Le livre de la semaine : Léon XIV, l'apôtre de la paix de Samuel Pruvot

Samuel Pruvot, pas Prévost comme Robert Francis, Samuel Pruvot est grand reporter au magazine Famille Chrétienne. Il est à Rome, place saint-Pierre ce 8 mai à 18 h 08 quand surgit la fumata bianca. Le lendemain, Marc Leboucher, l’éditeur, va déjeuner avec un ami cardinal à Santa Martha. Il se sert de Hors d’œuvre et quelle n’est pas sa surprise de voir les deux battants de la porte s’ouvrir sur Léon XIV sous les applaudissements de tous. Le nouveau pape salue. Marc Leboucher lui dit qu’une biographie est en train de commencer. Le Saint-Père lui souhaite bon courage et lui glisse « j’aimerais bien connaître la signification du patronyme Prevost, cherchez, ça m’intéressera… » Voilà le point de départ de cette biographie Léon XIV l’apôtre de la paix. La biographie a le mérite de nous replonger dans le conclave et les réunions préparatoires. Samuel Pruvot a le talent de nous faire vivre ces moments de l’intérieur : la lente procession des 139 électeurs vers la chapelle Sixtine en chantant la litanie des saints comme une supplique, est un joli moment du livre.

Robert Francis Prevost avant Léon XIV

Parlons d’abord de Robert Francis Prévost. Il a deux frères, Louis Martin et John Joseph. Leur père Louis Marius est directeur d’école et fait la catéchèse dans la paroisse. Leur mère, Mildred Agnes Prevost est bibliothécaire très investie aussi dans la vie de la paroisse. La paroisse, justement est au cœur de cette famille unie. Les Prevost reçoivent souvent les prêtres à leur table. Une vie de famille sans histoire, enracinée dans la prière et le partage. L’arbre généalogique du petit Robert est vaste comme le monde. Son grand-père maternel est né à Haïti, sa grand-mère maternelle est une créole métisse de Louisiane. Sa grand-mère paternelle, Suzanne, est Normande, du Havre, elle émigre à New York en 1915.  Sportif, le jeune Robert pratique le tennis et est même classé.  Samuel Pruvot est assez discret sur les sentiments du religieux, ses passions, ses lectures, ses enthousiasmes. A le lire, on comprend combien les événements le conduisent et combien une confiance en la Providence semble le guider. 

Léon XIV, 267ème successeur de Pierre

Devenu pape, Léon XIV doit désormais incarner le pontificat. Le témoignage de la journaliste Christine Kelly qui, bien que protestante, donne ce que nous avons souvent ressenti : « Le Pape est la seule voix qui peut être entendue partout sur la planète, et qui proclame la paix. (…) Même s’il n’est pas mon pape, il m’inspire. Ce pape apporte la joie, l’espérance, la confiance. Et il donne envie de croire ». Oui, cette élection fait un bien fou à l’Église et sans doute au monde. D’abord par une personnalité hors norme façonnée par la prière, le partage, l’humilité et l’obéissance. C’est un Augustin, il ; fut le premier d’entre eux pendant dix ans, ayant voyagé dans 50 pays où sont disséminés les quelques 2500 religieux de l’ordre, dont 1800 prêtres. . Polyglotte, il parle Italien, espagnol, anglais, français et comprend l’allemand. En deux ans, il apprit le patois des Péruviens des montagnes qu’il visitait à cheval.  Évêque de Chiclayo en 2014, il y laisse bien des amis. C’est la principale ville de la région de Lambayesque au nord du Pérou, 600 000 habitants. Il n’avait pas vraiment envie de rejoindre Rome quand le Pape François le lui demande. Mais c’est un homme d’obéissance, je l’ai dit et il prend la charge du Dicastère pour la nomination des Évêques avec cœur. Les trois femmes qui travaillent avec lui évoquent un homme d’humeur égale qui ne recule devant aucune difficulté avec une écoute attentive et respectueuse.

L'élection est arrivée comme une surprise et la montée des voix au cours du Conclave nous est fort bien racontée. Côté dossiers, ils sont nombreux. François a ouvert bien des chantiers qu’il faudra conclure. Il trouve un chemin synodal semé d’embûches, la réforme de la Curie à poursuivre, apaiser la querelle liturgique, rappeler que l’écologie n’est pas un luxe, poursuivre la lutte contre les abus sexuels et spirituels, poursuivre le dialogue interreligieux, s’affermir face aux diktats du wokisme et au défi des cultures… Samuel Pruvot établi cet état des lieux en rappelant que la sécularisation de l’occident est un défi majeur. « Léon XIV aura pour tâche de remobiliser le catholicisme dans les vieux pays de tradition catholique », écrit l’auteur qui parle même d’un « défi abyssal ».  Pour relever ces défis, Léon XIV devra imposer sa marque, son propre style.