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L'Ambassadeur de suisse finit son périple à vélo à Vichy

Un article rédigé par Pierre Gaudin - RCF Allier, le 14 novembre 2023 - Modifié le 14 novembre 2023
Emissions spécialeAmbassade Suisse - Walter Stucki Enro


Roberto Balzaretti, Ambassadeur de Suisse en France terminait son périple à vélo à assistance électrique "en route avec la Suisse" le 8 novembre dernier dans la ville de Vichy. À cette occasion une plaque en l'honneur de Walter Stucki, ancien ministre de la Suisse en France qui a sauvé la ville de la destruction prévue par les nazis à été dévoilé.  Interview avec le Diplomate :

Roberto BalzarettiRoberto Balzaretti

Pourquoi avoir choisi Vichy pour clore votre périple à vélo ?  

C’est un peu le hasard du calendrier...On s’est dit qu’il ne fallait pas qu’on oublie le centre de la France, et il se trouve qu’en préparant cette étape, nous nous sommes  rendu compte qu’il aurait un anniversaire, un événement sérieux, particulièrement sérieux, qui est l’honneur que l’on va rendre à Walter Stucki cet après midi. C’est  une belle manière que de clore ce périple de proximité en mettant en exergue l’action d’un Suisse illustre, prédécesseur des ambassadeurs de de Suisse en France.

Limoges-Vichy c’est n’est pas rien, avez-vous eu le temps de vous arrêter ?  

Cette semaine était particulièrement intense parce qu’il y a beaucoup de kilomètres,  et il faut avouer qu’on ne fait pas toute la route  à vélo...Nous avons une voiture électrique,  qui parfois nous suit, une camionnette avec tout notre matériel,  et des vélos...Mais ce que j’essaie de faire à chaque fois c’est de passer quelques heures sur le vélo à travers le territoire.  On a pédalé à Limoges, on a pédalé pour arriver à Clermont-Ferrand , on est passé à côté du Puy de dôme qui était très  joli ce matin, puis on a pédalé pour venir à Vichy. C’est tout de même à chaque fois 30 ou 40 km par jour;  parce que je veux sentir le territoire.  Ici c’est particulièrement touchant parce que ça ressemble beaucoup à notre canton de Fribourg ou au canton de Vaud. A un autre moment  je me suis cru au Tessin, d’où je viens au sud de la Suisse avec ces magnifiques bois de hêtre qui sont très typiques aussi de notre région. Ce sont des souvenirs au-delà du souvenir, c’est presque épidermique et je trouve que c’est très important pour essayer de comprendre un pays, que de vivre son territoire, parfois même tout seul, tranquille. Le vélo se prête à ça, c’est comme la marche :  vous êtes seul, vous regardez, vous sentez, vous respirez, vous écoutez...C'est très important, même   si cette fois-ci on a dû faire quand même beaucoup de kilomètres en voiture.

Finalement, est-ce que vous allez garder l’habitude du cyclisme maintenant que votre périple est terminé ?  

Je fais du vélo en dehors de de ce projet, surtout en Suisse, en congé : Le vélo est un sport extraordinaire, ce n’est pas violent sur l'organisme, et, c'est de plus en plus sûr... Parce que nous sommes de mieux en mieux séparés du trafic... Vous êtes dans la nature, et c'est bon pour la santé c'est de la mobilité douce. Au-delà du sport, je pense que ça deviendra assez rapidement, dans nos villes engorgées, un moyen de se déplacer qui est agréable.

