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RCF La culture comme expression de vie, des artistes se mobilisent
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La culture comme expression de vie, des artistes se mobilisent

RCF Ardèche,  -  Modifié le 21 avril 2021
Près de chez nous La culture comme expression de vie, des artistes se mobilisent
Ils sont plus de 80 à signer une tribune pour demander la réouverture des lieux de vie, des lieux culturels. Deux invités à l'initiative de cette lettre sont dans près de chez nous le mag.

80 musicien(ne)s, comédien(ne)s, plasticien(ne)s, artistes, travailleur(euse)s indépendant(e)s et artisan(e)s du spectacle vivant et du cinéma ont co-signé une lettre ouverte au gouvernement :

M. Macron, M. Castex, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement.

 

Nous sommes quelques musicien(ne)s, comédien(ne)s, plasticien(ne)s, artistes, travailleur(euse)s indépendant(e)s et artisan(e)s du spectacle vivant et du cinéma à nous exprimer ici.

 

Une nouvelle année commence, dans la lignée de la précédente. L’humanité, et nous, citoyens français en particulier, traversons une crise inédite, qui s’installe dans la durée. Nous nous inquiétons des solutions que vous avez choisies et décidées pour la traverser, et de l’horizon qui se profile dans vos discours.

 

Vos décisions n’ont été fondées jusqu’à présent que sur des chiffres et des modélisations. En ramenant sans cesse nos vies à des statistiques, votre communication et les mesures prises nourrissent la peur, divisent, isolent, déshumanisent.

Nous savons bien qu’il y a un virus, et des morts. Nous sommes conscients de la détresse du personnel et du système hospitalier (qui, par ailleurs, est au bord de la rupture chaque hiver depuis plusieurs années, du fait des politiques antérieures et actuelles). Et ce qui nous alarme, c’est que vous les utilisez à vos fins.

 

Tout ce qui fait que nous sommes humains, que nous ne sommes pas que des machines biologiques, vous le tuez, vous l’empêchez de naître. En fermant les bars, les salles de sport, les salles de spectacles, les cinémas, les lieux de concert, en empêchant la création, avec le couvre-feu, les confinements, les arrêtés interdisant ou limitant drastiquement les mariages, les cérémonies, les fêtes, les concerts, les spectacles, les cultes, les interactions humaines, vous anéantissez ce qui nous rend humains. 

 

Toutes ces mesures mettent gravement en péril nos métiers, la totalité du secteur du spectacle vivant et du cinéma. 

Nous travaillons avec passion, les mots, les notes, les images, les sons, les corps, les émotions. 

Par le mépris dont vous faites preuve à notre égard, par la confusion dans laquelle vous nous plongez, nous comprenons que vous nous considérez comme superflus. Nos vies et nos activités rentrent difficilement dans vos statistiques, dans vos graphiques et dans vos courbes. Nous nous soumettons laborieusement aux lois du marché et de la consommation. Nous sommes ce surplus, ce plus que « boulot / dodo ». 

La culture fait partie des secteurs non essentiels pour vous. Pourtant, si nous faisons partie des inutiles, et de ce fait, de ceux qui ne sont pas interchangeables, alors nous sommes vitaux.

Nous mettons les maux et la vie de la société en mots, en musique, en symboles, en mouvements et en images.

Les groupes humains ont compris depuis la nuit des temps, l’importance cathartique du spectacle, la nécessité pour une société de communier, de chanter, de danser, de crier, d'écrire et de mettre en scène la vie, les traumatismes, les souffrances et les joies pour les transcender, ensemble. C’est la vie elle-même. 

 

Nous sommes solidaires de tous les musiciens qui ont perdu leur activité, de toutes les salles qui ont fermé, de toutes les compagnies et les entreprises de production qui ont fait faillite, de tous les techniciens, tous les costumiers, tous les décorateurs, tous les artistes et les artisans qui ont perdu leur moyen de subsistance et leurs projets. 

Et au-delà de notre secteur, nous sommes aussi solidaires de tous les restaurateurs, tous les commerçants, les entrepreneurs, les saisonniers, les intérimaires, les étudiants, que vos mesures ont plongé dans la misère et la détresse économique, psychologique et sociale.

 

Revenons à la culture. Vous avez certes prolongé les droits de chômage de ceux qui ont le statut d’intermittent du spectacle, distribué quelques aides à certaines structures. Mais d’une part tous les acteurs du secteur ne sont pas concernés (et loin de là), et d’autre part, ce n’est pas de l’argent que nous voulons, surtout qu’il s’agit d’une dette que vous comptez nous faire rembourser tôt ou tard. Nous voulons exercer notre profession, mener nos projets.

 

À travers nos métiers nous invitons les gens à se réunir, à créer des ponts, des pistes de réflexion, des occasions de contact, de dialogue et de communion, tout ceci, vous travaillez à le stériliser. 

Par vos mesures, vous avez réduit la quasi-totalité de la vie culturelle et des interactions humaines aux écrans d’ordinateurs et au divertissement. Alors que nous voulons créer une communauté, vous créez des masses, plaçant les individus dans une confusion et une panique destructive. 

