L'association Sœur Emmanuelle en tournée contre le harcèlement scolaire
Le 6 novembre 2025, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, Asmae – Association Sœur Emmanuelle a dévoilé un sondage Odoxa saisissant : une famille sur trois est touchée par le harcèlement scolaire ou en ligne. Dans ce contexte alarmant, l’association multiplie les actions de terrain, notamment avec son Yalla Tour, qui a sillonné tout le mois de novembre dernier les écoles et collèges de France.
Atelier de sensibilisation contre le harcèlement au collège lors du Yalla tour de AsmaePas de cours d'espagnol cet après-midi là pour ces 5èmes du collège La Providence La Salle mais un atelier animé par l’association Sœur Emmanuel. Autour de planches de bande dessinée, Alexandre Lefèbvre, animateur en service civique pour l'association leur apprend à identifier les signes du harcèlement et les mécanismes à l’œuvre.
« On voit que la victime ne se sent pas bien, elle pleure », analyse une élève. L’animateur rappelle que le harcèlement peut commencer par de « petits gestes » répétés : « Faire semblant de taper quelqu’un, sans le toucher, c’est déjà une violence physique. »
Les élèves découvrent également les différents rôles : le harceleur, la victime, mais aussi les « renforçateurs », ceux qui encouragent le harcèlement sans en avoir pleinement conscience.
La discussion progressant, au fil de l’atelier les langues se délient : sur 29 élèves, six déclarent avoir déjà été victimes. Joachim, touché par ce qu’il a entendu, confie :
« Avec mes amis, on s’amuse à faire des feintes de frappe… Je pense que je vais arrêter, parce que ça peut affecter quelqu’un. »
Pour Blandine Grenon, conseillère principale d’éducation, le numérique amplifie le phénomène : « Sur les réseaux, taper quelque chose d’extrêmement grave, c’est beaucoup plus facile que de le dire. Et ça dépasse largement les frontières du collège. »

Un sondage Odoxa qui révèle l’ampleur du phénomène
À l’échelle nationale, les résultats du sondage Odoxa pour Asmae dressent un constat inquiétant :1 famille sur 3 touchée et 86 % des familles estiment que le harcèlement progresse. Dans 2 cas sur 3, le harcèlement dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant d’être détecté.
Ces violences prennent des formes variées , moqueries, insultes ou menaces en passant par les rumeurs et l'exclusion sociale jusqu'aux violences physiques. Quant au cyberharcèlement, il touche 14 % des familles, un chiffre probablement sous-estimé, tant ces violences sont difficiles à repérer. « Le cyberharcèlement est plus insidieux et poursuit les enfants jusque dans leur intimité numérique. Il est urgent de prévenir, détecter et accompagner », alerte Adrien Sallez, directeur général d’Asmae.
Des conséquences graves et durables pour les jeunes
Les effets du harcèlement, qu’il soit physique ou en ligne, sont profonds : Anxiété, perte de confiance , trouble de sommeil ou de l'alimentation. Selon l'association Soeur Emmanuelle 37 % des élèves harcelés décrochent scolairement et 15% d'entre eux présentent des symptômes dépressifs. Ce sondage montre cependant que les parents sont très mobilisés, 90 % des parents ont mis en place une forme de protection (limitation du temps d’écran, contrôle parental, comptes privés…), un tiers d’entre eux admettent se sentir dépassés par les pratiques en ligne de leurs enfants.
« La quasi-totalité des parents agissent, mais beaucoup manquent de repères. Il y a un besoin urgent de conseils et de soutien », rappelle le directeur général d’Asmae.. 1 enfant sur 3 victime n’a pourtant pas osé en parler à ses parents.

Avec plus de 17 000 enfants sensibilisés ces cinq dernières années, l’association Sœur Emmanuelle rappelle que parler à un adulte reste la solution la plus efficace pour être protégé. En cas de détresse, un seul numéro à composer : le 30 18 , l'appel est gratuit, anonyme et confidentiel.


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