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RCF L'Argentin Mgr Víctor Manuel Fernández à la tête du dicastère pour la Doctrine de la foi.
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L'Argentin Mgr Víctor Manuel Fernández à la tête du dicastère pour la Doctrine de la foi.

Un article rédigé par La rédaction - 1RCF Belgique, le 1 juillet 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023

Samedi 1er juillet, le Pape François a désigné un proche, l'Argentin Mgr Víctor Manuel « Tucho » Fernández comme responsable du dicastère pour la Doctrine de la foi. L'archevêque de La Plata (Argentine) entrera en fonction en septembre, succédant ainsi au cardinal espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer. Dans une lettre adressée au nouveau préfet argentin, le Pape François souligne l'importance de sa mission, qui consiste à préserver la foi en tenant compte des enseignements passés et récents de l'Église. Ci dessous, la réaction de mgr Fernandez et les coulisses de cette nomination.

Mgr Fernandez avec le pape François Mgr Fernandez avec le pape François

Le samedi 1er juillet, le Pape François a désigné un nouveau préfet pour le dicastère de la Doctrine de la foi. Il s'agit de Mgr Víctor Manuel Fernández (60), archevêque de La Plata en Argentine, qui assumera pleinement ses fonctions à partir de la mi-septembre. L'archevêque argentin est considéré comme un des penseurs de référence du pape François et la “plume” de ses principaux textes. Il succède au cardinal espagnol jésuite Luis Francisco Ladaria Ferrer, âgé de 79 ans, qui a dirigé le dicastère depuis 2017. Avant d’être élu pape sous le nom de Benoit XVI, Jozef Ratzinger dirigea également longtemps ce dicastère stratégique, sous le pontificat de Jean-Paul II.

 

Le nouveau « gardien du dogme » a dirigé pendant neuf ans l’université catholique pontificale argentine. Parmi les centaines d’articles dont il est l’auteur, on trouve un fil conducteur : le dialogue entre la théologie et la culture contemporaine, ainsi qu’une importance accordée aux questions sociales et à la mission. Depuis le début du pontificat de François, il a multiplié les allers-retours à Rome, pour travailler avec François, dont il est un proche parmi les proches. Un ami du pape explique que « lorsque le pape a un texte important à écrire, il s’enferme une semaine avec Mgr Fernàndez, et ils travaillent sans relâche jusqu’à ce quelque chose en sorte ».


Quelle est la pensée de la plume et du théologien du pape François ?


Surnommé en Argentine « El Tucho besame mucho » ("El Tucho m'embrasse beaucoup"), le quotidien La reppublica le qualifie de « réformiste détesté des conservateurs », la bonne personne pour écarter un passé marqué par des “méthodes immorales” pour poursuivre “d’éventuelles erreurs doctrinales”. Nul doute que le pape souhaite des alliés de confiance alors qu’il est défié par certains courants conservateurs, notamment aux États-Unis. En attirant à Rome un « jeune » archevêque de 60 ans, François prépare sa succession et garanti la pérennité des nouvelles orientations qu’il a souhaitées.

 

L’argentin signe volontiers ses publications sur les réseaux sociaux avec son surnom « Tucho ». Il est relativement actif sur les réseaux sociaux: Facebook (10.000 abonnés), Twitter (7.000 abonnés). Sur Twitter, il se définit comme « Évêque, théologien, poète, vie intérieure et sens social, analyse de la culture, des phénomènes populaires, expérience spirituelle et guérison. »

 

