La Rochelle : plongée au coeur du chantier de rénovation du viaduc d'accès au môle d'escale du Port Atlantique

Nicolas Menard n'a pas peur des mots : le viaduc d'accès au môle d'escale, "c'est un endroit historique". Le directeur des infrastructures du port maritime de La Rochelle se rappelle ainsi que des transatlantiques partaient du môle d'escale, et même que ce dernier était connu pour être "un endroit de pêche intéressant" : "c'était une habitude des Rochelais de venir le dimanche sur le port pour voir les bateaux et [...] pêcher". 

Plus de 40% des marchandises du port passent par le viaduc

Mais depuis 2008 et la création du Port Atlantique de La Rochelle, qui s'est substitué au Port Autonome, l'accès au môle par les particuliers est condamné. Entre 2014 et 2017, des études menées par l'administration portuaire révèlent l'état de fragilité du viaduc, construit entre 1930 et 1934 et mis en service en 1939. C'est pourtant par là que transitent aujourd'hui plus de 40% des marchandises du port. Rongé par la corrosion, le viaduc est également essentiel au passage des bus remplis de croisiéristes, dont les bateaux accostent au môle d'escale du fait de la profondeur de ses eaux. 

"Pour nous, il était extrêmement important d'engager une grosse opération de réhabilitation de ce viaduc pour ne pas mettre en péril les activités du port", explique Sandrine Gourlet, présidente du Directoire du Grand Port Maritime de La Rochelle. Et ces activités portuaires représentent un véritable défi pour la réhabilitation du viaduc ; il faut en effet pouvoir mener le chantier sans entraver la circulation des personnes et des marchandises. 

Fin des travaux d'ici août 2027

Une "nécessaire cohabitation chantier/exploitation", selon les mots de Nicolas Menard, qui est désormais sous la houlette de VSL France, une filiale de Bouygues construction. C'est en effet celle-ci, au sein d'un groupement réunissant également Roth et Euréchaf, qui a répondu au second appel d'offres du port pour ce chantier, après une première tentative infructueuse. "On vient changer tout ce qui est abîmé, le remettre à neuf, pour que cela puisse durer dans le temps", résume Valentin Genest, responsable du chantier pour VSL France, qui souligne que sans intervention, la situation aurait pu se dégrader et mener "à la ruine de l'ouvrage". 

Pour ce faire, 7000 mètres de sciage doivent être réalisés sur toute la longueur de la structure, ainsi que le déplombage de la structure. Le re-dallage du viaduc doit également être réalisé, ainsi que la peinture de la structure. Les ouvriers s'activeront donc jusqu'en août 2027 pour mener ce chantier à bien et rénover le tablier du pont, c'est-à-dire sa structure porteuse.

Une production de déchets à surveiller 

Désormais réduit à une longueur de 700 mètres après la suppression de sa partie terrestre, le viaduc surplombe l'océan, ce qui rend également obligatoire une prise en compte des déchets issus de sa rénovation. "On a mis un échafaudage qui est entièrement bâché sur le sol, les côtés et le plafond [...] pour pouvoir retenir toutes les éventuelles pollutions qui pourraient intervenir", détaille Valentin Genest. 

Objectif, éviter que des débris ne viennent s'abîmer en mer. Des mesures de bruit ont également été mis en place pour limiter l'impact des travaux sur la faune et les riverains du port, la mer pouvant transmettre le son hors des frontières du port. 

Après cette longue première phase de travaux, une deuxième période devrait s'ouvrir pour le viaduc : réhabiliter la charpente. Cette tâche devrait toutefois être bien plus courte et moins onéreuse pour le port. Au total, les investissements réalisés sur le pont atteindront environ 25 millions d'euros hors taxes, dont 21 seront uniquement consacrés à la rénovation du tablier. L’État et la Région contribuent toutefois sur la première phase du chantier, à hauteur de 6 millions d'euros.