"La femme qui ne vieillissait pas", le nouveau roman de Grégoire Delacourt
Depuis 2011, l’auteur publie avec la régularité du temps qui passe, chaque année, un roman. Un roman aux allures familiales, fait de petites misères et de vie tranquille, dans sa région, originaire du Nord-Pas de Calais – pardon il faut parler maintenant des Hauts de France. Des histoires souvent tendres et drôles, légèrement déjantées, avec des monsieur et madame tout-le-monde qui deviennent des héros le temps d’une pirouette. Martine, qui préfère qu’on l’appelle Betty, mène une existence sans histoire, heureuse avec André, son mari, parce que le hasard fait bien les choses : « les rencontres les plus décisives sont toujours les plus simples me semble-t-il, juste un hasard, une seconde d’inattention, et voilà l’autre qui s’immisce, nous réchauffe alors que nous n’avions pas froid ». Tout va bien donc, dans cet univers paisible. Mais… nous dit l’héroïne, « mais le bonheur est un invité fantasque. Il quitte parfois la table sans prévenir, sans raison ». Et à 35 ans, la vie de Betty bascule…
C’est elle la femme qui ne vieillit pas. Vous allez me dire, l’éternelle jeunesse, c’est une vieille histoire. Grégoire Delacourt se saisit de ce fantasme et laisse son héroïne identique à elle-même, d’année en année… Une fraîcheur, une beauté, que toutes les copines lui envient, surtout celles du yoga. On sourit, on s’amuse de cette impasse, qui devient moins drôle quand le fils semble avoir l’âge de sa mère – ou plutôt l’inverse – quand Martine, qu’on appelle toujours Betty, est courtisée par des étudiants dont elle pourrait être la grand-mère… Le mari n’en revient pas : « je viens de la terre et je crois à la nécessité des saisons, on ne peut pas vivre qu’au printemps… »
Avec cette fable, Delacourt aborde avec le sourire une question éternelle et un débat d’actualité, dans une société où il faut rester jeune, ne pas laisser prise au temps, et pourquoi pas devenir immortel. « Je croyais que c’est dans la permanence des choses que se trouve le bonheur, mais je me suis trompée, la constance est un effroi », confie celle qui ne vieillissait pas… Allez, on jette les crèmes antirides, on prend le temps vivre, et on vieillit heureux… Parce que l’éternité, Kafka nous avait prévenu, « l’éternité, c’est long… surtout vers la fin » !
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