Avant sa nomination, il vient de passer une semaine de travail à Rome avec le pape. Juste 24 heures avant l’annonce, il a publié une photo avec le Pontife : « J’ai partagé une semaine avec François en travaillant toute la journée. Il tient des audiences et des réunions le matin et l’après-midi. Il travaille plus d’heures que quiconque au Vatican. Ici (sur la photo), vous le voyez fatigué après 5 heures denses, mais après la sieste il était parfait et heureux ». En Argentine, Tucho Fernandez est défini comme un « expert du baiser », d’où son surnom. Il le dit lui-même, qui en 1995 a écrit – l’un des nombreux ouvrages qu’il a publiés en Argentine et en Amérique latine – le livre Guéris-moi avec ta bouche : l’art d’embrasser. Mais dans la préface, c’est Tucho lui-même qui l’explique le mieux. « Je voudrais préciser que ce livre n’est pas tant écrit sur la base de mon expérience personnelle que sur la vie des gens qui s’embrassent », écrit-il dans l’introduction, « et dans ces pages je veux résumer le sentiment populaire, ce que les gens ressentent quand ils pensent à un baiser, ce que les mortels ressentent quand ils s’embrassent. Pour ce faire, j’ai longuement discuté avec de nombreuses personnes qui ont une grande expérience en la matière, et aussi avec de nombreux jeunes qui apprennent à s’embrasser à leur manière. J’ai aussi consulté de nombreux livres et j’ai voulu montrer comment les poètes parlent du baiser. Ainsi, essayant de résumer l’immense richesse de la vie, j’ai créé ces pages en faveur du baiser. J’espère qu’ils vous aideront à mieux embrasser, qu’ils vous motiveront à libérer le meilleur de votre être dans un baiser.”

 

Dans la lettre de mission qu'il lui a écrite (voir ci-dessous), le pape François souligne que le dicastère pour la Doctrine de la foi est appelé à renforcer l'enseignement de la foi plutôt qu'à prononcer des condamnations morales. François explique que l'approfondissement de la compréhension de la foi contribue à la nouvelle évangélisation. Étant donné la récente création d'une section disciplinaire dédiée au traitement des abus, le Souverain pontife demande à Mgr Fernández de concentrer sa mission sur l'objectif principal du dicastère, qui est la préservation de la foi. Le dicastère pour la Doctrine de la foi a besoin de présenter un Dieu qui aime, pardonne et libère, précise le Pape dans sa lettre adressée au nouveau préfet. Celui-ci aura pour tâche de veiller à ce que les documents publiés par le dicastère soient fondés sur une théologie adéquate, en accord avec le magistère ancien, mais également plus récent de l'Église, laissant la gestion des affaires de pédophilie à la sous-section du dicastère, dirigée par le monseigneur irlandais John Joseph Kennedy.

 

Dans une récente vidéo sur les réseaux sociaux, Mgr Fernandez dénonce la Cancel Culture. Voici un extrait de l'homélie qu'il a donnée le 25 mai dernier lors du Te Deum pour les 40 ans de la démocratie retrouvée en Argentine, devant toutes les autorités de sa région. "Malheureusement, nous vivons une époque de crise culturelle où il est difficile de soutenir ce regard qui voit au-delà des apparences, qui sait valoriser un être humain au-delà de sa beauté ou de son efficacité et même au-delà de ses faiblesses. La Cancel Culture, ou culture de l'annulation, progresse et devient une forme d'inquisition, d'élitisme autoritaire et despotique. Si quelqu'un a commis une erreur, nous l'effaçons à jamais. Mais l'un des aspects de cette annulation est de nier les droits de ces derniers, de les écarter, de les accuser de leurs propres maux. C'est cesser de les considérer comme des égaux, comme ayant une égale dignité, comme ayant une valeur sacrée du seul fait qu'ils sont humains."


Membre du Conseil pontifical pour la culture, Mgr Fernandez a également joué un rôle de premier plan lors des deux synodes sur la famille. On lui attribue également d’avoir tenu la plume pour de longs passages d’Evangelii gaudium, et d’avoir participé à la rédaction de Laudato si’. Et plus encore d’Amoris laetitia dont Sandro Magister a montré que Mgr Fernandez en a été l’auteur fantôme, qui citait d’ailleurs largement ses propres écrits rédigés dix ans plus tôt dans le document. Ainsi, Fernandez est réputé avoir co-rédigé "Amoris laetitia" et en particulier le fameux chapitre VIII, notamment sur l'admission à la communion des personnes divorcées engagées dans une nouvelle union. Il a même publié un livre en français sur le sujet en 2018, aux éditions Parole et Silence. Lors du forum "Stratégie pour la mise en œuvre pastorale de l’exhortation Amoris Laetitia du pape François" en juin 2021. Mgr Fernandez a prononcé une allocation en commençant par dire "qu' il convient maintenant de s’arrêter pour reconnaître ce que François nous a laissé concrètement comme une nouveauté irréversible. (...) François reconnaît la possibilité de proposer la continence parfaite aux divorcés en nouvelle union, mais admet qu’il peut y avoir des difficultés à la pratiquer (cf. note 329). La note 364 permet de leur administrer le sacrement de la réconciliation même lorsque de nouvelles chutes sont prévisibles. François remet en question les prêtres qui « exigent des pénitents une intention non dissimulée de faire amende honorable, de sorte que la miséricorde est ensevelie par la recherche d’une justice supposée pure » (ibid.). C’est pourquoi François demande aux pasteurs d’aider les fidèles  » à assumer la logique de la compassion avec les personnes fragiles et à éviter les persécutions ou les jugements trop durs ou impatients  (308)."

