"Avec le confinement, un nombre considérable de personnes a vécu dans sa chair l’isolement social. La compréhension de ce qu’étaient les situations d’isolement a été plus forte dans cette période. Mais les personnes vulnérables n’ont plus bénéficié des soutiens associatifs. Il a fallu changer les modes d’intervention. L’Etat a décrété que le maintien du lien avec les personnes vulnérables était une mission vitale" explique Jean-François Serres, fondateur de la mobilisation nationale contre l’isolement, membre du CESE, auteur de « La Fraternité républicaine doit être la matrice du monde de demain » (éd. de l’Observatoire.
En matière d’isolement social, le confinement a démontré à la fois une belle solidarité nationale, mais en même temps un certain retard de la France. "Je salue le fait que l’ensemble de la société se soit mobilisé pour prendre soin des plus âgés. Mais si cette question de l’isolement social avait été prise d’avantage au sérieux, on aurait bénéficié d’infrastructures de proximité beaucoup plus puissantes que celles qui étaient là pendant le confinement" ajoute-t-il.
Le sujet a émergé de façon puissante à cause de la crise sanitaire. Mais il ne date pas d’hier. "Il est pourtant relayé au bas de la pile des décisions à prendre, car cette décision là n’arrive pas à atteindre le rapport de force politique. La question de l’isolement social ne touche pas que les personnes âgées. Quatre étudiants sur dix sont isolés. Le sujet du lien social, de la transition des formes d’attachement dans notre société est un sujet considérable, très important" lance encore Jean-François Serres.
On entend souvent le mot d’inclusif. Une société plus inclusive, qui ne laisserait personne de côté. "C’est une ambition qui ne peut pas être atteinte sans avoir une vraie refondation. Si on reste sur nos logiques de protection sociale ne peuvent pas atteindre cet objectif de l’inclusion. Il faut des politiques de long terme qui associent les capacités professionnelles déployées autour de l’accompagnement et du soin des personnes vulnérable, avec l’engagement des citoyens" estime-t-il.
Et l’importance du réseau et de la communauté n’est plus à démontrer aujourd’hui. Et donne du grain à moudre en faveur de ceux qui luttent contre l’isolement social des personnes. "Tout ce qui est nouveau dans la société, se construit par réseaux" rappelle Jean-François Serres, qui conclut en appelant de ses voeux des espaces de coopération, des "tables de la fraternité".
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