Sa médaille d’argent au marathon aura sans doute fait moins parler de lui que son geste, réitéré à deux reprises, durant ces Jeux Olympiques. Feyisa Lilesa était un athlète éthiopien plutôt inconnu du grand public jusqu’alors, mais ce qu’il a fait à Rio l’a poussé sur le devant de la scène internationale.
A peine avoir franchi la ligne d’arrivée du marathon où il s’est distingué, à la seconde position, ce sportif a levé les bras, tout en les croisant. Un signe fort, aujourd’hui décrypté. Cette posture représente en fait un véritable signe de soutien avec les victimes de la répression en Ethiopie. Un geste qu’il a répété quelques instants plus tard, devant plusieurs journalistes, au cours d’une conférence de presse.
L’Ethiopie est actuellement le lieu de violentes répressions de la part du pouvoir politique, à l’encontre de deux ethnies, les Oromos, et les Amharas. Ces deux peuples sont les cibles des représailles du gouvernement appartenant principalement à l’ethnie des Tigréens. Rien que sur le week-end du 6 au 7 août dernier, 50 personnes sont mortes au cours d’une manifestation réprimée dans le sang.
Feyisa Lilesa, d’origine Oromo, s’est expliqué d’un tel geste. "J’ai des proches en prison au pays. Si vous parlez de démocratie, ils vous tuent. Si je retourne en Ethiopie, peut-être qu’ils vont me tuer, ou me mettre en prison" a-t-il déclaré, précisant que depuis neuf mois, un millier de personnes auraient été tuées. L’athlète ne devrait pas retourner dans son pays d’origine, par crainte de répression, mais pourrait trouver refuge au Kenya ou aux Etats-Unis.
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