 

Lors du décès de Benoit XVI qui fut longtemps préfet pour la Congrégation de la doctrine de la Foi, Fernandez a publié ceci sur son mur facebook : "Pour combattre la pauvreté inique, qui opprime tant d'hommes et de femmes et menace la paix de tous, il est nécessaire de redécouvrir la sobriété et la solidarité comme des valeurs évangéliques et en même temps universelles. Plus concrètement, la pauvreté ne peut être combattue efficacement que si l'on fait ce que saint Paul écrivait aux Corinthiens, c'est-à-dire si l'on promeut l'"égalité", en réduisant l'écart entre ceux qui gaspillent le superflu et ceux qui n'ont même pas le nécessaire. Cela signifie faire des choix de justice et de sobriété, des choix qui sont d'ailleurs imposés par la nécessité d'administrer avec sagesse les ressources limitées de la terre" (Benoît XVI, 1er janvier 2009).

 

Qui est Mgr Víctor Manuel Fernández ?

 

Comme le pape François, Víctor Manuel Fernández est né dans une famille de commerçants argentins. C'était le 18 juillet 1962 à Alcira Gigena, une modeste ville de 5 000 habitants située à une quarantaine de kilomètres de Río Cuarto dans la province de Córdoba (Cordoue). Emilio, son père décédé en 1978, était un fervent partisan du leader radical Raúl Alfonsín. La même année Víctor Manuel Fernández entre au séminaire archidiocésain de Córdoba.


Il s'installe à Buenos Aires pour compléter ses études à la Faculté de Théologie de l'Université catholique argentine (UCA). Il est ordonné prêtre en 1986. Ensuite, il se spécialiser à Rome en études bibliques à l'Université pontificale grégorienne. Tant à Rome qu'à Cordoue ou Buenos Aires, il consacre ses week-ends à travailler dans des paroisses populaires de la périphérie et rencontre le prêtre jésuite Pablo Tissera qui devient son directeur spirituel.

 

Fernández travaille comme formateur au séminaire de Río Cuarto jusque 1993 puis à nouveau à partir de ​​2000, il est curé de la paroisse de Santa Teresita. Il enseigne dans le même temps au séminaire métropolitain à Buenos Aires. Il est sollicité par l'épiscopat argentin pour présenter les défis pastoraux que soulèvent la culture actuelle dans la formation des prêtres et des agents pastoraux. Remarqué par le cardinal Jorge Bergoglio pour ses qualités d'écriture, Víctor Manuel Fernández est invité en tant qu'expert à la fameuse cinquième Conférence générale des évêques latino-américains, qui se tient en 2007 au sanctuaire marial d'Aparecida.  Il a donc rédigé avec le futur pape François le Document d’Aparecida qui avait pour objectif de définir l’orientation pastorale de l’Église catholique sur le continent latino-américain.

 

Lorsque le cardinal Jorge Bergoglio devient pape en 2013, il nomme immédiatement Fernández archevêque titulaire de Tiburnia. Il est nommé doyen de l'Université catholique d'Argentine. En 2017, il est nommé président de la Commission épiscopale pour la foi et la culture au sein de la conférence épiscopale d'Argentine, puis a été nommé archevêque de La Plata en juin 2018. Fernandez jouit de l’appellation de « théologien personnel » du pape. On se souviendra aussi du fait qu’à La Plata, “Tucho” a pris la suite de l’évêque conservateur Hector Aguer qui, au lendemain de ses 75 ans, a été contraint par la volonté du pape François non seulement de quitter son siège épiscopal mais de disparaître du diocèse dans les huit jours, sans même pouvoir se retirer comme il l’avait prévu dans l’ancien petit séminaire de la ville. Il n’avait même pas le droit de dormir à l’archevêché en attendant ce véritable exil.

