Pays de Savoie
La Maison d'Alliance St Benoît ou l'aventure de vieillir ensemble
Pour maintenir ou créer du lien chez les retraités, l'habitat inclusif a la cote ! La Maison d'Alliance St Benoît, à l'abbaye de La Rochette à Belmont-Tramonet en Savoie, en est un exemple. Elle accueille depuis deux mois ses premiers habitants. Une aventure pour les nouveaux arrivants mais aussi pour les soeurs bénédictines qui occupent les lieux.
Ils sont une vingtaine de 64 à 90 ans à avoir investi les lieux depuis le 12 février dernier. D’origines géographiques diverses, tous se sont lancés dans cette aventure du béguinage, aux côtés d’une communauté religieuse. Brigitte a mûrement réfléchi avant de prendre cette décision. Cette nantaise de 72 ans a été l’une des premières à s’installer. “Je suis venue à plusieurs sessions. J’ai découvert l’accueil, les offices et l’hôtellerie mais surtout j’étais en paix dans ce lieu, c’est le signe qui m’a permis de me lancer”.
Les anciennes cellules des sœurs ont été transformées depuis l’automne 2022 en 27 appartements du T2 au T4. Pour un loyer entre 400 et 900 euros, les résidents bénéficient d’une cuisine équipée mais apportent leurs meubles. En effet, ce n’est pas une résidence senior, chaque personne garde son autonomie. Et elle est éprouvée au quotidien. Bernard habitait l’Ain, département voisin, “le projet, c’est de vieillir ensemble, de vivre en douceur nos années d’or. Nous ne sommes pas une communauté mais nous avons des choses en commun, les problèmes de santé, les enfants que nous ne voyons pas beaucoup.”
Si les habitants ne font pas encore “communauté”, ils ont tous été “sélectionnés” lors d’un entretien préalable avec l’entreprise qui porte le projet et ils ont rencontré la mère abbesse. Le quotidien est ensuite régi par une charte « d’entraide et de bienveillance » et les habitants peuvent rencontrer un médiateur une fois par mois.
Un long travail de préparation pour les religieuses
Installer une Maison d’Alliance à l’abbaye ne faisait pas partie du programme initial des sœurs. Étant moins nombreuses, les religieuses ont dû, petit à petit, abandonner les ateliers d’imprimerie, d’ornements liturgiques et d’imagerie pour ne conserver plus que l’hôtellerie et le magasin, uniques ressources de la communauté.
Alors plus qu’une vingtaine dans l’abbaye, elles sont trouvées un peu perdues dans les bâtiments et ont commencé une réflexion sur leur avenir dans les lieux. C’est alors qu’est apparue l’idée du béguinage. Soeur Marie de Magdala a pris part aux discussions “la communauté a été unanime, bien sûr avec des craintes car nous sommes dans une vie contemplative, en clôture donc comment accueillir d’autres personnes ?”
En 2018, le projet est présenté lors d’une réunion publique puis s’en est suivi l’épidémie de Covid et avec les délais de livraison des travaux, c’est en 2024 que les résidents ont fait leurs entrées dans les bâtiments. Un temps qui a été mis à profit par les bénédictines pour se préparer et questionner leur vie en communauté. Durant deux années, un coach les a accompagnés une fois par mois pour revoir leurs fondamentaux, le silence, l’obéissance, la clôture et la vie fraternelle.
C’est donc sans appréhension et avec douceur que les onze sœurs ,présentes à l’abbaye, ont vu ces derniers mois se rallumer leurs anciennes cellules dans la Maison d’Alliance qui jouxte leurs bâtiments.
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