Un terrible attentat a endeuillé la communauté copte orthodoxe d'Egypte dimanche 11 décembre. En pleine messe vers 10 heures du matin, une bombe a explosé dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, contiguë à la cathédrale copte Saint-Marc, siège du pape de l'église copte orthodoxe. Au moins 23 personnes ont été tuées, 49 blessées, en grande majorité des femmes et des enfants. L'explosion, qui a été entendue dans tout le quartier, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
"La communauté copte est l'une des plus ancienne communauté chrétienne d'Orient", explique Simon Kruk, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient. Il poursuit : "on peut supposer que les auteurs de l'attaque sont des djihadistes du groupe Etat islamique, venant même peut être de Raqqa. Cela montre le dynamisme de ces mouvements terroristes."
L'attaque du 11 décembre constitue l'attentat le plus meurtrier depuis 2011 à l'égard de la communauté copte orthodoxe. Le lieu visé est hautement symbolique, tant religieusement que politiquement. La cathédrale Saint Marc est le siège papal vénéré par les quelque 9 millions de coptes d’Egypte et les 2 millions de la diaspora. Les tensions confessionnelles ne sont pas chose nouvelle en Egypte. Mais, ces derniers mois, les attaques se sont multipliées contre la communauté copte.
"Les coptes représentent une communauté importante en Egypte. Ils subissent la pression des populations sunnites", indique Simon Kruk. 42 églises ont ainsi été attaquées depuis 3 ans selon le spécialiste. "Les coptes sont accusés de soutenir le nouveau pouvoir égyptien et d'avoir encouragé la chute de Mohammed Morsi, d'être à la source du coup d'Etat", poursuit Simon Kruk. "Il n'y a pour autant aucune preuve", ajoute-t-il. "Mais on assiste à la désignation d'une minorité, d'une communauté qui subit des violences, des humiliations", explique Simon Kruk.
Les tensions se sont aussi aggravées en raison d'un projet de loi sur la construction d’églises. Fin août, après des mois d’âpres négociations, le synode de l’Église copte-orthodoxe avait annoncé être parvenu à un accord avec le gouvernement égyptien sur ce projet de loi, abrogeant la législation en vigueur, datant de l’ère ottomane et très restrictive à l’égard des édifices chrétiens.
Simon Kruk note un regain de tensions qui accompagne l'offensive à Mossoul et à Raqqa contre le groupe Etat Islamique. "Sur ces deux fronts, la situation n'est aussi facile qu'attendue", précise le spécialiste, "le groupe Etat islamique montre sa force". Cette attaque et le climat actuel contre les coptes pourraient avoir des répercussions sur la politique du pays. "Cela risque de déstabiliser le pouvoir, qui doit aussi faire face à une situation économique très difficile", indique Simon Kruk.
Le pape Tewadros a interrompu sa visite en Grèce pour revenir au Caire. Tandis que l'imam de la plus haute institution de l'islam sunnite en Egypte, Al-Azhar, a condamné une attaque infâme qui a visé des âmes innocentes. Et après la prière de l’Angélus, dimanche, le pape François a appelé à prier pour les victimes de cet attentat mais aussi de la double attaque menée à Istanbul en Turquie.
Simon Kruk au micro de Florence Gault
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