 

Le 25 mai dernier, Fernandez a présidé un Te Deum atypique à La Plata, car il était axé sur la célébration des 40 ans de la démocratie retrouvée. Il a rassemblé des représentants de différentes religions et de différentes églises, ainsi que le gouverneur de la province et des membres de son cabinet, le maire de La Plata, le maire de Berisso, des membres du pouvoir législatif et judiciaire, des militaires, des policiers, des syndicats, des organisations sociales, et des représentants de diverses institutions de la région. Au début, l'archevêque Víctor Fernández a déclaré : "En ce Te Deum œcuménique et interreligieux, avec des sœurs et des frères de différentes églises et communautés religieuses, nous sommes réunis pour remercier Dieu pour ces 40 années de rétablissement de la démocratie. Quarante ans de démocratie ininterrompue, ce qui n'est pas rien pour l'Amérique latine. D'ailleurs, nous la tenons pour acquise, comme s'il n'était pas possible de revenir en arrière et de la perdre à nouveau. Pas nécessairement par un coup d'État violent, car outre les coups d'État militaires, il existe des coups d'État civiques, des coups d'État commerciaux et de nombreuses manières subtiles de détruire la démocratie. C'est pourquoi il est nécessaire de répéter avec la même force que "plus jamais ça !".
 

RCF

Mgr Fernandez au milieu de ses paroissiens lors du Te Deum pour les 40 ans de la démocratie retrouvée.

Lettre de mission du Pape François


Dans une lettre accompagnant la nommination du nouveau préfet, le Pape François explique le sens de sa mission, qui est de garder la foi. Le Saint-Père souligne que le dicastère pour la Doctrine de la foi a désormais une mission plus axée sur le renforcement de l'enseignement de la foi que sur la proclamation de condamnations morales. Selon François, le développement de la compréhension de la foi contribue à l'œuvre de la nouvelle évangélisation. Étant donné la récente création d'une section disciplinaire chargée du traitement des abus, le Souverain pontife demande à Mgr Fernández de se concentrer sur l'objectif principal du dicastère, qui est de préserver la foi.

 

Dans sa lettre au nouveau préfet, le Pape souligne également que le dicastère pour la Doctrine de la foi doit présenter un Dieu aimant, pardonnant et libérateur. Il revient donc à Mgr Fernández de veiller à ce que les documents publiés par le dicastère reposent sur des bases théologiques adéquates, en harmonie avec l'enseignement passé et récent de l'Église.

 

Voici l'intégralité de la lettre publié dans le Bollettino du Vatican:

Lettre du Saint-Père au nouveau Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi

À Son Excellence Révérendissime
Mgr Víctor Manuel Fernández

Cité du Vatican, 1er juillet 2023

 

Cher frère,

 

En tant que nouveau Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, je vous confie une tâche que je considère très précieuse. Son objectif central est de veiller sur l'enseignement qui découle de la foi afin de "donner une raison à notre espérance, mais non comme des ennemis qui montrent du doigt et condamnent". Le Dicastère que vous présiderez a connu d'autres époques où des méthodes immorales ont été utilisées. Il s'agissait d'époques où, au lieu de promouvoir la connaissance théologique, on poursuivait d'éventuelles erreurs doctrinales. Ce que j'attends de vous est certainement très différent.

Vous avez été doyen de la Faculté de théologie de Buenos Aires, président de la Société argentine de théologie et vous êtes président de la Commission Foi et Culture de l'épiscopat argentin, dans tous les cas élus par vos pairs, qui ont ainsi apprécié votre charisme théologique. En tant que recteur de l'Université catholique pontificale d'Argentine, vous avez encouragé une saine intégration des connaissances. D'autre part, vous avez été curé de "Santa Teresita" et jusqu'à présent archevêque de La Plata, où vous avez su faire dialoguer les connaissances théologiques avec la vie du saint peuple de Dieu.

 

Étant donné que pour les questions disciplinaires - liées en particulier à l'abus de mineurs - une section spécifique a été récemment créée avec des professionnels très compétents, je vous demande, en tant que Préfet, de consacrer votre engagement personnel de manière plus directe à la finalité principale du Dicastère qui est de "garder la foi".

