"La tendresse du crawl", un livre de Colombe Schneck
Ce pourrait être une histoire d’amour comme une autre, mais rien n’est jamais banal dans un amour, et celui que nous raconte Colombe Schneck tient dans un petit livre, un texte bref mais dense, flamboyant. "La première fois que je l’ai croisé, il avait 12 ans, moi 15. Nous nous sommes retrouvés trente-cinq ans après, une fin de septembre". Rien d’extraordinaire, donc, et d’aucuns pourraient craindre un roman à l’eau de rose, un peu fleur bleue, dans un décor bobo parisien… Il y a quelque chose de tout simple et d’émouvant dans cet amour naissant, entre adultes qui hésitent encore à y croire, qui n’osent plus chercher le grand amour mais espèrent un bonheur simple : "Je n’ai plus besoin d’être une princesse rêvant d’un prince charmant, je ne souhaite que partager des œufs à la coque le dimanche soir dans une cuisine avec toi".
Une histoire qui tient un peu du conte de fée…
Pas seulement. C’est vrai, l’auteur nous dépeint un bel amour, qui fait battre le cœur, qui, à 50 ans, lui donne l’impression de revivre, de se réconcilier avec elle-même. C’est aussi le récit pudique des douleurs et des déchirures qui ont pu précédé, la mort de son père alors qu’elle n’a que 23 ans, l’échec de son mariage, la difficulté de communiquer avec les enfants, et cet amour neuf et si fragile… Y croit-elle vraiment ? "La vie n’est pas une histoire, elle n’a pas de sens, elle n’est qu’une succession de hasards, de malchances, et de chances", écrit-elle. C’est peut-être la raison d’un texte court, juste une centaine de pages : on frôle l’indicible, le bonheur de s’explique pas, l’échec ne se raconte pas… Il n’est pas toujours simple d’aimer, et "Un amour sans détour n’existe pas", avertit Colombe Schneck.
C’est quand même une vraie histoire d’amour, d’un amour passionné…
C’est même "l’amour le plus heureux de sa vie", confie l’auteur, mais il n’a duré que neuf mois. Le temps d’un grand plongeon, de baigner dans le bonheur, et puis se rendre compte que les mouvements ne sont pas accordés, et que chaque être est lourd de son histoire. Le temps s’écoule et nous fragilise. Aimer, c’est s’abandonner, mais c’est aussi risquer d’être abandonnée : "Mon cerveau avait tendance à s’affoler et inventait toujours le pire comme une certitude"… De son histoire, des années qui passent, Colombe Schneck fait un matériau littéraire, pas seulement pour faire joli, mais pour continuer sa quête : "la prochaine fois, j’écrirai un roman d’amour qui se termine bien", confie-t-elle. C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter.
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