L’affaire Santier bouscule le programme de l’assemblée des évêques
C’est une assemblée sous haute tension qui s’est ouverte ce jeudi matin à Lourdes pour les évêques de France. L’ordre du jour a été bousculé par l’affaire Santier, comme cela a été dit lors de la conférence de presse donnée à la suite d’une première matinée de travail.
L’affaire Santier bouscule l’ordre du jour de l’assemblée plénière
Les évêques de France sont particulièrement attendus par les fidèles catholiques depuis les révélations sur Michel Santier. Un certain nombre ont manifesté dimanche dernier dans plusieurs villes à l’initiative du collectif "Agir pour notre Église", pour dire leur colère et leur volonté de transparence dans l’Église. Le programme de l’assemblée plénière des évêques a donc été modifié pour intégrer l’affaire Santier dès le premier jour de travail. "Nous-mêmes, évêques, nous nous réunissons avec des sentiments mêlés de colère, de honte, d’impuissance, d’incompréhension", a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF) - propos rapportés aux journalistes par son porte-parole.
Dans son message traditionnellement adressé aux évêques lors de leur assemblée, le pape François s'est exprimé ainsi : "L’Église de France est une nouvelle fois bouleversée par le drame des abus de la part de certains de ses pasteurs." Le chef de l’Église catholique invite les évêques à ne pas se décourager mais à persévérer dans les efforts. Le porte-parole de la CEF a cité une "phrase importante" du souverain pontife : "Plus que jamais, vous êtes appelés à vous pencher sur les blessures du peuple de Dieu, les victimes de ces abus en premier lieu mais aussi toutes les personnes scandalisées, déçues et éprouvées."
Aux journalistes présents à Lourdes, le Père Hugues de Woillemont a déclaré : "La colère et l’incompréhension et le désir de changement dont vous avez contribué à rendre compte à travers vos articles, c’est aussi ce qu’entendent les évêques dans leurs diocèses et c’est aussi ce qu’ils souhaitent conduire pendant cette assemblée." Pourtant, certains professionnels avaient hésité à venir jusqu’à Lourdes quand le programme envoyé à la presse le 20 octobre dernier annonçait que la totalité des séances de travail se tiendraient à huis-clos. Pour beaucoup, cela allait avec le manque de transparence et de communication reproché à l’Église de France. Finalement, le programme s’est ouvert et plusieurs conférences de presse sont au programme.
Va-t-on savoir pourquoi les faits reprochés à Michel Santier ont été dissimulés ?
Particulièrement attendues, les explications de Mgr Dominique Blanchet sur la communication de son diocèse. Le vice-président de la Conférence des évêques de France et évêque de Créteil est le successeur de Mgr Santier. En avril dernier, il a concélébré avec lui la messe chrismale lors de la Semaine sainte. "Dire ce qui a dysfonctionné et en rendre compte : ce temps-là viendra", a déclaré le porte-parole de la CEF, qui a toutefois souligné que, dans le cas de Michel Santier "des mesures ont été mises en œuvre mais n’ont pas été rendues publiques".
Lors de cette première matinée de travail, Mgr Blanchet et Mgr Laurent Le Boulc’h (actuel évêque de Coutances et Avranches, le diocèse où Michel Santier était prêtre dans les années 90 et où plusieurs victimes se sont fait connaître) ont pu déjà évoquer "les dysfonctionnements qui sont apparus". "Ils ont exprimé la colère qu’ils entendent et qui est pour une part la leur et aussi", a déclaré le Père de Woillement.
Quels actes concrets vont être mis en place ?
Des experts invités à Lourdes à la demande de la CEF vont aider les évêques à mieux définir ce qu’il convient de faire si un prêtre ou un évêque est mis en cause. Parmi eux, l’avocat Me Antoine Delvolvé, le canoniste Ludovic Danto et le Père Luc-Marie Lalanne, official auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi, un dicastère du Vatican. Avec eux, les évêques vont faire le point sur les procédures actuelles, sur la communication ou les peines prises à l’encontre des abuseurs.
En ce qui concerne la procédure canonique, "est-ce qu’y aurait besoin de demander à Rome des changements ou pas ?" a lui-même soulevé Hugues de Woillemont. "C’est vraiment très ouvert, a-t-il enchainé, les évêques vont prendre le temps d’y travailler." Quant à la question soulevée par l'une des journalistes présente sur place : y aura-t-il des démissions au sein de la CEF ? le Père Hugues de Woillemont n’a pas répondu.
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