 

Pour ne pas limiter la portée de cette tâche, il convient d'ajouter qu'il s'agit "d'accroître l'intelligence et la transmission de la foi au service de l'évangélisation, afin que sa lumière soit un critère pour comprendre le sens de l'existence, surtout face aux questions soulevées par les progrès de la science et par l'évolution de la société". Ces questions, reprises dans une annonce renouvelée du message évangélique, "deviennent des instruments d'évangélisation", parce qu'elles permettent d'entrer en dialogue avec "le contexte actuel dans ce qu'il a d'inédit dans l'histoire de l'humanité". De plus, vous savez que l'Église "a besoin de grandir dans son interprétation de la Parole révélée et dans sa compréhension de la vérité", sans que cela implique l'imposition d'une seule manière de l'exprimer. En effet, "les différentes lignes de pensée philosophique, théologique et pastorale, si elles se laissent harmoniser par l'Esprit dans le respect et l'amour, peuvent aussi faire grandir l'Église". Cette croissance harmonieuse préservera la doctrine chrétienne plus efficacement que n'importe quel mécanisme de contrôle.

 

Il est bon que votre tâche exprime que l'Église "encourage le charisme des théologiens et leur effort de recherche théologique" à condition "qu'ils ne se contentent pas d'une théologie de bureau", d'une "logique froide et dure qui cherche à tout dominer". Il sera toujours vrai que la réalité est supérieure à l'idée. En ce sens, il est nécessaire que la théologie soit attentive à un critère fondamental : considérer comme "inadéquate toute conception théologique qui, en définitive, met en doute la toute-puissance de Dieu et surtout sa miséricorde". Nous avons besoin d'une pensée capable de présenter de manière convaincante un Dieu qui aime, qui pardonne, qui sauve, qui libère, qui promeut les personnes et les appelle au service fraternel. Cela se produit si "l'annonce se concentre sur l'essentiel, qui est le plus beau, le plus grand, le plus attirant et en même temps le plus nécessaire". Vous savez bien qu'il existe un ordre harmonieux entre les vérités de notre message, où le plus grand danger survient lorsque les questions secondaires finissent par éclipser les questions centrales.

 

Dans l'horizon de cette richesse, votre tâche implique aussi un soin particulier pour vérifier que les documents de votre Dicastère et des autres ont un support théologique adéquat, sont cohérents avec le riche humus de l'enseignement pérenne de l'Église et en même temps prennent en compte le Magistère récent. Que la Sainte Vierge vous protège et veille sur vous dans cette nouvelle mission. Ne cessez pas de prier pour moi.

Fraternellement, 

FRANCISCO

Fernandez

Víctor Manuel Fernández a écrit plus de 300 publications

 

Fernández est un auteur prolifique qui compte plus de 300 publications à son actif. Intime du pape François depuis plus de 20 ans, il plaide pour l'annonce renouvelée de l'Evangile et pour une Eglise missionnaire. 

 

Deux des trois derniers livres qu'il a publié traitent de l'Esprit-Saint. "El fruto del Espíritu Santo. Una vida diferente es posible," aux éditions San Pablo, Buenos Aires 2019, et "Catequesis con Espíritu" aux éditions Agape, Buenos Aires 2023. "L'Esprit Saint est le doux hôte de l'âme. Il habite dans nos cœurs et, dans la mesure où nous lui laissons la place, il agit dans nos vies et nous sanctifie.  Mais de quelle manière agit-il ?" Victor Manuel Fernandez, à partir du texte de Galates 5,22-23, parcourt et interprète différents passages bibliques qui nous aident à comprendre et à approfondir l'œuvre de l'Esprit et les fruits qu'il produit en nous. Pour qu'une vie différente soit possible. Le fruit de l'Esprit est : l'amour, la joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi (GAL 5, 22-23).

 

En 2014, il publie "Ce que nous dit François", un livre d'entretien avec le journaliste Paolo Rodari, ouvrage qui a un impact important dans les milieux catholiques européens. Dans cet ouvrage, Víctor Manuel Fernández, théologien argentin et proche collaborateur du pape François, examine les grandes lignes du pontificat actuel à la lumière de l'exhortation Evangelii Gaudium. Paolo Rodari, le journaliste qui mène l'entretien, interroge: "Où ce pape souhaite-t-il nous conduire ?". Fort de sa connaissance approfondie des préoccupations du pape, Fernández apporte des éléments de réponse en soulignant et en commentant les idées principales du texte. Il met en évidence l'importance de l'annonce de l'Évangile et l'éloignement des principes moralisateurs, la nécessité d'une Église missionnaire ouverte à tous, y compris aux plus éloignés, les résistances ecclésiastiques face aux propositions de changement du pape, et la notion de "peuple" qui sous-tend toute la pensée de François et qui permet de comprendre son attention constante envers les plus démunis. Cet entretien offre de nombreuses clés de lecture pour comprendre Evangelii Gaudium et saisir le sens des transformations engagées par ce pape "venu du bout du monde". Ces éléments font la richesse de cet ouvrage.

