« La foire de Lessay s’adapte depuis 1 000 ans aux contraintes »
Ce vendredi 12 septembre s’ouvre la foire Sainte-Croix de Lessay. La foire millénaire est confrontée cette année à la crise sanitaire, en plus de la problématique financière. Mais pour Stéphanie Maubé, maire de Lessay, la foire a toujours su rebondir.
Depuis quatre ans, la foire a mis en place une collecte de déchets par des chevaux ©Lessay250 000 visiteurs sont attendus pendant trois jours à Lessay dans la Manche pour la foire Sainte-Croix, du vendredi 12 au dimanche 14 septembre 2025. Ce rendez-vous populaire et agricole est organisé par la municipalité, et ceci depuis la Révolution française, comme nous l’explique Stéphanie Maubé. « Ce sont les moines bénédictins qui, pour financer le fonctionnement de l’abbaye, ont créé cette foire commerciale. Les religieux l’ont organisée et en ont récupéré les subsides pendant 800 ans. Pendant la Révolution française, quand le bien du clergé est devenu communal, la mairie a hérité de l’organisation. » L’organisation de cet événement mobilise la municipalité toute l’année, ainsi que les agents municipaux quand la date de l'évènement approche. Pendant les trois jours, 130 bénévoles sont également sur le terrain pour s’occuper notamment des parkings et de l’entrée du site désormais payante.
Une situation financière toujours délicate
Après avoir consulté la population, la mairie de Lessay avait pris la décision il y a trois ans de faire payer l’entrée du site. « Au regard du coût d’organisation de la foire, les droits de place des exposants ne suffisaient pas, il nous manquait vraiment des recettes. On se mettait à prendre dans le budget général de la commune. Pour moi, c’était une ligne rouge à ne pas franchir : renoncer à des projets municipaux pour porter à bout de bras cet événement. Si on veut que cette foire ait un avenir, il faut qu’elle s’autofinance. »
Si on veut que cette foire ait un avenir, il faut qu’elle s’autofinance
Après un tarif d’entrée à deux euros, les années précédentes, l’organisation a augmenté le prix d’un euro cette année. « Comme pour les particuliers, tout augmente, l’électricité, le coût du travail, le matière première augmente. Les mesures de sécurité que nous avons l’obligation de mettre en place sont aussi en augmentation. Par exemple, nous avons dû cette année installer une deuxième piste d’hélicoptère pour évacuer des blessés.» Rappelons que l’entrée est gratuite à partir de 18 h, gratuite pour les moins de 18 ans et gratuite aussi pour les habitants de Lessay.
Entre 45 et 55 tonnes de déchets chaque année
Autre enjeu pour un événement qui attire autant de public : la gestion des déchets. On retrouve sur le site des poubelles de tri avec des consignes les plus claires possibles, mais « le tri n’est jamais respecté », déplore la première édile. « Chaque visiteur chez lui trie sans doute pas trop mal ses déchets, mais l’effet de foule rend tout compliqué ». Depuis quatre ans, la foire a mis en place une collecte de déchets par des chevaux pendant l’événement. « Par sécurité, on ne peut pas faire venir de camions, à cause de la foule, les allés sont bondées. » Un éleveur vient avec ses deux cobs normands qui tractent une équibenne, et trois agents récupèrent les poubelles dans les allées pour les mettre dans cette benne. Nouveauté cette année, la collecte des biodéchets. Les déchets alimentaires ( restes de frites, de côtelettes, l’huile de friture) partiront à la méthanisation pour produire du gaz. Pour encourager les visiteurs, des brigades de tir vont être présente dans les allées pour interpeller le public avec humour. « Sans médiation, ni animation, le public n’est pas attentif aux consignes de tri. »
Un contexte sanitaire particulier
La foire de Lessay 2025 est aussi très impactée par la crise sanitaire agricole, avec l’épizootie de fièvre catarrhale. Aucun concours d’animaux n’aura lieu cette année. « C’est un coup très dur pour les visiteurs et pour le monde de l’élevage, et en même temps, on va faire acte de résilience. C’est une foire qui s’est adaptée depuis 1 000 ans à l’air du temps, aux contraintes. Elle a même eu lieu en 1944, quelques semaines après les bombardements. L’important est d’expliquer pourquoi les animaux ne sont pas là et d’inciter à soutenir l’élevage », assure Stéphanie Maubé, confiante en la capacité de la foire à traverser les coups durs.


Écoutez des témoignages de ceux qui font l'actualité en Normandie, chaque midi du lundi au vendredi.
