La généalogie, une passion pour tous, y compris les plus fragiles
Figure incontournable de la généalogie populaire, Jean-Louis Beaucarnot met désormais son expertise au service des plus fragiles. Des sans-abri aux migrants, en passant par les détenus, il défend l’idée que connaître ses origines peut devenir un levier de reconstruction. À l’heure où l’ADN et l’IA bouleversent la discipline, il rappelle la force intime du lien aux ancêtres.
RCF-RNDAuteur du Dictionnaire amoureux de la généalogie (Plon), Jean-Louis Beaucarnot s’emploie depuis un demi-siècle à populariser une discipline longtemps cantonnée aux spécialistes et aux familles soucieuses de préserver leur lignée. À ses yeux, la généalogie n’a rien d’un privilège réservé : elle peut offrir un appui précieux à chacun, en particulier à ceux que la vie a meurtris.
Une démarche humanitaire inédite
Invité du Grand Témoin, Jean-Louis Beaucarnot révèle s'être engagé auprès d’Hiver Solidaire. L'initiative est portée par le diocèse de Paris. Le généalogiste mettra désormais son savoir-faire au service des personnes sans abri, de ces "fracassés et cabossés de l’existence" qui ignorent encore qu’ils ont, eux aussi, le droit de connaître leur histoire.
« Tout le monde est en droit de connaître son parcours de vie. », affirme-t-il.
Pour beaucoup, retrouver leurs origines, comprendre d’où ils viennent, reconstituer les fragments parfois dispersés de leur passé, peut devenir un levier décisif pour traverser des épreuves. Sans prétendre au titre de thérapeute," je ne suis ni psychologue ni psychiatre", insiste-t-il, Jean-Louis Beaucarnot assume ce rôle d’accompagnateur, convaincu que raconter la généalogie, c’est parfois réparer.
La généalogie au service des oubliés : sans-abri, prisonniers, migrants
Ce projet n’est pas une première. Le généalogiste avait déjà mis sa passion au service des détenus de la prison de la Santé. Selon lui, d’autres publics fragiles pourraient également en bénéficier, à commencer par les migrants, souvent marqués par des trajectoires de rupture.
La mobilité sociale ou géographique, si elle ouvre des portes, laisse parfois des blessures profondes. Exil, déracinement, pertes familiales : dans ces vies fracturées, la généalogie peut devenir une boussole. Elle permet ainsi de combattre la mésestime de soi, de rompre l’isolement, de reconstruire un récit personnel cohérent et de retrouver une continuité intérieure là où la vie a tout dispersé.
S’enraciner dans une société en mouvement
À l’heure de la mondialisation, les filiations se complexifient, les origines se multiplient, les repères se brouillent. Jean-Louis Beaucarnot en donne une image parlante : si Gabriel Attal incarne une identité aux origines multiples, François Bayrou, lui, demeure presque intégralement enraciné dans le Béarn.
Dans un monde pluriel et indifférencié, comment chacun peut-il demeurer ancré, sans se perdre ? La réponse, selon le généalogiste, se trouve souvent dans le temps long, celui des ancêtres dont on hérite plus que l’on ne croit.
Une discipline transformée par l’ADN et l’IA
La généalogie n’échappe pas aux bouleversements contemporains. Tests ADN grand public, intelligence artificielle, numérisation massive des archives : les outils changent, les méthodes évoluent. Pourtant, sa vocation profonde demeure intacte.
Retrouver ses origines n’est pas qu’une affaire d’exactitude scientifique : c’est une quête intime, existentielle, parfois même salvatrice.
La généalogie, telle que la conçoit Jean-Louis Beaucarnot, demeure un moyen puissant de relier les êtres à leur histoire et, peut-être, de les aider à retrouver leur place dans le monde.


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