Votre mépris, votre façon de gouverner par la peur et par décrets, l’absurdité éhontée de vos mesures contradictoires, les restrictions de liberté, la suppression de toute opposition, tout ceci permet (voire crée) un ressentiment grandissant, qui s’accumule et s’enracine. Et en asphyxiant les espaces d’expression et de transcendance réelle de ce ressentiment, vous nous réduisez, nous, acteurs du monde de la culture, à n’être que des anesthésiants, afin de permettre à tous d’accepter ce qui n’est pas tolérable. Ceci, nous le refusons.

 

Nous demandons la levée du couvre feu, la réouverture des salles de spectacle, des théâtres, des cinémas, des restaurants et des bars, des universités, de tous les lieux de vie et de débat public.

Nous demandons également la levée de l’état d’urgence, de tous les décrets autoritaires, des lois et des projets de lois liberticides.

 

Et une fois ces conditions remplies, nous demandons l’ouverture d’un débat public, sur ce que veut construire la société française dans son ensemble, pour faire face à cette crise qui n’a plus rien de l’urgence, mais qui s’installe dans la durée.

La vie est trop importante pour être soumise à la volonté d’une poignée de scientifiques et de politiques.

 

Sachez qu'une pulsion de vie est encore là. Une révolte animée par l’engagement aux côtés d’une humanité digne. Un espoir que toutes vos mesures liberticides n’auront pas eu raison de l’ardeur, de la liberté et de la vivacité de l’esprit des humains que nous sommes.

 

 

Isaac Bonnaz (chanteur, producteur)

Gontard (chanteur)

Marine Pellegrini / Erotic Market (chanteuse) 

Arash Sarkechik (chanteur)

Chapelier Fou (musicien)

Frank Beauvais (cinéaste)

Jennifer Hawa Zonou / Da break (autrice compositrice interprète)

Aude Lavigne (journaliste culture)

Arnaud le Gouefflec (chanteur)

Dimoné (chanteur) 

Ottilie [B] (autrice-compositrice/pédagogue)

Gwénaëlle Baudin / Evasion (chanteuse, arrangeuse, compositrice)

Lula Maria Feirrera / Evasion (chanteuse)

Talia Ferreira / Evasion (auteure, compositrice, interprète)

 Soraya Esseid / Evasion (chanteuse)

Claire Bonnaz (comédienne, auteure)

Vincent Magrini (chanteur, producteur)

Emmanuel Gaillard (comédien, metteur en scène, programmateur)

Fred Flohr (musicien, ingénieur du son)

Emilien Buffa (chanteur, producteur)

Pierre Grangeon (ingénieur du son)

Mouna Takipou (chanteuse)

Dora Lou (chanteuse)

Manu Sapet (photographe)

Michel Seib (comédien)

Marc Chonier (attaché de presse, programmateur)

David Laurent (musicien)

Le Fabrikan (musicien)

Ray Borneo (musicien et producteur)

Julien Retaillaud (musicien)

François Nagir (photographe et travailleur social)

Gaspard Lanuit (chanteur) 

Alex B (graphiste)

Shake Sauvage (intermittent)

Véronique Lambert (directrice de production)

Bruno Ronzani (chanteur)

Gu's musics (chanteur) 

Antoine Melvil (humoriste) 

Emmanuel Mario (musicien) 

Erik Aliana (chanteur) 

Lomkok (peintre musicien) 

Clizia Centorrino (réalisatrice de films documentaires)

Milo Batie (observateur du genre humain)

Vincent Krauze (directeur de production / régisseur)

Didier Morteveille (directeur de production)

BEnn. (chanteur)

Nicolas Burtin (chanteur)

Prac6 (chanteur) 

Julien Brotel (poète)

Séverine Doux (chargée de diffusion)

Thierry Tyran (musicien)

Bastien Enard (journaliste)

Fanny Lalande (auteure)

Gros corps Maladroit (technicien son)

Nathalie Mercier (comédienne, chanteuse)

Joël Maak (chanteur)

Pascal Valy (programmateur)

Mahamat Manga Namaria (producteur décorateur)

Julien Bouchard (musicien)

Mathieu Oriol (diffuseur)

Sabatin Luc (chanteur)

Aurélien Patrice-Martin (animateur radio)

William Pourtalès (réalisateur/compositeur)

Monsieur Jules (programmateur)

Ramataupia (cinéaste)

Laurent Baurens / Baratin de la joie (auteur-compositeur/programmateur)

Nicolas Gaudin (responsable d’antenne radio)

Fabien Sanchez (auteur, compositeur, interprète)

Lucas Mège (musicien, auteur, compositeur, interprète)

Estelle Gourinchas (musicienne)

Florian Lopez (musicien)

Robin Rivoire (musicien, compositeur, arrangeur)

Morgane (chanteuse) 

David Komara (auteur, compositeur, interprète)

Laurence Giorgi (chanteuse)

JF Rachel (cameraman, photographe)

Sébastien Tixier (photographe)

Madame Bert (musicien)

Elodie Latchimy-Bayle (artiste-peintre, muraliste)

Waves We Were / Kãman Messaadi (auteur, compositeur, interprète)

Mathias Peyre (compositeur) 

Vincent Portal (chanteur, comédien)

Roxane Perrin (auteure, compositrice, interprète)

Anne Buguet (metteuse en scène)

Anne Mino (chargée de production)

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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