La diplomatie française se joue aussi dans les cuisines du palais de l'Elysée
Les militaires le savent bien, "le moral est dans la gamelle". Pour les grands de ce monde, c'est la même chose : la diplomatie est dans l'assiette. Dîners, festins et banquets contribuent au rayonnement diplomatique des grandes puissances. Conscients de leur importance, les cuisiniers des chefs d'Etat se sont rassemblés dans un club ultra select, le club des chefs des chefs.
Le club des chefs des chefs. Un club ultra sélect, qui rassemble les chefs des cuisines des chefs d'Etat ou de gouvernement du monde entier. Une sorte de G20 culinaire, initié par la France en 1977. "C'est Gilles Bragard, le couturier des chefs depuis toujours, qui a eu cette idée" rappelle Guillaume Gomez, l'ancien chef du palais de l'Elysée, et actuel ambassadeur de la gastronomie française. "Lors d'un SIRA (Salon international des métiers de bouche, à Lyon), il réunit chez Paul Bocuse le chef de la Maison Blanche et le chef de l'Elysée. Il se rend alors compte que les chefs ne se connaissent pas. Il décide alors de les fédérer, une fois par an, à l'époque où Valery Giscard d'Estaing crée le G7". Le G7 de la gastronomie est né.
Le téléphone bleu
Mais de quoi parle-t-on dans un tel rassemblement ? "On négocie peu, on s'entretient surtout" confie Guillaume Gomez. Pour s'entretenir, tout comme il existe un téléphone rouge entre les chefs d'Etat du monde entier, les chefs des cuisine de ces hauts dirigeants ont mis en place entre eux un téléphone bleu. "Le téléphone bleu, c'est la ligne diplomatique des cuisines". Lorsqu'un chef d'Etat est reçu par un autre, les cuisines peuvent ainsi se confier les interdits alimentaires ou culturels, mais aussi les goûts des hauts dirigeants. "C'est toujours pour mettre plus de miel, de fluide dans les relations diplomatiques. C'est ce que permet cette gastronodiplomatie" insiste Guillaume Gomez.
La gastronodiplomatie, la "soft power" culinaire
C'est que cette diplomatie par l'assiette a son importance. "La gastronodiplomatie, c'est la diplomatie dans l'assiette" confie l'ancien chef de l'Elysée. Une volonté reprise dans l'apophtegme - la maxime - de ce club des ches des chefs : "Si la politique divise les hommes, la bonne table les réunit toujours".
Si la politique divise les hommes, la bonne table les réunit toujours
"A partir du moment où on accepte de passer à table avec l'autre, on accepte la négociation, on accepte la discussion" insiste celui que le président Emmanuel Macron a nommé ambassadeur de France pour la gastronomie. Une affirmation que n'aurait pas réfuté Talleyrand, qui avait coutume de dire : "Donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités".
Le club des chefs des chefs, Le Cherche Midi, 90 €
L'intégralité des bénéfices de ce livre sont reversée à l'association école de Félix, qui travaille notamment avec le père Pedro à Madagascar.
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