 

En mars 2020, il publie aux éditions Salvator: "Habiter chaque instant de sa vie avec le Christ". Une question : pourquoi, alors que le monde a tant besoin de l'Évangile, nous chrétiens sommes si hésitants à affirmer notre foi et à nous investir dans la mission ? Pour l'auteur de ce livre, la réponse consiste dans notre résistance à faire nôtre la mission que Dieu nous confie. Quel que soit notre état de vie, le principal frein à l'évangélisation, c'est nous-mêmes. Ou plutôt, la barrière que nous mettons entre notre « moi » chrétien et le monde. Saurons-nous faire l'unité ? Une acuité remarquable, un ton simple et direct : le livre essentiel pour retrouver la ferveur et le sens profond de son action. 

 

En 1994, il publie "Theologia Cordis: Saggio di teologia spirituale", un ouvrage sur la théologie spirituelle, explorant les dimensions intérieures de la foi et de la vie spirituelle. En 2013, "El fuego de la Misión: Reflexiones sobre Evangelii Gaudium", un livre qui offre des réflexions approfondies sur l'exhortation apostolique du pape François, Evangelii Gaudium, mettant l'accent sur l'importance de la mission évangélique et de l'engagement social de l'Église. Il publie en 2014 "Heal Me With Your Mouth: The Art of Kissing", un livre qui aborde le thème de l'amour et de l'intimité dans les relations humaines, en utilisant le baiser comme métaphore de la communication et de la guérison.


Il publie aussi par exemple "Se libérer de la tristesse et des idéees noires" et "Se libérer de la peur des autres" le 9 juillet 2020. Encore par exemple : 
(es) Víctor Manuel Fernández, Los cinco minutos del Espíritu Santo : Un camino espiritual de vida y de paz, Editorial Claretiana, 2021 (ISBN 978-987-762-075-7).
(en) Victor Manuel Fernández et Paolo Rodari, The Francis Project : Where He Wants to Take the Church, Paulist Press, 2016 (ISBN 978-1-58768-575-0).
(pt-BR) Victor Manuel Fernández, Para curar a angústia causada pelos outros, Paulus, 2014 (ISBN 978-85-349-3577-7).
Victor Manuel Fernandez et Paolo Rodari, Ce que nous dit François, éditions de l'Atelier, 2014 (ISBN 978-2-7082-4271-5).

Réactions de mgr Fernandez et coulisses de cette nomination surprise

 

Mgr Fernandez a publié cette lettre sur sa page Facebook le dimanche 2 juillet.

 

LETTRE DE SALUTATION A L'ARCHIDIOCESE DE LA PLATA .

Chère communauté,
J'ai passé cinq belles années avec vous. J'ai vu la présence de l'Esprit Saint palpiter dans de nombreux moments que nous avons partagés et dans beaucoup de vos initiatives. Je me suis vraiment sentie comme l'une d'entre vous et j'ai même apprécié la ville lors de mes promenades de l'après-midi. Parfois, je me suis même promené à Berisso et à Ensenada et j'ai ressenti le plaisir d'être pasteur sur ces terres. J'ai souffert avec l'angoisse des pauvres et j'ai aussi aimé partager les joies. Parfois, j'ai pu les agacer par mon insistance, mais tout cela venait du désir de rendre notre archidiocèse encore plus beau. Nous avons connu des moments très difficiles, mais on s'aperçoit alors que l'on apprend quelque chose de tout, et que de chaque épreuve on sort plus riche, car c'est ainsi que Dieu travaille.

