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Le Donut, ce nouvel indicateur qui peut changer le monde

Le Donut, ce nouvel indicateur qui peut changer le monde

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 11 avril 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
Je pense donc j'agis Le Donut, ce nouvel indicateur qui peut changer le monde

Alors que le PIB (Produit Intérieur Brut), indicateur phare et bien ancré dans notre société, tend à être dépassé, des initiatives naissent un peu partout pour proposer de nouvelles façons de mesurer l’activité économique. Développée par l’économiste Kate Raworth, la théorie du Donut est reprise par Bruxelles et Grenoble afin de repenser leur approche économique. Comment ces deux villes développent-elles ce projet ?

Schéma d'un Donut Schéma d'un Donut

La théorie du Donut vise à permettre à tous de bien vivre, dans une économie régénérative et distributive, ainsi qu’un espace sûr et juste. Cela passe par une tenue des activités humaines sans dépasser les limites planétaires, tout en permettant à chacun de vivre correctement, de façon durable. Cet indicateur fixe un plancher social et un plafond écologique entre lesquels l’humanité doit se maintenir pour ne pas tomber dans l’insuffisance ou le dépassement. 

 

C'est ainsi à chaque localité de s'inspirer de cette théorie en la déclinant en fonction des spécificités des territoires. La ville de Bruxelles propose par exemple quatre niveaux de déclinaison. Au niveau macro, il s’agit de se situer entre le plancher social et le plafond écologique par la prise en compte de la satisfaction et des aspirations de la population. Au niveau méso, l’ambition est de proposer un guide aux institutions pour que leurs actions ne dégradent pas leur environnement direct. Quant au niveau micro, les acteurs impliqués dans le projet sont incités à appliquer le Donut comme outil, afin de respecter une juste exploitation des ressources planétaires. Enfin, le niveau nano vise à inciter pédagogiquement au recours à cette théorie, à travers l'analyse d'un objet du quotidien.

 

Théorie du Donut

 

Bruxelles et Grenoble : deux villes novatrices


Dans le cadre du plan Grenoble 2040, la ville réfléchit à une nouvelle approche pour mettre en place des politiques adaptées. "Le Donut permet une réelle synthèse visuelle d’où on se situe à l’échelle locale et de mieux visualiser ce qui reste à faire. Forcément, ça peut effrayer de voir tout ce qui est à faire, mais il faut passer par là pour atteindre cet espace sûr et juste", explique Nathalie Le Meur, chargée du projet « Portrait Donut de territoire » à la mairie de Grenoble. Un travail approfondi est ainsi fait pour mesurer au mieux l’état du territoire.

 

Par ailleurs, le Donut permet une adaptation géographique propre au territoire où il est mis en place. À Grenoble, deux problématiques majeures sont au centre des réflexions. D’une part, les îlots de chaleur urbains auxquels la ville souhaite pallier par l’installation d’îlots de fraîcheur ou de zones d’eau. D’autre part, la précarité énergétique à laquelle sont sujettes les populations les plus vulnérables, qui sont directement exposées et seront les premières touchées par la crise climatique. “Derrière l’idée du Donut, il y a celle de transition écologique mais aussi de justice sociale", rappelle Nathalie Le Meur. 

 

À Bruxelles, la réflexion se construit notamment en partant d’objets du quotidien, comme le téléphone portable, pour comprendre les conséquences de son utilisation, tant localement que plus largement. "La ville travaille actuellement au niveau méso, c’est-à-dire avec les institutions, pour atteindre un monde viable et prospère", confie Paul Vanderstraeten, chargé de projet Brussels Donut.

 

Pour que l'indicateur prenne tout son sens, le travail doit nécessairement se faire avec la participation des citoyens. Depuis 2022, une grande masse de données a été récoltée à Bruxelles (plus de 200 indicateurs) avec le soutien du DEAL (Doughnut Economics Action Lab) qui propose des outils variés pour approcher les acteurs locaux et les faire participer. 

 

Les enjeux majeurs de ce changement d’approche


Malgré les efforts de Grenoble et Bruxelles, il reste compliqué pour les deux villes de travailler de jouer sur toutes les échelles du Donut simultanément, par manque de moyens, mais aussi parce qu’il faut veiller à ne pas aggraver les disparités sociales. Par exemple, les voitures les plus anciennes, qui sont davantage polluantes, sont sujettes à une interdiction ou limitation de circulation dans de plus en plus de villes. Or, certaines populations dépendent de leur voiture et ne possèdent pas de moyens suffisants pour la remplacer par une plus récente.

 

"Un autre obstacle à la mise en œuvre de la théorie du Donut peut être le clivage politique", déplore Charles Duplatre de la revue Projet. Que ce soit à Grenoble, avec la cohabitation entre Eric Piolle (EELV) et Laurent Wauquiez (LR), ou à Bruxelles, avec les gouvernements de coalition, il peut être difficile pour les élus de travailler ensemble efficacement. Mais le choix de l’indicateur implique nécessairement un horizon commun qui, une fois fixé, ne demande qu’à être mis en œuvre. "Il faut co-construire les indicateurs dans la démocratie, en associant les citoyens aux prises de décisions" précise Charles Duplatre.

 

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