Laïcité & Service National Universel
Cette laïcité sensée nous unir est encore à l’oeuvre comme objet de la discorde. Au moment où le Gouvernement s’apprête à relancer ses travaux concernant le Service National Universel, l’Observatoire de la Laïcité, présidé par Jean-Louis Bianco, a rendu ses observations et recommandations quant à l’application du principe laïcité dans le cadre de ce nouveau service à venir. Comme à son habitude, le document produit par l’Observatoire est complet, exhaustif, rigoureux. Il se contente de rappeler ce que le droit rend possible ou impossible et éventuellement ce que l’esprit de la loi peut rendre souhaitable.
Bien sûr le texte suggère de respecter la liberté religieuse des appelés en rappelant que le principe de neutralité, comme partout en France, ne s’applique à priori que pour les encadrants du service national devenant dépositaire de l’Autorité publique. La neutralité ne concernant pas les usagers du service public, elle ne concerne pas les participantes et participants à ce service qui ne seraient donc pas contraints de garder pour eux leur conviction religieuse. L’Observatoire explique à juste titre pourquoi la loi de 2004 ne s’applique pas spontanément dans ce cadre là, puisqu’elle se limite dans les faits aujourd’hui à l’école publique. L’Observatoire connu pour ses positions dite libérale porte un regard favorable à ce que la neutralité ne soit pas étendue en rappelant l’esprit d’Aristide Briand.
Mais ce matin Ghaleb Bencheikh, le président de la Fondation pour l’islam de France, a tweeté "En tant que citoyen, je ne souhaite pas que l'on encourage le port de signes religieux au #SNU pendant sa 1ère phase. Il vaudrait mieux que ce dernier soit totalement #laïque. Au législateur de voir si la loi de 2004 sur l'école peut y être étendue". Puis enfin sur LCI le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a spécifiquement exprimé “ne pas vouloir suivre l’avis de l’Observatoire et imposer la neutralité à tous les participantes et participants du SNU".
En agissant de manière hâtive et émotionnelle, le président de la Fondation et le Ministre de l’Éducation oublient d’abord que cet “avis” est un constat de la situation actuelle, c’est à dire une observation davantage qu’une opinion, et enfin ne facilitent pas le travail de pédagogie entrepris depuis des années par cet Observatoire de la Laïcité. Le SNU sera de toutes façons déterminé par d’autres facteurs que cette seule analyse et il serait dommageable pour la cohésion de la Nation d’utiliser une fois encore la laïcité comme prétexte pour nous écharper. En 2019, je lève un verre à la santé du débat démocratique et surtout à la santé de la laïcité !
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