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« La cuisinière du Kaiser » : Armel Job ravive une tragédie familiale au cœur de l’Histoire

« La cuisinière du Kaiser » : Armel Job ravive une tragédie familiale au cœur de l’Histoire

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 14 novembre 2025 - Modifié le 14 novembre 2025
A la pageLa cuisinière du Kaizer - Armel Job

Avec La cuisinière du Kaiser, publié chez Robert Laffont, Armel Job signe un roman ancré dans son Ardenne natale. Né en 1948 à Heyd, dans la province de Luxembourg, l’écrivain belge reste fidèle à ce terroir qui irrigue l’ensemble de son œuvre. Cette fois, il y puise un matériau dramatique : une histoire familiale réelle, transfigurée par la fiction, sur fond de Première Guerre mondiale.

©Albin Michel©Albin Michel

Magda et Victor se marient en 1885 et fondent le Grand Hôtel des Ardennes, symbole de réussite et de modernité. Mais en 1914, lorsque la guerre éclate, leur destin se fissure brutalement. Les troupes allemandes incendient l’établissement et un officier abat Guillaume, le fils préféré de Magda.

Dévastée, la mère se lance dans une quête solitaire, guidée par la douleur et la nécessité de comprendre. Cette trajectoire inattendue la mène jusqu’au cœur du pouvoir ennemi : Magda devient la cuisinière de l’empereur Guillaume II, le Kaiser lui-même. À travers elle, le roman explore cette proximité improbable avec les responsables d’un conflit qui a broyé sa famille.

Un roman historique ? 

Armel Job le revendique : ce livre est « profondément ancré dans l’histoire ». Son passé universitaire en histoire l’a aidé à mener un important travail de recherche pour restituer avec précision le contexte de 1914. Mais l’héritage familial joue un rôle tout aussi déterminant.

L’hôtel incendié par les Allemands ? Réel.
Le meurtre d’un enfant de la famille ? Réel également.

Ces drames, vécus par ses arrière-grands-parents, lui ont été transmis par les récits de ses parents. L’auteur a ensuite façonné ses personnages à partir de ces silhouettes du passé, mêlant fidélité et imagination pour redonner chair à une douleur héritée :

J’avais là la matière pour écrire un roman qui me touchait. Et j’avais envie de transmettre aux lecteurs les sentiments que cette page tragique de ma famille m’évoquait. 

Des thèmes universels : amour, vengeance, justice

La cuisinière du Kaiser explore les ressorts les plus intimes de l’âme humaine dans des circonstances extrêmes : l’amour maternel, bouleversé par la perte d’un enfant, la guerre, et ce qu’elle détruit irrémédiablement, la vengeance, moteur de la quête de Magda et le pardon et la justice, qui se heurtent aux tumultes de l’Histoire.

Armel Job, salué pour son écriture soignée et sa narration subtile, bâtit un récit où les émotions se mêlent à la grande Histoire, offrant un roman à la fois intime, vibrant et profondément humain.

En remontant le fil d’un drame familial enfoui, Armel Job interroge la capacité des êtres à survivre à la perte, à la violence et à l’injustice. Avec La cuisinière du Kaiser, il offre une œuvre où l’Histoire se fait chair, où la fiction sert de relais à la mémoire, et où l’Ardenne devient le théâtre d’un récit déchirant mais indispensable.

© Image d'illustration - Pixabay.com
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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