"La priorité du pape, c'est l'Église catholique", déclare le vaticaniste Jean-Marie Guénois

Le déplacement de Léon XIV au Moyen-Orient a suscité un vif intérêt, mettant en lumière son approche discrète et son désir de dialogue interreligieux. Le pape s'est concentré sur l'unité des chrétiens, plaçant l’œcuménisme au cœur de ses priorités.

Un catholique qui s’assume

Issu de l’ordre de Saint-Augustin, le pape apparaît comme un véritable disciple de saint Augustin. Pour Jean-Marie Guénois, cela permet au pape d’avoir "un regard très affirmé sur ce qu’est l’Église catholique". Cela explique l’importance que revêt pour lui l’unité entre les chrétiens, puisque "l’enjeu est la cohérence et la crédibilité". Dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape s’est exprimé devant des journalistes sur diverses questions, notamment celle de l’islam. Interrogé sur les craintes de certains catholiques voyant dans l’islam une menace pour l’identité chrétienne de l’Occident, il a reconnu ces peurs en Europe. Il a plaidé pour un dialogue authentique et le "vivre-ensemble". Le pape appelle les catholiques à être "moins effrayés par l'islam". Jean-Marie Guénois l’assure, "la priorité du pape, c’est l’Église catholique". 

Le style de Léon XIV

Le pape est américain et cela se voit dans sa manière d’agir. Selon Jean-Marie Guénois, il est "systématique", contrairement au pape François, qui était "déclaratif". Cela signifie "qu’il identifie des moyens pour parvenir à un objectif précis pour agir de manière efficace". La lettre qu’il a écrit à propos de l’unité des chrétiens une semaine avant son voyage illustre cette méthode. Le pape, en un mot, invite à "laisser de côté les arguments théologiques pour avancer comme frères et sœurs vers l’unité, tout en étant nous-mêmes", résume Jean-Marie Guénois. Cette unité pourra s’illustrer en 2033, date à laquelle le pape a invité tous les chrétiens à se réunir à Jérusalem pour fêter les 2000 ans de la résurrection du Christ.

Un éventuel voyage en Algérie

On en revient à saint Augustin. Selon Jean-Marie Guénois, si le pape se rend en Algérie, "il ne sera pas question de la convertir". Au contraire, il est toujours question "d’un retour aux sources profondes et du christianisme dans l'évangile". Saint Augustin a été l’un des principaux acteurs de la naissance et de la structuration du christianisme en Afrique du Nord, notamment sur le territoire de l’actuelle Algérie. Évêque d’Hippone (actuelle Annaba) et prédicateur reconnu, son rôle a été à la fois pastoral et intellectuel. "L'Histoire de l’Algérie ne peut pas se comprendre sans sa trame chrétienne dans laquelle saint Augustin joue un rôle majeur" conclut-il.