La relocalisation : planche de salut de l’industrie européenne
La crise du Covid-19 a provoqué une véritable prise de conscience du coût de certaines de nos dépendances vis-à-vis de pays tiers, et en particulier de la Chine. Au-delà, la crise économique qui a commencé avec le confinement mais devrait se poursuivre encore longtemps va avoir un impact majeur pour certaines entreprises, notamment dans des secteurs stratégiques. C’est le cas d’Airbus qui permet aux Européens d’avoir accès au ciel et dont les activités sont profondément impactées par l’arrêt de l’activité des compagnies aériennes. Un espace politique très grand s’est ouvert pour un thème qui semblait il y a encore quelques mois passé de mode. En particulier, le Commissaire Breton (Commissaire européen au marché intérieur et à l’industrie) s’est emparé du sujet pour en faire un des axes principaux du plan de relance présenté hier par la Commission européenne. Ainsi, un futur fonds d’investissement stratégique devrait mobiliser 150 milliards d’euros pour investir dans ces chaines de valeur stratégiques. Pour autant, la relocalisation n’est pas nécessairement une panacée pour plusieurs raisons. D’une part, pour certaines productions, il est in fine impossible de relocaliser toute la chaine de production. C’est le cas, par exemple, pour le curare – ce médicament crucial pour l’anesthésie – qui provient de plantes de la forêt amazonienne. D’autre part, il ne faut pas confondre le débat sur la relocalisation avec celui sur la résilience de nos sociétés.
C’est-à-dire, que si certaines productions peuvent être extraites des règles du marché, cela ne peut pas concerner l’économie dans son ensemble. Quand tout est stratégique rien n’est stratégique. La réponse à la pénurie en respirateurs n’est peut-être pas d’avoir la capacité de production pour faire face au temps de crise, mais d’anticiper avant la crise les lignes de production (dans l’automobile, par exemple) peuvent être reconverties pour produire ces produits critiques. Par ailleurs, sur certaines productions, la diversification des sources d’approvisionnement est parfois une meilleure réponse.
Il est clair que la relocalisation d’activités stratégiques sur le territoire européen ne sera pas suffisante pour répondre au défi du chômage de masse en Europe. C’est pourquoi la stratégie industrielle européenne dont nous avons besoin ne doit pas se résumer à cette nécessaire relocalisation d’activités stratégiques. Elle doit être tournée vers l’industrie du futur, et notamment les futures activités stratégiques – pour prévenir leur délocalisation.
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