Le gouvernement étudie un projet de relocalisation de disques de turbine à Aubert & Duval dans le Puy-de-Dôme

Voilà un sujet qui donne du fil à retordre jusqu’au sein de l’usine Aubert & Duval située dans la commune des Ancizes-Comps. Quel est donc ce projet de “relocalisation de disques de turbine haute pression d’hélicoptères chez Safran, dans le Puy-de-Dôme”, dont on entend parler depuis mars ?

C’est une ligne qui mentionne ce projet à l’étude, à la page 9 du dossier de presse de Financement de la Base Industrielle et Technologique, qui constitue l’ensemble des entreprises de défense qui participent à produire des équipements destinés aux trois armées.

Présenté le 20 mars dernier conjointement par le ministère des Armées et celui de l'Économie, ce document appuie la volonté gouvernementale de “sécuriser nos approvisionnements et relocaliser en France”, afin de ne pas dépendre de puissances étrangères dans un domaine aussi sensible que celui de la défense. Ce projet à l’étude en accompagne neuf autres, indique le document, mais il est le seul clairement mentionné. Pourtant, personne n’a été en mesure de confirmer l’information jusqu’à la publication de la première version de cet article. 

Aubert & Duval racheté par Safran et Airbus en 2023

"Cette information porte effectivement sur la société Aubert & Duval qui fournit à Safran Helicopter Engines ses bruts de disque de turbine haute pression. Il est prévu qu’ils relocalisent la production de ces bruts d’un de leur site vers un autre. Ces bruts sont destinés à l’ensemble de nos moteurs, et notamment ceux utilisés par le Ministère des armées. C’est une relocalisation à leur initiative, pas celle de Safran", a finalement répondu l'entreprise. 

Deuxième équipementier aéronautique mondial, Safran est présent dans le Puy-de-Dôme depuis 2023. En difficulté à l’époque, Aubert & Duval est racheté par Airbus et Safran, épaulé par le fonds d’investissement Tikehau. Le tout, soutenu par l’État. Coût total de l’opération : 170 millions d’euros.

Le métallurgiste pourrait aujourd’hui profiter d’un contexte international tendu, poussant la France à investir davantage dans son armement. Si Safran entérine que ce projet de relocalisation de disques de turbine haute pression d’hélicoptères concerne l’usine d’Aubert & Duval située dans les Ancizes, difficile d'obtenir une réponse depuis l'intérieur du site-même. Il s’agit bien d’un savoir-faire acquis sur le site, confirme une source syndicale. Tout en assurant ne pas avoir connaissance de cette commande spécifique. Les élus contactés sur cette question n’ont pas davantage d’éléments à livrer.
 

"Beaucoup d'effets d'annonce politiques"

“Il y a surtout beaucoup d’effets d’annonce politiques qui ne se concrétisent pas pour l’instant”, abonde une autre voix syndicale. Un discours corroboré par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

Un rapport publié en mai par le sénateur Dominique de Legge (LR) fait état d’inquiétudes sur l’exécution de la loi de programmation militaire 2024-2030 face à la situation très dégradée des déficits publics. En ajoutant à cela des retards dans les commandes par la Direction générale de l’armement (DGA). Contacté par l’intermédiaire du ministère des Armées, l’organe étatique n’a pas encore répondu. La préfecture du Puy-de-Dôme n’a pas donné suite. 

Article mis à jour le 4 juillet 2025 à 9h58, avec l'ajout de la réponse de Safran.