La mort pour les chrétiens : pas de tabou ?
Ce mois d'octobre 2025, les pastorales de la santé de l'Eglise catholique de Savoie et de Haute-Savoie ont organisé des journées de formation et de réflexion sur le thème de la mort. Y ont participé : des soignants, des aumôniers, des membres d'équipes funérailles, mais aussi des personnes moins habituées à côtoyer la mort et le deuil. Alors, comment appréhender la finitude, aujourd'hui ? Et que nous dit la foi chrétienne sur la mort ? Témoignages de chrétiens engagés.
Bougies sur fond noir ©SEDICOM"Quelques dizaines d'années avant l'ère chrétienne, on trouve dans les textes du Premier Testament l'idée de se retrouver dans le cœur de Dieu, après la mort... que tout ne s'arrête pas." note Bernard Bidaut, bibliste et formateur dans le diocèse d'Annecy. "Les Evangiles marquent une vraie rupture. Ils affirment cette notion de résurrection. Mais en plus, la vie après la mort passe par Jésus, lui-même mort et ressuscité. Mourir en Christ pour vivre en Christ ".
Dans les accompagnements de fin de vie, je n'hésite pas à témoigner dans ma foi en l'amour plus fort que la mort
Sans prosélytisme, les aumôniers en établissement de santé et les membres des équipes funérailles témoignent, à leur manière, de cette espérance chrétienne. "Dans l'accueil des familles en deuil pour préparer les funérailles, nous sommes avant tout dans l'écoute. L'écoute de la colère ou de la révolte, ou au contraire de récits de vie et de décès paisibles. Et nous arrivons, parfois, à poser les mots de la foi chrétienne sur ce que ces familles ressentent, lors de l'échange ou dans le commentaire d'Evangile. Les symboles du rite des funérailles parlent aussi souvent aux familles de défunts : l'eau, la lumière du cierge pascal..." raconte Martine Cordonnier, membre des équipes funérailles de la paroisse d'Annemasse. "Dans la foi, je crois que l'amour est plus fort que la mort. Et les personnes qui perdent un être cher peuvent l'expérimenter : l'amitié et l'amour nous permettent de rester en communion avec ceux qui nous ont quitté. Dans les accompagnements de fin de vie, je n'hésite pas à témoigner que Dieu est amour et que je crois nous allons vers Lui " témoigne Marie-Christine Lestoille, aumônière catholique au Centre Hospitalier Alpes Léman.
Chrétien ou pas, ce n'est pas forcément évident de parler de sa propre finitude !
Ceci dit, le fait de croire en la résurrection n'immunise pas forcément les chrétiens de la peur de la mort ou de la difficulté à aborder le sujet. "Nous avons bâti notre journée de formation à cause du débat de société sur la fin de vie. Il s'agissait d'aborder les questions théologiques et d'expliquer les termes et le cadre légal. Pour que chacun puisse comprendre et ait des clés pour accompagner un proche. En travaillant à la journée, il nous est apparu aussi nécessaire d'inviter chacun à réfléchir à sa propre finitude. Et là, chrétien ou pas, on sent que ce n'est pas toujours évident ! Mais les participants nous témoignent qu'ils ressortent apaisés de telles journées" explique Anne Manillier, responsable de la pastorale de la santé pour l'Eglise catholique de Savoie.
Notre rôle est d'accompagner tous ceux qui le souhaitent, même si leur choix va à l'encontre de nos convictions
Comme tous les citoyens français, les chrétiens engagés dans le monde de la santé sont dans l'incertitude : les projets de loi sur les soins palliatifs et l'aide à mourir sont en suspens. "Plusieurs aspects du projet de loi sur l'aide à mourir me posent question. Comment sera appliqué le délit d'entrave ? Et va t-on demander aux médecins qui travaillent en soins palliatifs de prendre aussi en charge l'aide à mourir ?" s'inquiète le docteur Alain Stemmelen, généraliste formé en soins palliatifs. "Beaucoup d'aumôniers se demandent comment ils accompagneront des personnes qui demanderaient un aide à mourir. Nous sommes si souvent témoin qu'il se joue énormément de choses en fin de vie, pour le patient et ses proches. Ce temps me semble nécessaire. Mais notre rôle est d'accompagner tous ceux qui le souhaitent. Même si leur choix peut aller à l'encontre de nos convictions ou de nos choix personnels" témoigne Blandine Feugier, aumônière et responsable de la pastorale de la santé pour l'Eglise catholique de Haute-Savoie. Mardi 14 octobre 2025, la conférence des présidents du Sénat a reporté, sans date, l’examen des deux propositions de loi sur les soins palliatifs et l’aide à mourir.


Chaque week-end, après avoir passé en revue l'actualité chrétienne de la semaine en pays de Savoie, Vanessa Sansone ouvre le débat en donnant la parole aux chrétiens qui s'engagent près de chez vous. Un temps pour s'informer, réfléchir, approfondir et échanger.
Diffusions en FM et DAB+ : samedi à 9h03 et dimanche à 17h.
