La solitude, un phénomène qui touche les jeunes
"Depuis deux ou trois ans, nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de jeunes qui nous appellent, voire de très jeunes. La plus jeune avait onze ans." Au micro de notre journaliste Guillaume Genet, Jeanne Sialelli, présidente de SOS Amitié Marseille, nous alerte sur l'augmentation du nombre d'appels émis par des jeunes touchés par la solitude. Où en est-on en France ?
©Creative commonsUn phénomène qui augmente
Selon le rapport 2024 sur les solitudes de la Fondation de France, 1 personne sur 10 en France est en situation d'isolement social, c’est-à-dire qu’elle n’a aucun ou très peu de contacts physiques avec d’autres personnes. Contrairement aux idées reçues, le sentiment de solitude connaît un pic marqué chez les jeunes actifs âgés de 25 à 39 ans : plus d’1 sur 3 se sent particulièrement seul, soit deux fois plus que les 60-69 ans. Un phénomène qui n'est pas nouveau, mais qui a été mis en lumière pendant la pandémie de COVID-19.
Les multiples facettes de la solitude
Chez les jeunes, le sentiment de solitude est plus souvent exprimé qu’avant, car il y a moins de tabous autour de la santé mentale. Mais dans un article de la revue en ligne Enfances Familles Générations, les chercheurs soulignent que cette solitude est multiple. Pendant la pandémie, on pense surtout à la solitude relationnelle liée au confinement. Or, ce sont des solitudes existentielles et politiques qui ressortent de cette recherche, faisant référence à un sentiment de marginalisation ou d'isolement par la société au sens large. Cette dernière touche particulièrement les jeunes vivants loin des grandes villes ou en situation de migration.
Une solitude aux impacts bien concrets
La solitude n'est pas sans effet sur notre corps. Elle augmente par exemple les probabilités de développer de l’anxiété ou une dépression. Selon l’OMS, depuis 2020, les cas de troubles psychiques chez les jeunes ont été multipliés par deux, voire trois, au niveau mondial. En France, on observe également une inégalité entre les femmes et les hommes. Selon une grande étude du CEReSS (Centre d’Études et de Recherche sur les Services de Santé et la Qualité de Vie), "la pandémie de COVID-19 a joué un rôle catalyseur, exposant une forte augmentation des troubles psychiatriques chez les jeunes". Cette hausse des troubles anxio-dépressifs est particulièrement marquée chez les adolescentes et jeunes femmes, dont le nombre d’hospitalisations pour tentatives de suicide a augmenté de 14 % par rapport à 2016.
Ainsi, pour alerter sur la situation et faire grandir le lien social, SOS Amitié à Marseille organise une marche en se donnant la main le 5 octobre le long de la Corniche Kennedy. L'occasion, comme le souligne Jeanne Sialelli, pour rappeler aux personnes présentes "qu'elles ne sont pas toutes seules".


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