors de pape œcuménique. Plusieurs gestes significatifs ont touché les protestants en France et dans le monde, comme son ouverture à la réflexion œcuménique, son accueil de la diversité ecclésiale et ses rencontres avec les églises issues de la réforme. "Son ministère d'unité dépassait largement le cercle du catholicisme, souligne Christian Krieger. Je vois en lui quelqu'un qui incarne une conscience universelle."
Le souverain pontife embrassait l'univers entier, l'humain et le vivant d'ailleurs. Il était caractérisé par une profonde empathie, deux traits qui forgent le respect. Ce qui explique que de nombreuses personnes saluent son action et sa pensée.
Il a une influence, une forme de soft power des grands Hommes
Christian Krieger a eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises le pape François. Il l'a notamment vu en entretien privé. À cette époque, il était président de la Conférence des églises en Europe, c'est-à-dire qu'il incarnait le dialogue avec les instances européennes pour les anglicans, les orthodoxes et les protestants. Au cours de cette rencontre, les deux hommes ont échangé autour des questions migratoires, de la transition écologique, de la place de l'économie et de l'humain dans les sociétés et sur les populismes. "Il a une influence, une forme de soft power des grands Hommes", relate le président de FPF.
Christian Krieger a revu le souverain pontife à Lund, en Suède lors de la célébration inaugurant les 500 ans de la Réforme protestante. Cette venue papale été particulièrement importante et forte de sens, car il s'agissait de la première fois que cet anniversaire se fêtait avec les catholiques et les protestants. "Cela a été perçu comme un geste de reconnaissance, un geste fort et significatif pour le peuple protestant."
Le synode sur la synodalité, un moment œcuménique fort
Le synode sur la synodalité a commencé en octobre 2021 et s'est terminé en octobre 2024. Il a réuni l'ensemble des évêques de l'Église catholique. Il avait pour mission de créer une Église synodale. Au cours du synode, une grande célébration œcuménique avait eu lieu en ouverture des travaux avec 12 hauts responsables de toutes les confessions chrétiennes, catholiques, orthodoxes, chrétiens orientaux, protestants historiques et évangéliques.
C'est une ouverture extraordinaire
Le pape François était présent, "il s'est installé au milieu des autres en refusant d'être en surplomb. Ça a été un geste très apprécié", se souvient Christian Krieger. Le pape voulait que l'ensemble des confessions chrétiennes soient représentées et témoin de ce synode. "Nous avons eu deux déléguées, deux femmes françaises qui étaient présentes et qui ont pu participer en proposant des amendements, discuter et voter. Je veux dire que c'est une ouverture extraordinaire."
Après la réussite de ce synode, on pourrait imaginer un synode commun avec l'ensemble des chrétiens. Et l'une de ses grandes thématiques pourrait par exemple être "trouver une date commune pour Pâques". "Ce qui nous permettrait de célébrer ce qui est au cœur de la foi chrétienne, ensemble", confirme le président de la Fédération protestante de France.
Qu'attendre du futur pape au sujet de l'œcuménisme ?
Le futur souverain pontife aura la lourde charge de poursuivre le travail commencé par le pape François, mais aura-t-il les mêmes relations avec les autres courants ? "On se réjouirait d'avoir une continuité dans le développement d'un esprit de fraternité œcuménique et d'avoir une personne qui puisse nourrir cela de son charisme, pose Christian Krieger. J'espère effectivement que le prochain pape, les responsables religieux, les fidèles des différentes religions pourront embrasser un esprit de fraternité qui leur permette de vivre en cohésion leur liberté religieuse et ainsi écrire une belle page de l'humanité."


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