"La situation est toujours compliquée" : une trentaine de jeunes sans solution d'hébergement dans le Puy-de-Dôme
Dans le Puy-de-Dôme, une trentaine de jeunes dans l'attente d'un recours pour être reconnus mineurs n'ont plus de toit depuis le 31 août. Le Réseau Éducation Sans Frontières tire la sonnette d'alarme et demande aux autorités un hébergement, une scolarisation et l'accès aux soins pour ces jeunes. En attendant, des bénévoles sont recherchés pour les aider, une réunion d'information est organisée ce lundi au centre Jean-Richepin à Clermont-Ferrand.
Une trentaine de jeunes, dans l'attente d'un appel pour être reconnus mineurs, se retrouvent sans solution d'hébergement dans le Puy-de-Dôme. ©YapasMIeux"Il n'y a pas de solution". Le constat est net, sans appel. Mamadou Saliou n'a pas été reconnu mineur lors de l'évaluation de minorité qu'il a passée à la suite de son arrivée en France. Depuis il a déposé un recours mais, comme une trentaine d'autres jeunes dans son cas dans le Puy-de-Dôme, il est livré à lui-même.
Plus de trente jeunes concernés dans le Puy-de-Dôme
Cet été, les jeunes étaient hébergés dans des tentes dans un camping, proche de Clermont-Ferrand. Une solution temporaire financée par le collectif "YapasMIeux", qui avait l'avantage de leur permettre de rester ensemble. Depuis la fermeture du camping le 31 août, ils sont hébergés chez des particuliers, à différents endroits du département, parfois loin de Clermont-Ferrand où se font leurs démarches administratives et les cours donnés par les bénévoles.
"Moi, j'ai eu de la chance, je suis hébergé par une dame [à Clermont-Ferrand] donc je peux suivre mes cours tranquillement", explique Mamadou Saliou. Une solution précaire : "si tu n'es pas tranquille, c'est pas facile de faire les choses, donc c'est un peu compliqué". Malgré cela le jeune homme de 17 ans venu de Guinée suit les cours dispensés par les militants de RESF (Réseau Éducation Sans Frontière) et conserve son rêve de devenir "chauffeur de poids lourd". Il a déposé un dossier pour savoir s'il peut intégrer une formation en CAP ou en bac professionnel. "On veut être comme les autres", assure Mamadou Saliou.
On fait face à une crise de l'accueil dans notre pays
"On n'est plus capable d'accueillir les sans-papiers et a fortiori les sans-papiers mineurs et isolés, donc sans famille, sans parent, sans personne ressource en France", dénonce Luca, bénévole de la Ligue des Droits de l'Homme, association membre de RESF.
Les militants bénévoles comme lui aident ces jeunes isolés pour leur trouver un logement, les transporter et les accompagner dans les démarches administratives. Notamment pour leur recours devant un juge, afin de reconnaître leur minorité. Une démarche particulièrement longue, les recours peuvent "durer plusieurs mois voire plusieurs années". Autant de temps, où ces jeunes se retrouvent plongés dans l'incertitude et la précarité. Des recours qui aboutissent dans 80 % des cas à la reconnaissance de la minorité par les juges, selon RESF.
Une quarantaine de places d'hébergement existent dans le département pour ces jeunes en attente de recours, précise Luca. Mais elles sont insuffisantes pour loger toutes les personnes dans ce cas.
Le Réseau Éducation Sans Frontières à la recherche "d'hébergeurs et d'hébergeuses solidaires"
Face à ces délais, "les hébergeurs et hébergeuses solidaires doivent se relayer et il en faut beaucoup", alerte Luca. Pour cela, RESF est à la recherche de bonnes volontés et une réunion d'information est organisée lundi 15 septembre à 18 heures au centre Jean-Richepin (en salle 2). Une adresse mail est mise en place "si vous avez une chambre inoccupée ou un canapé" : jaiuncanap63@proton.me. RESF est également à la recherche de soutiens financiers pour le logement, le transport et la nourriture.
De son côté, la préfecture précise que dans le laps de temps du recours, "pour éviter les ruptures de parcours de ces jeunes et compte tenu de l'incertitude pesant parfois sur la sécurité juridique de la décision reconnaissant leur majorité", 40 places "d'hébergement tampon" ont été ouvertes en 2024. S'ils remplissent les conditions, la trentaine de jeunes peut "être pris en charge sur ces places […] sous réserve des capacités à disposition". Des appartements financés par le budget de l'hébergement d'urgence et mis à disposition par la ville de Clermont.


