À l'été 2024, huit Niortaises en rémission d'un cancer ont fait l'ascension du mont Blanc. Cette folle aventure a été filmée et le documentaire "La Cordée de l'Après" a été diffusé en avant-première le 10 et le 24 avril dernier à Niort. Lors de ces deux projections, les 800 places ont été vendues en moins de 24 heures.
Jessica Dubard et Christine Baudouin font partie des huit femmes qui ont participé à ce défi. Elles font toutes les deux parties du bureau de l’association “Les PrinSEINSes”. L’objectif de l’organisation est de faire de la prévention pour détecter les maladies le plus tôt possible, mais également pour aider les femmes en rémission à se relever. C’est la présidente de la structure qui est d’ailleurs à l’initiative de ce projet.
Jessica Dubart : Ce défi, il est né d'une rencontre entre la présidente de l'association Isabelle Deschamps et Julien Viroulaud, président de “WE ARE Diversi’team”, qui est un peu un incubateur de projets solidaires, de défis un peu fous. Isabelle a raconté sa propre histoire, sachant qu’à l'époque, elle avait eu deux cancers. Isabelle a raconté à Julien l'histoire de l'association “Les PrinSEINSes”. Elle lui a demandé si, éventuellement, faire une petite randonnée dans les Pyrénées pouvait être possible.
Christine Baudouin : Il a dit « Mais non, une randonnée dans les Pyrénées, ce n’est pas suffisant, ce n’est pas possible, il faut qu'on fasse autre chose, quelque chose de plus grand ».
Christine Baudouin : Au départ de ce projet, il y avait quand même dans l'idée de faire un film pour montrer à toutes ces femmes malades qu'il y avait une vie après la maladie. Alors peut-être pas cette hauteur-là, on n'a peut-être pas mesuré...
Jessica Dubart : Tout à fait, on s'est dit le Mont-Blanc, parce qu'il fallait quelque chose qui soit porteur pour des principaux messages qui sont la prévention du cancer du sein. C'est un des cancers qui se dépiste, et que s’il est pris en charge suffisamment tôt, on peut en guérir. La preuve en est. C'était aussi faire passer des messages porteurs d'espoir et de résilience, et de montrer la vie après la maladie.
Christine Baudouin : L'annonce, c'est un tsunami qui nous tombe sur la tête. Alors moi, j'ai eu un cancer du rectum, donc j'étais malade pendant deux ans avant qu'on trouve le diagnostic. Le mot cancer fait peur, mais j'ai aussi eu un moment de soulagement parce que j'ai dit « Enfin, on a trouvé ce que j'ai, on va pouvoir me soigner ». Mais bon, ça reste quand même un protocole lourd et notre vie est suspendue pendant tous ces traitements.
Jessica Dubart : En fonction du type de cancer, ça a été une opération, une chimio, des rayons, etc. Jusqu'au moment où tous ces traitements s'arrêtent. Il y a eu la violence de l'annonce de la maladie. Il y a eu l'entourage, la famille, les proches qui ont été là, qui nous ont portés, et quand tout ça s'arrête, tout le monde nous dit : « Tu vas mieux ». La maladie les a déjà fait énormément souffrir, donc on veut aussi les protéger, mais sans aller forcément mieux.
On se rend compte qu'il y a quand même un vide, parce que reprendre une activité professionnelle, ce n’est pas tout de suite d'actualité. Retrouver sa place dans un milieu professionnel, mais aussi un milieu personnel, est quelque chose d'extrêmement compliqué.
Christine Baudouin : On n'en sort pas indemne de la maladie. Psychologiquement, on n'est pas la même. Donc, on vit différemment. La maladie nous a apporté aussi du positif. Tout ce qui est futile, on ne veut plus de tout ça. Aujourd'hui, on profite de la vie. En fait, de la maladie, on en fait quelque chose. On se rend compte que la vie est belle, et qu'on profite des gens qu'on aime.
Jessica Dubart : On relativise beaucoup de choses après la maladie. Après, c'est comment on avance ? Qu'est-ce qu'on décide de faire ?
Christine Baudouin : Bien sûr. Ce film est magnifique. Il y a énormément d'émotions dans le film. Les gens sont très touchés. Et puis, ce qui en ressort, c'est vraiment l'ensemble. Avec le collectif, tous ensemble, on va plus loin.
Jessica Dubart : Les gens prennent conscience de cet espoir, des messages qu'on a pu porter, de ce collectif qu'on a créé, et de la difficulté aussi qu'on a rencontrée. Des pleurs, des rires qu'il y a pu y avoir. Et les retours sont enthousiastes.
Personnellement, j'ai un événement qui me reste gravé. Le soir du 10 avril, il y a tout le public qui se lève pour nous applaudir alors qu'on est toutes encore assises. On monte sur la scène et là, tout le public se relève de nouveau. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais avoir 800 personnes qui se lèvent, qui vous applaudissent, c'est juste extraordinaire. Là, on se dit, « Mais, ils font ça pour nous, pour ce qu'ils viennent de voir, donc pour ce qu'on a fait. »
Jessica Dubart : L'objectif prioritaire, c'est de se dire, est-ce qu'on peut retrouver des programmations ? C'est aussi de pouvoir candidater dans des festivals de films d'aventure, type le FIFAV (Festival International du Film et du Livre d’Aventure) de La Rochelle. On a aussi un autre objectif, qui est la diffusion dans des établissements de soins, des hôpitaux, des centres de cancérologie, des entreprises. Partout, où le message pourra être porté.
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