 Vous avez parlé de remettre l’humain au cœur de tout ça …  

Je soupçonnais qu’il y avait plus que seulement  des données économiques et sociales,  parce qu’on a une longue histoire commune,  on a une langue commune on a une proximité séculaire enracinée,  ça c'est mon premier constat. Le second  c’est une vitalité économique assez extraordinaire :  La France pour la Suisse est un pays très important économiquement: nous sommes le 3e investisseur en France.  L’industrie Suisse a investi 107 milliards d’euros dans ce pays. A peu près comme l’Allemagne, pour vous donner des proportions. Beaucoup de Suisses vivent ici depuis très longtemps : Le premier résultat est un constat de vitalité de l’économie et des échanges, le second ou le troisième constat viendra plus tard ; arrivera-t-on avec ces visites à transformer un petit peu la relation ?  À la rendre un peu plus continue ?  à instaurer un rythme de contacts qui aille au-delà de de ce périple à vélo...  Ça c'est le vrai défi ! Quelque-part, c’est maintenant que le véritable travail commence.  Nous avons rencontré deux-mille cinq-cents, ou  trois milles personnes sur le territoire, de tous les niveaux... chefs d’entreprises, maires, présidents de régions, artistes, directeurs de théâtre,  et ainsi de suite.  On va faire en sorte de soigner ce réseau pour qu’il continue quelque part de faire un petit peu notre travail, d’être un réseau d’ambassadeurs de la Suisse en France au-delà de la personne qui est à Paris.  


VAE


 

 

Finalement, la diagonale du vide est-elle si  déserte ?  

Je constate quand même un besoin en termes de mobilité collective de liaison ferroviaire un peu plus rapide, mais elle n'est pas vide : il y a des villes extraordinaires très intéressantes et puis une campagne, une nature, un territoire agricole qui est essentiel. Je n’ai pas vu de de de vide, au contraire !  

Alain Berset est le président de la Confédération helvétique,  le 15 et le 16 novembre prochain il recevra Emmanuel Macron en suisse. Que souhaite-t-on pour cette rencontre quand on est diplomate ? 

Le président Macron vient en visite officielle. Ce que l’on souhaite à chaque fois que deux  personnalités de haut rang se rencontrent ce sont deux choses :   l’une c’est que les deux personnalités mettent un visage derrière une politique, ça nous rassure sur l'état de la relation. Autrement on ne se rencontre pas !  Mais surtout la deuxième chose qui est encore plus importante :  on attend des impulsions…  Ce qu'on souhaite c'est qu’ à la sortie de cette rencontre – et d’ailleurs monsieur Macron vient avec beaucoup de ministres en Suisse, et y aura le gouvernement au complet de l’autre côté de la table - que de ses rencontres à très haut niveau découlent ensuite des impulsions pour régler quelques soucis quelques problèmes qui demeurent...  Vous savez quand vous êtes voisins vous avez constamment des choses à régler, et donc ce serait bien que les deux présidents nous montrent la voie. D’ailleurs il ne se voient pas seulement la semaine prochaine, mais aussi les 9 et 10 novembre,  au forum pour la paix à Paris, il y a un sommet sur le polaire et les glaciers. ( NDLA:  One polar Summit )  Monsieur Berset, notre président est à Paris et discute déjà avec monsieur Macron. Ils se voient assez souvent ces derniers temps, ce qui est une très bonne chose parce que la France avec l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie font partie des pays qui nous entourent.  On doit soigner des relations intenses et suivies.  

 

Walter Stucki est un personnage qui représente énormément pour la Suisse, il a passé quatre ans à Vichy, mais c’est aussi un modèle de diplomate :  

Il s’est occupé de dossiers extrêmement importants pendant et après la 2e guerre mondiale.  Il était parlementaire - Ce qui est très rare dans notre système on est assez séparé, l’administration c’est une chose, et la politique, s’en est une autre. - 

Lui avait fait les deux, il était au Conseil National.  C’est une figure presque tutélaire de la diplomatie Suisse en ce sens qu’il portait lui tout seul pendant la guerre, une quarantaine de mandats de puissances protectrices pour des pays comme les États-Unis ou  comme la Grande-Bretagne. C’est le rêve de tout diplomate Suisse que d’avoir une fois dans sa carrière servi de médiateur pour des puissances qui n’arrivent pas à se parler. Ce rôle de facilitateur est d’ailleurs de plus en plus compliqué. 

Il l’a fait d’une manière magistrale à Vichy. Et il l’a fait plus tard en négociant des accords avec les États-Unis.  Walter Stucki est une personnalité que tout les diplomates suisses, même les plus jeunes, connaissent et qui est inspirante.  Au-delà de ça il y a aussi un une anecdote: c'est lui qui a acheté le l’hôtel de Besenval , la résidence de l’ambassade de Suisse en France, en 1938.

Le petit fils de Walter Stucki et ses proches

 

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