Le jury œcuménique du Festival de Cannes récompense les frères Dardenne

Triomphe à Cannes pour Jeunes Mères, le nouveau film des frères Dardenne. Les deux scénaristes belges ont pu lever Prix du scénario, leur 7e récompense décernée par le jury exigent rassemblé sur la Côte d'Azur pendant la quinzaine. Jeunes Mères a également remporté le prix du jury œcuménique, récompense décernée par un jury à part entière qui s'attarde surtout sur la représentation des valeurs de l'Évangile sur le grand écran.

Un film qui enjoint à l'espérance

Le film prend place dans la région liégeoise, dans un "foyer maternel". Cinq jeunes femmes, toutes mères, y séjournent pour laisser derrière elles une vie d'embuches et essayer de se reconstruire. Malgré un passif d'abandons, d'addictions ou de troubles psychologiques, les cinq "jeunes mères" empruntent un chemin pavé d'espérance. Les frères Dardenne précisent : "On a un groupe de cinq jeunes mères en difficulté, proches du renoncement mais qui sont encore plein de vie". Un film emprunt d'une dimension sociale donc, comme souvent chez les Dardenne, mais cette fois-ci plus positif. 

Ce film nous révèle que même les petits gestes d'affection et de soin, qu'ils proviennent de personnes ou d'institutions, peuvent vraiment guérir les blessures les plus profondes

Si le jury du Festival de Cannes en a loué les qualités scénaristiques, le jury œcuménique a vu dans Jeunes Mères un vecteur puissant du message de l'Évangile. Lukas Jirsa, président de ce jury, précise les motivations derrière le choix de ce film sortie en salle le 23 mai : "Ce film nous révèle que même les petits gestes persistants d'affection et de soin, qu'ils proviennent de personnes ou d'institutions, peuvent vraiment guérir les blessures les plus profondes. Il y a toujours plus de films qui sont sombres et à premier regard désespérants. Le jury œcuménique aime plutôt les films où l'on trouve de l'espérance. Il y avait, en plus de Jeunes Mères, le film iranien, le gagnant de la Palme d'Or (Un simple accident), qui nous intéressait aussi beaucoup et était un candidat pour notre prix".

Un jury spécial au Festival

Au milieu des grands hôtels cannois, des soirées endiablées de la croisette et du glamour des marches tapissées de rouge, le jury œcuménique tient un rôle spécial pendant le festival. Présent depuis 1974, SIGNIS, l’Association catholique mondiale pour la communication, et Interfilm (une organisation œcuménique internationale qui établit un dialogue entre les Églises et le cinéma) nomment un jury œcuménique qui propose un regard particulier sur les films. Une mission que le pape François encourageait, comme le rappelle Lukas Jirsa : "Le pape François parlait souvent de catéchisme du regard. C'est-à-dire qu'il faut que nous apprenions de nouveau à voir notre monde. L'un des chemins pour avoir un regard frais sur les gens autour de nous, sur la société, mais aussi sur nous-mêmes, c'est l'art. L'art nous aide à approfondir notre propre humanité".

Le pape François parlait souvent de catéchisme du regard. C'est-à-dire qu'il faut que nous apprenions de nouveau à voir notre monde

Le jury œcuménique avait déjà récompensé les frères Dardenne en 2014 en leur délivrant un prix spécial, symbole de reconnaissance pour l'ensemble de leur œuvre. Habitués des drames sociaux, l'émotion suscitée par leurs films, de plus en plus lumineux, les encourage à poursuivre dans cette voie. "Les émotions ne sont pas mécaniques, elles font réagir et peuvent influencer nos choix futurs, pour un prochain film moins sombre !" Les deux frères fouleront surement de nouveau le tapis rouge dans les années à venir, à la conquête peut-être d'une nouvelle Palme d'Or.