Le cérémonial des adieux
Quel accord dans l’hommage à Jacques Chirac. Une France rassemblée autour de la dépouille de Jacques Chirac, accompagnée dans son deuil par de nombreux chefs d’Etat ou de gouvernement étrangers présents pour l’hommage solennel à Saint- Sulpice. Cette communion a même réveillé le bourdon de Notre Dame pour la première fois depuis le terrible incendie. La terre d’élection de Jacques Chirac, la Corrèze, lui rendra un hommage particulier en fin de semaine.
Des hommages surprenants ?
Cet élan s’est révélé remarquable par son ampleur, plus d’une dizaine d’années après le retrait de la vie politique de l’ancien président. Il a été porté par une couverture médiatique de grande ampleur. Cet éclairage post-mortem du destin de Jacques Chirac fait largement écho à celui que l’ancien président avait livré de François Mitterrand au soir de sa mort. Il s’inscrit dans une continuité républicaine de l’hommage qui fait fi des âpres combats politiques de la vie politique . C’est sans doute tant mieux.
Cette mise à distance des oppositions de fond contribue pourtant à largement lisser le récit des parcours. Ne reste alors, le plus souvent, au cœur du commentaire que le tableau exhaustif de la personnalité de celui à qui on rend hommage. Avec Jacques Chirac, l’exercice était d’autant plus facile qu’assez désinhibé (bien que secret), l’ancien président – dans presque toute sa vie publique- s’était montré fort sympathique, rigolard et d’abord assez facile. Il avait développé un sens aigu du contact, appuyé sur un amour proclamé des Français. Au moment des hommages, ce Chirac « sympa » a évidemment occupé tout l’espace. En effet, à l’heure de funérailles, il vaut mieux se souvenir des belles choses. C’est une forme d’hygiène démocratique.
François Mitterrand en quittant le pouvoir- physiquement et politiquement très affaibli - argumentait régulièrement face aux critiques : « L’histoire jugera ». Comment ne pas voir que l’appel à la distance dans les jugements que contient cette formule porte une forme de sagesse. Le bilan politique d’un président ne peut pas être tout entier contenu dans son tempérament. Il s’évalue vraiment à son action. Ce travail-là restera à faire.
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