L’archevêque de Tours revient sur le pontificat d’un Pape qu’il aura bien connu

Ce qui est très touchant, c'est de voir que sa mort est remplie de symboles.

Malade depuis quelques mois, le Pape François aura attendu de faire une dernière apparition dans la foule, et de bénir Rome et le monde avant de disparaître. Décédé le lundi 21 avril 2025, lendemain de Pâques, Jorge Mario Bergoglio aura marqué l’histoire pontificale en devenant le premier pape du continent américain.

RCF Touraine - Que retenir de son pontificat ?  

Monseigneur Vincent Jordy - C'est vraiment quelqu'un qui a beaucoup occupé à la fois l'espace public à travers les relations internationales, et en même temps, qui a beaucoup fait bouger l'Église de l'intérieur par des réformes qu'il a voulu lancer. Le pape François a eu un pontificat de douze années, qui viennent de s'écouler dans des circonstances très complexes de l'histoire du monde. Les abus dans l’Église auront marqué particulièrement le pontificat du Pape. Benoit XVI avait commencé à mettre en place un processus d’accueil des victimes, mais le Pape François en a fait l’affaire de tous, et de toute l’Église. Il a été très exigeant sur la vérité. 

Il aura aussi permis à l’Église de s’exprimer à voix haute sur les questions écologiques. Quand l’encyclique ‘Laudato Si’’ est sortie, elle était en première page du journal Le Monde. Ca voulait dire qu’il y avait un geste très symbolique, que le Pape est une forme de conscience pour le monde, il interroge quelque chose d’essentiel de notre monde.

Un pontificat simple, direct, avec le souci des périphéries et des plus pauvres.

RCF Touraine - Le Pape aimait-il la France ? S’il l’a visitée trois fois au total, il n’a jamais souhaité dire qu’il posait le pied sur le sol français.

Monseigneur Vincent Jordy - Ce qu’il se passe, c'est que le pape François, qui a fait 47 voyages, avait fait un choix très clair. Celui d’aller vers des petits pays. Un pontificat simple, direct, avec le souci des périphéries et des plus pauvres. Les pays européens ont peut-être eu le sentiment d’être négligés, mais il avait d’autres priorités. Quand on regarde la vie du Pape, ses écrits, on voit toute son affection pour la France. Il aimait beaucoup Blaise Pascal, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et bien d’autres. Il a dit son lien et son attachement à la France autrement que par des voyages.

RCF Touraine – Vous avez pu rencontrer le Pape plusieurs fois, c’est d’ailleurs lui qui vous a fait archevêque, quels souvenirs vous ont marqués ? Quels liens personnels avez-vous eu avec lui ?

Monseigneur Vincent Jordy - Lorsque j’étais évêque de Saint Claude j’ai pu célébrer dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe seul avec lui. Nous nous sommes salués dans la sacristie, un peu comme si je célébrais avec un curé de campagne italienne. Et puis en devenant vice-président je le rencontrais plus régulièrement. Je me souviens de décembre 2023, il venait de fêter son anniversaire, je lui avais apporté l’image d'Épinal qu’avait fait faire mon prédécesseur, Monseigneur Aubertin, sur Saint Martin dans un style art déco. Le Pape l’a déroulée comme un enfant découvrant un cadeau, il avait du mal à se mouvoir, et avait beaucoup de plaisir à découvrir cette image. Il a alors dit avec un grand sourire « c’est le patron de la ville de Buenos Aires ». Il a ajouté avec un éclat de rire que l’actuel président d’Argentine était d’ailleurs un peu agacé que ce soit un Français. La concélébration à Marseille avec lui était aussi un grand moment pour moi.

RCF Touraine – Serez-vous aux obsèques du Pape ce samedi ? 

Monseigneur Vincent Jordy - Je ne peux pas encore vous dire. On regarde les horaires de train, d’avion, tout est pris d’assaut. En tout cas, il y aura normalement dimanche prochain à 18h30 une messe d’action de grâce pour le Pape François à la cathédrale de Tours.