 

Le pape François m'a surpris avec cette nomination. J'avoue que j'ai passé un mois à me couper les ongles, parce que je n'avais pas envie de partir. Je vous dis qu'il y a quelques mois, j'ai fait ouvrir une grande fenêtre dans la partie de la maison où je vis, pour avoir une vue plus large, et j'ai dit : "maintenant j'ai tout, je peux vivre ici encore 15 ans, avec bonheur". D'autre part, le fameux dicastère que le pape m'a confié a une section consacrée aux abus sur mineurs, un sujet qui nous blesse et nous fait honte, et je ne me sens pas qualifiée ni n'ai reçu la formation nécessaire pour guider quelque chose de ce genre. C'est pourquoi, il y a un mois, j'ai dit au pape que je n'acceptais pas. Je l'ai fait avec toute la douleur de mon âme, parce qu'il est âgé, qu'il a besoin de personnes en qui il peut avoir confiance, que c'est un grand homme et que je suis très reconnaissante pour les nombreuses bonnes choses que j'ai reçues de lui. Mais je lui ai dit non et je suis restée avec cette épine dans le pied.

 

Il y a quelques jours, alors qu'il était à l'hôpital, il m'a redemandé. Comment aurais-je pu dire non ? Mais il m'a facilité la tâche en me disant qu'il n'était pas nécessaire que je gère les cas de maltraitance d'enfants, car il y a une équipe de spécialistes qui le font très bien et qui peuvent travailler de manière assez autonome. Et que ce dont il avait besoin, c'était d'un Préfet qui puisse consacrer plus de temps à ce qui donne son nom au Dicastère : "la doctrine de la Foi". C'est-à-dire promouvoir la pensée chrétienne, l'approfondissement des vérités de la foi, l'étude des grands thèmes en dialogue avec le monde et les sciences. Et c'est une tâche que j'aime, une tâche pour laquelle je me sens aussi capable qu'un poisson dans l'eau. Ce dicastère s'appelait autrefois le "Saint-Office", et il était la terreur de beaucoup, parce qu'il se consacrait à la dénonciation des erreurs, à la persécution des hérétiques, au contrôle de tout, jusqu'à la torture et au meurtre. Tout n'était pas comme ça, mais c'est une partie de la vérité. François m'a écrit que la meilleure façon de prendre soin de la doctrine de la foi est de grandir dans notre compréhension de celle-ci, car "cette croissance harmonieuse préservera la doctrine chrétienne plus efficacement que n'importe quel mécanisme de contrôle". Surtout si nous savons comment présenter un Dieu qui aime, qui libère, qui élève, qui promeut les gens.


Enfin, il m'a promis d'accompagner mon rendez-vous d'une lettre dans laquelle il préciserait tout cela, et qu'il réfléchissait très attentivement au contenu de cette lettre, qui serait très importante pour l'avenir. Voici la précieuse note qu'il m'a envoyée et qui est déjà considérée par beaucoup comme un texte mémorable.

 

J'ai donc fini par dire oui.

 

Je vous demande de m'accompagner par vos prières dans cette mission, car tout le monde ne sera pas satisfait de cette nouvelle orientation donnée par François, et je n'ai pas confiance en mes capacités, mais en la certitude que l'Esprit Saint me guidera. Une fois que j'ai dit oui, la semaine dernière, François m'a demandé d'aller voir une petite maison qu'il avait choisie pour moi, à l'intérieur du Vatican, avec une petite terrasse et une vue sur le jardin. Il m'a dit : "Parce que tu viens de Rio Cuarto, de la campagne, et que tu as besoin d'une vue large, pour regarder la verdure". En effet, si j'ouvre la fenêtre et que je ne vois que des immeubles, je me sens étouffé. Mais je vous raconte cela pour que vous puissiez voir la sensibilité et l'exquise charité de François.

 

Je resterai à La Plata jusqu'au début du mois d'août, puis le Pape nommera certainement un administrateur jusqu'à ce qu'il y ait un nouvel archevêque, ce qui ne saurait tarder. Mais je ne veux pas partir sans vous dire au revoir et sans vous laisser une bénédiction sincère. C'est pourquoi je vous invite à la messe d'adieu qui aura lieu le samedi 5 août à 16 heures. Quelques jours plus tard, je me rendrai à Rome afin de pouvoir commencer mon travail en septembre avec tout ce qu'il faut.

 

Merci à tous pour ce que vous faites, chacun construisant le Royaume de Dieu à sa manière. Que le Seigneur vous préserve la joie de vivre et de servir. Je n'oublierai jamais de prier pour cet archidiocèse où j'ai pu sentir le goût de la paternité spirituelle.

 

+ Víctor Manuel Fernández

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