Bien sur la défense ne peut pas être la priorité immédiate qui doit être la résolution de la crise sanitaire et économique du Covid-19.
Mais, c’est (ou ce devrait être) une priorité politique de premier ordre car la crise du Covid-19 n’a pas rendu le monde plus sûr ni plus stable, bien au contraire.
Si cette pandémie nous a bien appris quelque chose c’est que l’impensable est possible. C’est vrai dans le domaine sanitaire, ça l’est aussi dans le domaine sécuritaire et militaire. Or, jamais le voisinage de l’Europe n’a été aussi instable que depuis la dernière décennie. Pensons qu’en dix ans, la situation sécuritaire au Sud de l’Europe (qu’il s’agisse du Maghreb Jamais les équilibres mondiaux n’ont paru si fragile. Et, jamais les alliances des Européens n’ont semblé si incertaines. Or, aujourd’hui le risque est de voir cette réalité géostratégique oubliée au profit d’autres préoccupations, qui sont également légitimes.
Nous devons aujourd’hui tirer les leçons de la crise d’il y a dix ans. Après les crises de 2008 et de 2010, les Etats avaient drastiquement baissé leurs investissements de défense, c’est-à-dire les dépenses investies dans le matériel des armées et la recherche de défense. Dans le même temps, les autres puissances ont continué à investir dans leur défense pour préparer les armées de demain. Le risque aujourd’hui est donc celui d’un décrochage technologique puis opérationnel de nos armées.
Pis encore, les premières victimes de ces coupes ont été les programmes en coopération européens, pourtant déjà peu nombreux. Et, le principal problème des Européens n’est pas tant la taille du budget total qu’ils investissent dans leur défense, que la manière dont il le dépense. Nous avons 27 armées, presqu’autant de type de matériels différents. Au total, nous investissons beaucoup pour un résultat opérationnel faible.
La Commission avait proposé la création d’un Fonds Européen de Défense. Et, la création de ce fonds peut véritablement changer la donne en Europe. En finançant des projets de recherche de défense et en incitant à la coopération sur des projets de développement d’armement menés en coopération, le Fonds européen de défense a le potentiel de faire de la coopération européenne la norme et plus l’exception. Mais, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions. Et, les négociations budgétaires avant la crise avaient abouti à une réduction de moitié du budget proposé par la Commission. Le risque aujourd’hui c’est la disparition pure et simple du Fonds.
Aujourd’hui, l’Union réfléchit à un plan de relance, un « plan Marshall » pour le futur de son économie. Celui-ci devra intégrer une analyse des menaces qui pèsent sur l’Europe.
Et, la défense ne doit pas être – une fois de plus – l’oubliée de ce plan.
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