Le Livre de poche fête ses 70 ans

Un peu d’histoire pour raconter cette saga du Livre de poche, créé par Henri Filipacchi, secrétaire général de la Librairie Hachette. En février 1953 sortent les premiers Livres de poche vendus 2 francs à l’époque, au prix quasiment d’un quotidien.

Le premier titre de cette gigantesque collection est "Kœnigsmark", de Pierre Benoit, une intrigue amoureuse et politique publiée à l’origine en 1918. Suivent notamment "Vol de nuit", de Saint-Exupéry - numéro 3 - "La Symphonie pastorale" d’André Gire ou encore "L’ingénue libertine" de Colette, dont on commémore cette année le centenaire de la naissance.

C’est dire que figurent sur les rayonnages tous les grands romans de la littérature, aux côtés de polars ou de livres pratiques de cuisine ou de bricolage. Parmi tous ces livres, lesquels sortent du lot ? Vous avez, certainement, le souvenir de l’un ou l’autre titre en mémoire ? De mon côté, je me souviens de "Germinal", lu en classe de quatrième. 600 pages que j’ai traînées pendant quelques semaines, et, les vacances venues, du "Merveilleux voyage de Nils Holgerson"…

Et comme beaucoup d’auditeurs, j'ai eu en main les plus diffusés des Livres de poche, le record étant détenu par "Vipère au poing" d'Hervé Bazin et "Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier, qui caracolent en tête avec plus de 5 millions de ventes chacun, suivis du "Journal d'Anne Frank", totalisant 4 millions d’exemplaires. Et puisqu’on parle chiffres, il y a plus de 1,2 milliards de livres de poche vendus depuis 1953, 25.000 titres inscrits au catalogue, 400 nouveaux chaque année. Six mille références étant toujours disponibles.

À cette déferlante, il faut ajouter, pour ne pas faire de jaloux, les collections de poche qui ont suivi, qu’il s’agisse de Folio, Pocket, Points, J’ai lu, qui sont des livres de poche sans pouvoir utiliser la dénomination, puisqu’il s’agit d’une marque déposée.

Reste un handicap : si le livre de poche met à disposition et à petit prix les livres qui ont le plus de succès, il faut attendre plusieurs mois avant qu’un titre "grand format" dit-on, soit proposé en poche. N’empêche : toutes marques confondues, c’est un livre poche sur quatre qui est vendu chaque année. Un atout pour la lecture…

Pourtant, petit ou grand, on a l’impression que le livre est en perte de vitesse. C’est vrai, malheureusement, il y a parfois des poches trop petites pour accueillir un livre, alors que le téléphone portable se glisse toujours facilement, allez savoir ! C’est une réalité, la pratique de la lecture est en baisse : d’après la dernière édition de l’étude du ministère de la Culture, "Cinquante ans de pratiques culturelles en France", 62% des 15 ans et plus ont lu au moins un livre au cours de l’année. Pas mal, mais c’est 11 points de moins par rapport à 1988. 51% de lecteurs, c’est la proportion la plus faible depuis le début des années 1970. 

Alors, pour soutenir la lecture, le Livre de poche se relooke régulièrement. Il a même inventé un prix des lecteurs pour couronner le meilleur Livre de poche de l’année – on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Heureusement, 70 ans après, on en parle encore… Il y a même une demi-douzaine de festivals qui rendent hommage ce petit livre à Gradignan, à Saint-Maur. Que voulez-vous, c’est tout un monde, le poche, ce petit livre qui a tout d’un grand !