La traite des êtres humains, "le seul moyen de survivre" pour de nombreuses personnes
Ce mercredi 8 Février, l'Eglise célèbre la journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains. Une journée qui a été instituée en 2015 à l'initiative du Pape François. Le choix du 8 février ne doit rien au hasard puisque nous célébrons Sainte Joséphine Bakhita, une Soudanaise qui a été vendue comme esclave, maltraitée puis rendue libre.
Lors de la première édition, le Cardinal Peter Turkson, Président du Conseil pontifical Justice et Paix, avait rappelé que des millions de personnes de par le monde sont privées de liberté et contraintes à vivre pratiquement en esclavage. Pour évoquer cette journée, et faire un état des lieu de la réalité de la traite des êtres humains, François Ballarin reçoit Geneviève Colas, responsable Traite des êtres humains, mineurs isolés et justice juvénile au Secours catholique et coordinatrice du collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains".
"La traite des êtres humains c’est déjà de tromper des personnes en vue de les exploiter, par rapport à l’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’exploitation domestique, au mariage forcé, à l’obligation de mendier, de voler ou de commettre d’autres délits. Ce terme recouvre également le trafic d’organes et les enfants soldats. C’est une palette d’exploitations assez importante" explique-t-elle.
"Les premières victimes sont les personnes les plus vulnérables, comme les enfants notamment. Beaucoup d’enfants sont victimes de traite et c’est une réalité qui n’est pas du tout connue chez nous en France. Du moins pas assez repérée et identifiée". Geneviève Colas rappelle que c’est un phénomène mondial, qui touche tous les continents. "Il faut d’ailleurs travailler au niveau international, entre pays, si l’on veut résoudre le problème" préconise-t-elle.
"On a commencé à travailler sur la traite des êtres humains il y a une quinzaine d’années, en soutenant des partenaires en Ukraine, en Bulgarie, en Asie. En France, également, où des personnes sont victimes de traite au quotidien : exploitation sexuelle, esclavage forcé. Ce sont des phénomènes qui existent et qui ne sont pas reconnus comme des choses allant contre les droits de l’homme" s’émeut Geneviève Colas.
Se pose la question des responsables de cette traite des êtres humains. Organisation mafieuses, voire pays, le trouble règne en la matière. « On parle de réseaux mafieux qui peuvent organiser cette exploitation, mais aussi parfois de traite intra-familiale » précise la coordinatrice du collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" Elle ajoute que "Les déplacements de population amènent les personnes à se retrouver quelque part sur la planète, sans argent, sans logement, sans aucuns moyens. Et l’exploitation apparaît alors pour un certain nombre de ces gens comme le seul moyen de survivre".
"Il faut sensibiliser largement à cette question. Il faut accompagner les victimes en connaissant le sujet, pour bien voir quelles sont les conséquences que peut avoir la traite sur les personnes elles-mêmes. Il faut aussi faire un travail de plaidoyer pour que les lois soient favorables aux victimes, et que la traite soit bien vue comme un phénomène pour lequel il faut lutter avec les victimes elles-mêmes" conclut-elle, avançant plusieurs pistes de réflexions et de solutions à ce problème.
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