« Le pape François nous a rappelé que Catholique veut dire universel et non européen », selon Mgr Leborgne

Comme Jean-Paul II en 2005, le pape François est décédé durant le temps pascal. « Nous sommes dans le deuil, mais aussi heureux qu’il ne souffre plus », confie Mgr Leborgne. « Ça a beaucoup de sens qu’il décède ce lundi de Pâque. Celui qui nous a quittés a rejoint les bras du Seigneur. La joie devrait dominer. »  

Dans les diocèses, des célébrations sont prévues pour rendre hommage au souverain Pontife. À Amiens, une messe à la bougie se tiendra jeudi à l’église Saint-Leu, suivie d’une veillée d’adoration jusqu’à minuit. À Cambrai, plusieurs offices sont prévus ce mardi, notamment à Avesnes-sur-Helpe. « Il s’agit de rendre grâce pour cet homme extraordinaire », ajoute l’évêque d’Arras qui organise une messe le vendredi 25 avril.

Un pape qui liait le social et le spirituel

Souvent considéré comme le pape des migrants, François a marqué les consciences sur ce sujet. Mgr Leborgne souligne l’impact du pape argentin sur sa propre manière de vivre l’Évangile : « Je me suis intéressé à cette question avant qu’il ne devienne Pape. C’est lui qui m’a nommé à Arras, et ce dossier est devenu des visages. »

Pour lui, François a su réconcilier deux dimensions trop souvent séparées : le spirituel et le social. « En Europe, nous sommes marqués par une philosophie qui a voulu privatiser la foi. François a lié intimement le social et le spirituel. J’ai redécouvert grâce au pape François que la charité n’est pas une conséquence de la foi, mais c'est le sommet de la foi. »

Un grand penseur sous-estimé  

Certains ont opposé François au théologien Benoît XVI. Mgr Leborgne nuance fortement cette lecture. « C’est une caricature. Avec le pape François, on accueille un pape d’Argentine. Ses textes n’étaient pas construits comme ceux de Benoît XVI. Mais je vous mets au défi de les opposer. »

Et de citer une œuvre majeure : Laudato si’. « François arrive à ressaisir toute la doctrine sociale de l’Église dans l’écologie. Sur la foi de l’Église, il y avait une puissance de pensée, il y a quelque chose de magistral. »

Ouverture sur une Église mondiale

François a voulu faire sortir l’Église d’une vision eurocentrée. Pour Mgr Leborgne, c’est l’un de ses apports majeurs : « Le pape François nous a rappelé que catholique veut dire universel. Universel ne veut pas dire européen. Et nous, inconsciemment, nous pensions que catholique voulait dire européen, que l’Église devait ressembler à l’Europe. Eh bien non. »

Il poursuit : « Le centre de gravité n’est pas en Europe mais en Christ. Il se donne aujourd’hui de manière très dynamique en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud. » Une vision qui oblige à changer de posture : « Nous avions encore la philosophie des Lumières où nous expliquions au monde... une vision surplombante. Le pape François nous a aidés à accueillir les fruits de la mission du XIXe siècle, qui a évangélisé le monde. »

Une figure à laquelle les chrétiens étaient majoritairement attachés

Nommé évêque d’Amiens, puis d’Arras, par François, Mgr Leborgne a constaté l’attachement des fidèles : « La figure du pape François était très attachante pour beaucoup. Certains étaient surpris. Il avait un sacré tempérament. Certains ont été surpris par sa manière directe. »
Mais derrière cette franchise, une voix d’unité : « Il fallait l’écouter jusqu’au bout. Il parlait tant de l’enfant à naître que des migrants ou de la personne âgée proche de la mort. Il a travaillé à l’unité de l’Église. » 

« Dans l’ensemble, les chrétiens étaient très attachés. Si je suis catholique, le bon pape, c’est celui que Dieu me donne, pas celui qui me fait plaisir. Je sais que Benoît XVI était le bon pape, François était le bon pape, et le successeur sera le bon pape. »