La trêve hivernale s’est achevée, ce lundi 31 mars, dans un contexte de crise aiguë selon la Fondation pour le logement des défavorisés qui dénonce, depuis plusieurs mois, des politiques publiques de plus en plus répressives. En réponse, celle-ci renforce ses dispositifs pour prévenir ces expulsions.
Selon la chambre nationale des commissaires de justice, les expulsions seraient en hausse de 26 % en un an. Pour la Fondation pour le logement des défavorisés (nouveau nom de la fondation abbé Pierre), cette fermeté demandée aux préfets est alarmante dans un contexte de saturation de l’hébergement et d’absence de solution de relogement.
Si les chiffres sont moins préoccupants en Bretagne, la crise du logement et du mal-logement y progresse néanmoins. L’hébergement d’urgence est saturé. En six ans, le taux de réponses positives au 115 est passé de 45 % à 17 % en Ille-et-Vilaine. Dans les Côtes d’Armor, il n’existe pas de solutions pour plus de 80 % des demandes. Le principe de l’accueil inconditionnel n’est pas globalement respecté.
En 2023, la Bretagne enregistrait 98 400 demandes (+ 50 % de demandes en cinq ans) pour 15 900 attributions (soit seulement 16% de réponses favorables). Et selon la Fondation, la production nationale et régionale s’oriente davantage vers des loyers moins abordables, moins accessibles pour les plus précaires.
Le taux de rotation est en baisse et, par conséquent, la durée des attributions se prolonge en faisant monter les saisines du droit au logement opposable dans toutes les commissions (Dalo). Le secteur de l’habitat privé devient inaccessible pour les plus modestes. Et l’encadrement des loyers n’est pas encore mis en place en Bretagne. Alors quels sont les pistes d’amélioration ? Il y en a plusieurs, selon Aurélie Jouanno, chargée de mission à la Fondation :
« Il faut évaluer les besoins réels, sur les territoires, en logement social, en constructions neuves, en rénovation. Il faut remettre sur le marché des logements vacants. Redonner du pouvoir aux élus locaux en matière de politique de l’habitat pour répondre aux besoins. Loger et accompagner les plus fragiles. Il faut une réelle volonté politique et des moyens importants.
Pour limiter le nombre d’expulsions locatives, la Fondation a créé, fin 2024, un fonds prévention des expulsions locatives. L’objectif est de soutenir les initiatives associatives d’accompagnement des ménages dans le cadre d’un suivi socio juridique de proximité lié aux impayés.
Exemples : avec la Confédération Syndicale des familles du Morbihan (soutien au fonctionnement et délégation d’un « fonds anti-expulsion » de 4 400 €). Dans les Côtes d’Armor, la Fondation alloue un « fonds anti-expulsion » de 8 800 € pour aider le binôme socio juridique (juriste et travailleur social) de l’Adil des Côtes d’Armor à trouver de meilleurs arrangements avec les bailleurs, tout en mobilisant pleinement les aides publiques. « Nous donnons ainsi des moyens supplémentaires pour créer une relation de confiance avec des ménages en rupture et pour leur proposer des solutions rapides » explique Aurélie Jouanno.
Enfin, en partenariat avec les départements d’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor, et les Aadil, la Fondation concoure au cofinancement d’un poste, avec le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, afin de mettre en place une plus grande proximité d’accompagnement en Ille-et-Vilaine.
En Bretagne, la Fondation pour le logement des défavorisés mobilise 111 415 € pour que les plus modestes puissent être maintenus dans leur habitation et éviter la rue et les squats.
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