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Le film de la semaine : On vous croit, de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

Le film de la semaine : On vous croit, de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

RCF, le 12 novembre 2025 - Modifié le 13 novembre 2025
La Chronique cinémaLe film de la semaine : On vous croit, de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

On vous croit,  réalisé par Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, sort en salles ce 12 novembre 2025. Ce drame intense explore avec réalisme et sensibilité la difficile bataille judiciaire d’une mère pour protéger ses enfants d'un père soupçonné d’inceste. Porté par une interprétation de Myriem Akheddiou, le film met en lumière la violence silencieuse et le combat pour la vérité derrière les murs du tribunal.

Affiche du film "On vous croit" © DRAffiche du film "On vous croit" © DR

C’est un véritable choc par sa brièveté, il dure 1h18 et par son sujet, puisque le film traite du terrible thème des violences intrafamiliales et plus précisément des violences sexuelles sur mineurs. Il est aussi très sobre car il n'y a pas d’effet de mise en scène ni de musique. Il y a longue séquence centrale, tournée à 3 caméras, dans les conditions exactes d’une audience judiciaire où une mère, Alice, doit convaincre la juge que ses enfants sont en danger chez leur père. Alors qu’une procédure pénale pour viol est en cours, il nie tout en bloc et demande à récupérer leur garde. La juge va devoir trancher entre présomption d’innocence, et protection de
l’enfance.

Le film est une fiction

Le film est tourné comme un thriller haletant mais il s’agit bien d’une fiction. Une fiction extrêmement documentée par la coréalisatrice elle-même, puisque Charlotte Devillers est professionnelle de santé, spécialisée dans l’accompagnement d’enfants victimes d’agressions. Elle a écrit le scénario avec le cinéaste Arnaud Dufeys, après qu’ils aient assisté ensemble à de multiples audiences. Leur film s’attache à montrer l’importance de la parole donnée par la justice à chacun, la qualité d’écoute de la juge qui veille à éviter tout débordement, mais aussi le grand écart si difficile à tenir entre la mécanique froide de la justice et la tension émotionnelle extrême générée par les faits exposés. Il cherche enfin à sensibiliser sur la double peine des victimes mineures pour qui, au traumatisme initial, s’ajoute celui de ne pas être protégées comme elles le devraient.

Une actrice remarquable

La mère est jouée par Myriem Akheddiou et elle a déjà obtenu un prix spécial d’interprétation au Festival du polar de Reims
Elle pourrait vraiment obtenir un César pour ce rôle ! On l’avait
découverte chez les frères Dardenne, et plus récemment dans Sages-Femmes de Léa Fehner. Ici, elle est prodigieuse, une boule d’émotions contenues, entre la terreur de voir ses enfants
lui échapper, l’angoisse de ne pas être crue, la détermination qu’elle met à prouver sa bonne foi, jusqu’à avouer ses propres doutes. Elle reconnait « avoir préféré ne pas y croire au début » tellement cela lui semblait inimaginable.

Un titre qui fait sens

« On vous croit » est une parole libératrice plus puissante encore qu’un jugement judiciaire, que le film a d’ailleurs la finesse de ne pas révéler. Il se clôt en revanche sur les chiffres glaçants, tirés du rapport de la CIVIISE : 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France. Dans 81% des cas, l’agresseur est un membre de la famille. Une plainte n’est déposée que dans 12% des cas d’inceste. Seulement 1% de ces cas font l’objet d’une condamnation. Pour aller plus loin sur le sujet, retrouvez le podcast Silence on crie ! de Stéphanie Gallet. 

Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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