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Le miel et les Français, un lien sucré comme jamais

Le miel et les Français, un lien sucré comme jamais

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 10 octobre 2025 - Modifié le 10 octobre 2025
Je pense donc j'agisLe miel et les Français : un lien sucré comme jamais

Des tartines du matin aux infusions du soir, le miel s’invite depuis toujours dans la vie des Français. Mais depuis quelques années, il a retrouvé une place de choix dans nos foyers, symbole d’une alimentation plus naturelle, locale et respectueuse des traditions.

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Le miel cristallise aujourd’hui de nombreuses attentes : recherche d’authenticité, quête de bien-être, soutien aux producteurs locaux et sensibilité accrue aux enjeux environnementaux. Un produit sucré, oui, mais surtout un lien profond, presque affectif, entre les Français et leur terroir.

Le retour en grâce d’un produit naturel et symbolique

Un doux parfum de terroir. "Le miel est un des rares produits que l’on peut encore considérer comme parfaitement naturel", souligne Frank Alétru, apiculteur en Vendée et président du Syndicat national d’apiculture. Selon lui, cette authenticité justifie l’organisation de la première Fête nationale du miel, un événement destiné à "ouvrir les portes de toutes les mielleries de France" et à faire découvrir la richesse des terroirs. Derrière chaque pot doré se cachent des histoires humaines, souvent familiales. C’est le cas de Béatrice Robrolle-Mary, apicultrice dans l’Indre et fondatrice de l’association Terre d’Abeilles, qui poursuit une lignée de quatre générations. "Le virus nous est transmis de père en fils, ou de grand-père en père en fils", confie-t-elle. Engagée pour la préservation des pollinisateurs, elle milite depuis plus de vingt ans pour une apiculture respectueuse de l’environnement et sensibilise le public à "la noblesse des produits de la ruche".

Le miel, c'est le premier alicament de l’humanité.

Un produit aux mille visages. Chaque région a son miel emblématique, reflet de sa flore et de son climat. "Les miels peuvent être monofloraux ou polyfloraux. Ils reflètent le terroir, sa flore et son identité", explique Frank Alétru. Pour Béatrice Robrolle-Mary, déguster du miel, c’est voyager sans quitter sa table : "quand on ouvre un pot de miel, on profite du nez du miel comme on ouvrirait une bouteille de vin. C’est un voyage sans coût carbone !". Le miel est aussi un « alicament », rappelle Frank Alétru : "c’est le premier alicament de l’humanité, un mélange entre plaisir du palais et soin du corps". Des vertus connues depuis l’Antiquité, aujourd’hui redécouvertes par des consommateurs en quête de bien-être et de naturalité. "Le miel remplace avantageusement le sucre transformé", insiste Béatrice Robrolle-Mary, rappelant qu’il s’agit de "glucides lents qui ne font pas grossir, quand on n’en abuse pas".

Menaces, innovations et nouvelle conscience collective

Des menaces qui bourdonnent. Si la passion pour le miel renaît, les apiculteurs, eux, font face à de multiples défis. Parmi eux, la prolifération du frelon asiatique, véritable fléau pour les ruches. "Cette année, le phénomène est amplifié, il couvre l’ensemble du territoire", alerte Frank Alétru. "Un seul nid consomme jusqu’à 11 kilos d’insectes, dont 80 % d’abeilles". Face à cette invasion, les professionnels réclament un plan national de lutte collective. "Il est plus que temps que l’État nous aide", plaide Béatrice Robrolle-Mary, rappelant que le frelon s’ajoute aux conséquences durables des pesticides.

Certains mélanges comptent jusqu’à huit origines différentes !

Fraudes et étiquettes floues : la bataille du vrai miel. Autre combat majeur : la transparence. L’étiquette "miel UE et non UE" exaspère les consommateurs, à juste titre. "Cela ne veut rien dire", tranche Frank Alétru. Bonne nouvelle cependant : après dix ans de lutte, les syndicats ont obtenu que les pots de miel conditionnés en France indiquent désormais l’origine exacte et l’ordre décroissant des provenances. Mais le président du syndicat va plus loin : "nous demandons aussi que les pourcentages soient précisés. Certains mélanges comptent jusqu’à huit origines différentes !".

Il y a un engouement incroyable pour découvrir l’apiculture.

L’appel au local. Pour Béatrice Robrolle-Mary, la solution est simple : "le plus fiable, c’est d’acheter son miel chez un apiculteur local". Une démarche plébiscitée par les Français, qui, selon Frank Alétru, ont doublé leur consommation en trente ans, passant de 400 à 800 grammes par an et par habitant. Le miel local, souvent vendu en circuits courts, incarne une tendance de fond : celle du retour au terroir et à la confiance. L’avenir de la filière passe aussi par les nouvelles générations et l’innovation. Ruches connectées, ruchers-écoles, parrainages citoyens : les initiatives se multiplient. "Il y a un engouement incroyable pour découvrir l’apiculture", se réjouit Frank Alétru, tout en appelant à un soutien accru de l’État. Béatrice Robrolle-Mary y voit un signe positif : "les consommateurs se tournent vers des produits naturels pour mieux préserver leur santé. On est ce que l’on consomme". Un lien sucré, mais surtout essentiel. Au-delà du goût et de la tradition, le miel raconte une histoire collective : celle des abeilles, des fleurs et des hommes. Il symbolise un lien profond entre la nature et la culture, entre la terre et la table. "Quand on soutient un apiculteur local, on soutient bien plus qu’un pot de miel", conclut Béatrice Robrolle-Mary.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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